Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
se raconter nos vies. Certains soirs, quand nous avions épuisé nos sujets de conversations, nous jouions au dictionnaire. Chacun notre tour, nous soumettions un mot complexe et lâautre devait proposer une définition.
Moi qui nâavais pas vraiment de penchant pour les études⦠il fallait vraiment quelquâun de spécial pour me faire jouer au dictionnaire!
Mais durant cet été de 1997, à cause de mon intervention chirurgicale, jâétais au Québec, libre comme lâair, et nous pouvions nous rencontrer au lieu de nous en remettre au téléphone.
Valérie et moi passions à peu près toutes nos soirées ensemble, au restaurant, au cinéma ou avec nos amis, dans des bars ou des boîtes de nuit.
Pauvre Valérie! Jâexerçais presque une mauvaise influence sur elle. Elle travaillait toute la journée au siège social dâune grosse agence de sécurité et elle devait se présenter au bureau très tôt le matin. Or nous sortions ensemble tous les soirs et nous rentrions souvent aux petites heures du matin.
Même si je me suis beaucoup ennuyé du baseball, ce fut un été absolument magnifique.
à la fin du mois dâaoût, alors que lâétat de mon bras sâaméliorait de jour en jour et que Valérie sâapprêtait à rentrer à lâuniversité, nous avons décidé dâofficialiser lâévidence.
Nous avions tous deux envie dâêtre plus que des amisâ¦
Quelques semaines plus tard, je suis retourné à la Ligue dâinstruction afin de poursuivre ma période de rééducation. Et câest là -bas, en Arizona, que jâai recommencé à lancer.
Mon programme de remise en forme sâest poursuivi durant lâhiver jusquâau camp dâentraînement de 1998. Et au terme de ce camp, les Dodgers mâont à nouveau indiqué le chemin de Vero Beach, en classe «A fort», afin que je puisse reprendre là où jâavais laissé lâannée précédente.
Valérie et moi vivions notre relation à distance. Tout en tenant compte des séjours de notre équipe à domicile, elle parvenait à aménager son horaire et à se libérer pour me visiter tous les deux mois environ.
à la fin de sa dernière session universitaire, elle a même préféré ne pas assister à sa cérémonie de graduation afin de pouvoir venir me rejoindre en Floride. La fin de ses études lui avait permis de négocier une petite semaine de répit avec la firme de sécurité qui lâembauchait durant lâété.
Pour un lanceur qui revenait dâune opération au coude, jâai connu une excellente saison: fiche de 9-7, moyenne de points mérités de 3,74 et 144 retraits sur des prises en 139 2/3 manches.
Mon ratio de retraits sur des prises était presque quatre fois supérieur au nombre de buts sur balles que jâavais accordés. Il sâagissait dâun signe évident de domination. Lâexcellence de mon jeu mâa dâailÂleurs valu une invitation au match des étoiles de la Florida State League.
Par contre, ces chiffres et ces résultats cachaient quelque chose. Je ressentais encore de la douleur au coude. Lâarticulation nâétait plus aussi fluide que par le passé et, quand je lançais, je ressentais toujours une espèce dâécorchure ou dâégratignure à lâintérieur de mon bras.
Cette fois, les spécialistes mâencourageaient à lancer malgré la douleur.
â Ce sont des tissus cicatriciels quâil faut briser. Nâaies pas peur! Lance avec force et tout finira par se replacer, disaient-ils.
Je voulais bien les croire, mais ça ne se replaçait pas.
Pour les séries éliminatoires, les Dodgers ont décidé de me faire graduer au niveau AA avec leur club-école de San Antonio, dans la Ligue du Texas.
Le gérant des Missions de San Antonio était Lance Parrish, un homme imposant, un ancien receveur étoile qui avait connu une brillante carrière de 19 ans dans les majeures.
Quand je suis arrivé là -bas, Parrish a retiré un lanceur partant de sa rotation pour me faire une place. Le type sâappelait Casey Deskins. Câétait un lanceur qui nâen était quâà sa troisième saison dans les rangs professionnels mais qui était
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