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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pourrai jamais traverser la forêt sans risquer d’être déshonorée ou faite prisonnière. J’acquitterai ainsi mon droit de passage. Ensuite, je pourrai traverser la forêt à la recherche de la demoiselle chauve, car il me faut absolument la voir. – Je l’ai vue hier. Elle ne doit pas être bien loin, et tu la trouveras sûrement. – Rien de moins sûr, chevalier ; ici, les distances ne sont pas comme ailleurs, et je mettrai peut-être des années avant de la rencontrer. Mais qu’importe, puisque je ne puis rien faire d’autre avant que le Bon Chevalier ne vienne me secourir. »
    L’ermite entreprit de célébrer la messe que ses deux hôtes entendirent à genoux. Puis Gauvain prit congé, la jeune femme également, et ils partirent chacun de son côté, non sans s’être mutuellement recommandés à Dieu.
    Hanté par l’espoir de découvrir le chemin qui menait chez le Riche Roi Pêcheur et toujours anxieux de savoir ce qu’était la Lance qui saigne, Gauvain chevaucha à vive allure à travers une haute futaie jusqu’à midi. Or il vit soudain, sous un arbre, en pleine forêt, un jeune homme qui se reposait à côté de son cheval de chasse. Il le salua, et l’autre, après lui avoir souhaité la bienvenue, s’enquit de sa destination. « Ami, je cherche la demeure du Riche Roi Pêcheur. – Nombre de chevaliers font de même, répondit le jeune homme, mais bien peu la trouvent. – Et toi, en sais-tu le chemin ? – Si je le savais, je serais déjà chez le Roi Pêcheur, dit le jeune homme avec une certaine amertume. – Eh bien, dit Gauvain, n’en parlons plus. Mais connais-tu au moins quelque endroit dans cette forêt où je pourrais passer la nuit prochaine ? – Seigneur, répondit le jeune homme, dans la direction où tu vas, je ne connais rien à moins de vingt lieues. Mais si tu veux l’atteindre, autant te dépêcher, car la journée est déjà bien avancée. » Gauvain salua le jeune homme et s’en fut au plus vite de sa monture.
    Sur la fin du jour, il atteignit ainsi l’une des extrémités de la forêt. Le crépuscule empourprait déjà un ciel calme et serein. Quoiqu’il eût parcouru pour le moins vingt lieues depuis sa rencontre avec le jeune homme, Gauvain redoutait fort de ne trouver aucun refuge quand il déboucha dans une belle prairie au bout de laquelle se dressait un petit manoir. Il pressa l’allure jusqu’à la porte et, étonné de ne voir personne, appela d’une voix forte.
    Alors apparut un nain, vêtu d’un habit du rouge le plus vif. « Que veux-tu, chevalier ? demanda-t-il. Mon maître est absent. Il est parti ce matin pour la chasse et ne rentrera que demain. Néanmoins, tu peux présenter ta requête à ma dame. » Il précéda Gauvain dans le manoir jusqu’à une chambre voûtée dont les murs étaient tapissés de tentures de couleur rouge. Là, était assise une jeune femme vêtue d’une longue robe blanche et au visage fort pâle. Gauvain la salua courtoisement et lui exposa sa demande. La dame lui répondit : « Mon époux n’est pas là, mais mon serviteur te préparera un lit et te donnera à manger. » Après avoir prononcé ces paroles, la jeune femme parut se plonger dans une profonde méditation.
    Bien qu’il trouvât plutôt étrange cette attitude, Gauvain s’abstint de toute réflexion. Le nain l’emmena dans la salle et l’aida à se désarmer. « Comment se nomme ton maître ? demanda Gauvain. – Marchod Pryderus, répondit le nain. Il est le seigneur de la Basse Forêt. C’est un puissant chevalier qui n’aime pas qu’on vienne chasser sur ses terres. » Après quoi, comme le nain dressait la table et préparait le repas sans plus s’occuper de lui, Gauvain alla s’asseoir dans un coin.
    Quand tout fut prêt, la dame vint prendre place, et Gauvain se mit en face d’elle. Ils mangèrent et burent en silence, et Gauvain se sentait mal à l’aise. « As-tu d’autres serviteurs ? demanda-t-il à la dame. – Non, répondit-elle, mais qu’en ferais-je ? » Et elle retomba dans son mutisme. Puis, le repas terminé, elle regagna sa chambre sans même prendre congé de Gauvain. Or, le nain mena celui-ci dans la même chambre où il avait dressé un second lit. « Tu dormiras là », dit-il, et il sortit, laissant Gauvain seul avec la dame. Mais les pensées de celui-ci ne s’adressaient guère à elle. Elle dormait déjà, semblait-il. Lui, sans plus attendre, se coucha donc tout habillé. Et il était

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