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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tellement fourbu par sa chevauchée qu’il s’endormit presque aussitôt.
    Le lendemain, dès le point du jour, le seigneur arriva. Il descendit de son cheval et tendit la bride au nain qui était venu l’accueillir. « Seigneur, dit le nain, un homme est venu hier soir. Ta femme l’a accueilli et lui a donné l’hospitalité. – Comment cela ? dit Marchod Pryderus. De quel homme s’agit-il ? – Je ne sais qui il est. C’est un chevalier, mais il n’a pas dit son nom. Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils ont mené grands ébats cette nuit ! – Quoi ! s’écria le seigneur, tu veux dire qu’ils ont couché ensemble ? » Le nain se mit à ricaner : « Si tu ne me crois pas, va voir par toi-même : ils occupent la même chambre. »
    Marchod Pryderus, rouge de colère, se précipita vers le manoir et ne tarda guère à pénétrer dans la chambre, l’épée à la main. « Debout, paillard ! cria-t-il. Tu vas payer de ta vie ton infamie ! »
    Réveillé en sursaut, Gauvain bondit de sa couche, et son premier réflexe fut de prendre son épée. Mais il l’avait laissée dans la salle avec ses autres armes. Il se vit perdu et sans défense devant l’homme qui l’assaillait avec tant de violence. Il recula dans le fond de la pièce, heurta le lit de la dame et tomba de tout son long sur elle. Elle se mit à pousser des cris aigus. « Tu vas mourir ! cria Marchod, brandissant son épée. Je ne supporterai pas d’avoir été ainsi bafoué. Je te prends sur le fait, canaille puante ! » Et il donna un coup furieux en direction de Gauvain. Mais celui-ci, avec souplesse, se glissa de l’autre côté du lit, et la lame se plongea droit dans le corps de la dame.
    Alors, s’apercevant de l’erreur tragique qu’il avait commise, Marchod Pryderus se mit à hurler comme un fou et se rua vers l’extérieur. D’un bond, il fut en selle et il s’élança au galop dans la forêt, laissant Gauvain seul avec le cadavre. D’abord atterré, ce dernier ne tarda pas à réagir. Il sortit de la chambre, prit ses armes et s’équipa, bondit dans l’écurie, sella et harnacha son cheval puis l’enfourcha, bien décidé à quitter au plus vite ces lieux maudits. Dans la cour, il vit le nain qui s’enfuyait. Alors, piquant des deux, il lança Gringalet au triple galop dans la forêt. Il était triste et désespéré au point de perdre l’esprit : il lui semblait n’avoir jamais vécu pire aventure, et il s’en voulait de n’avoir pas gardé ses armes pendant la nuit. Ainsi aurait-il pu se défendre contre le furieux qui l’avait attaqué, et celui-ci n’aurait pas malencontreusement tué la dame.
    Comme il chevauchait, abîmé dans ces sombres pensées, il vit venir à sa rencontre sur le chemin un chevalier fort curieusement accoutré. Celui-ci montait son cheval à rebours, les rênes attachées sur sa poitrine, et il portait son bouclier sens dessus dessous, sa lance à l’envers, de même que son haubert. Quant à ses chausses, il les avait nouées autour de son cou. S’il avait bien entendu approcher Gauvain, que son apparition laissait pantois, il ne pouvait évidemment le voir encore. Aussi cria-t-il, comme à l’adresse des frondaisons : « Noble chevalier qui surviens, je t’en supplie au nom du Dieu tout-puissant, ne me fais aucun mal, car je suis le Chevalier Couard ! » Malgré sa tristesse et sa mélancolie, Gauvain éprouva une forte envie de rire. « Par ma foi, se dit-il en lui-même, je ne vois pas qui pourrait vouloir du mal à ce fou ! »
    Il s’approcha de lui et l’examina avec attention. L’autre fit de même, mais avec une mine effarée. « Bienvenue à toi, seigneur, dit enfin le Chevalier Couard. – À toi aussi, répondit aimablement Gauvain. De qui es-tu le vassal, seigneur chevalier ? – De la demoiselle chauve, seigneur. – Ma foi, je ne t’en estime que mieux. – Je n’ai donc rien à craindre de toi ? – Non, répondit Gauvain, sois tout à fait rassuré, je ne te veux aucun mal ! »
    Apercevant alors le bouclier que portait Gauvain, le Chevalier Couard sembla le reconnaître : « Seigneur, dit-il, avec ta permission, je vais descendre de cheval, puis, sitôt réarmé comme il sied, remonter en selle dans le bon sens. Car je sais maintenant que tu es Gauvain, neveu du roi Arthur : nul autre que toi ne pouvait conquérir ce bouclier. » Il descendit de son cheval et entreprit aussitôt de remettre en ordre son équipement. Il pria

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