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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sortir, sans doute afin de se divertir, car il tenait un faucon sur son poing. Ils se saluèrent, et Gauvain lui demanda à qui appartenait la belle forteresse qu’on voyait là. L’autre répondit qu’y demeurait la Dame sans Égale, ainsi nommée pour n’avoir jamais daigné demander son nom à aucun chevalier. « Et nous qui sommes à son service, ajouta-t-il, nous n’osons le faire à sa place. Mais tranquillise-toi, tu recevras néanmoins le meilleur accueil, car ma dame est très courtoise. Et bien qu’elle soit la plus belle femme que l’on connaisse, elle n’a jamais été mariée et n’a jamais voulu aimer d’autre chevalier que l’on réputerait le meilleur du monde. Je vais t’accompagner. »
    Ils pénétrèrent dans la cour et mirent pied à terre au bas du perron, devant la grande salle. Le chevalier prit Gauvain par la main et l’introduisit. Aussitôt entré, il le désarma et lui apporta un manteau de soie garni de fourrure qu’il le pria de revêtir. Puis il alla chercher la Dame sans Égale et la ramena vers Gauvain. Celui-ci se leva à son approche. « Dame, dit-il, que Dieu soit avec toi. – Bienvenue à toi », répondit-elle. Et, le prenant à son tour par la main, elle lui fit traverser ses appartements. « Seigneur, dit-elle, veux-tu voir ma chapelle ? – Oui, certes, si tu le désires. »
    Elle l’y mena donc, et Gauvain examina soigneusement l’édifice : jamais, lui sembla-t-il, il n’avait vu de chapelle aussi belle et aussi richement décorée. Il y aperçut quatre tombeaux, les plus beaux du monde, et qui étaient fermés. Dans le mur droit de la nef étaient creusées trois niches qu’entouraient des ornements d’or et de pierres précieuses. Et devant le mur opposé brûlaient d’innombrables chandelles placées devant des croix et qui répandaient un parfum délicieux.
    « Seigneur, dit la Dame, vois-tu ces tombeaux ? – Oui, mais je les crois vides. – Tu dis vrai. Trois d’entre eux sont destinés aux trois meilleurs chevaliers du monde, dit-elle, le quatrième m’est réservé. L’un de ces chevaliers se nomme Gauvain : il est le neveu du roi Arthur. L’autre se nomme Lancelot du Lac : il est le fils du roi Ban de Bénoïc. Quant au troisième, que l’on appelle Perceval, je l’aime encore plus que les précédents. Dans les trois niches que j’ai fait creuser dans le mur, tu peux voir des reliques. Je les y ai placées par amour pour eux. À présent, regarde ce que je ferais de leur tête s’ils se trouvaient en ma présence. »
    Elle tendit la main vers le mur du côté des niches, et en retira une cheville d’or qui s’y trouvait fichée : aussitôt, une lame d’acier, plus tranchante qu’un rasoir, tomba brutalement, fermant simultanément les trois ouvertures. « Voici, dit-elle, de quelle façon je leur trancherai la tête quand ils voudront vénérer les reliques placées dans les niches. Ensuite, je ferai déposer leurs corps dans les tombeaux et j’ordonnerai de les ensevelir avec toute la pompe et tous les honneurs qui leur sont dus. Le bonheur dont je ne puis jouir avec eux de leur vivant, leur mort me le procurera. Et quand Dieu aura décidé que je meure, on me couchera dans le quatrième tombeau : ainsi l’éternité me verra-t-elle en leur compagnie. »
    Le discours de la Dame sans Égale plongea Gauvain dans une indicible perplexité. En vérité, il aurait bien voulu que la nuit fût déjà terminée. Cependant, ils quittaient la chapelle, et la Dame fit traiter Gauvain avec les plus grands égards. Il y avait, dans le château, un grand nombre de chevaliers qui la servaient tout en assurant la protection des lieux. Sans le connaître, ils témoignèrent à Gauvain la plus grande considération, mais aucun ne lui demanda son nom, puisque telle était la coutume instaurée par la Dame. Cependant, celle-ci savait qu’un jour ou l’autre les trois chevaliers qu’elle aimait plus que tout au monde passeraient devant sa forteresse. Aussi avait-elle donné ordre à quatre de ses fidèles chevaliers de surveiller constamment les alentours et de les lui amener sans faute si l’un ou l’autre s’aventurait par là. Et comme elle leur avait promis de les récompenser, tous quatre faisaient bonne garde.
    Après une excellente nuit chez la Dame sans Égale, Gauvain alla de bon matin entendre la messe dans la chapelle avant de partir. Puis, s’étant équipé, il prit congé de son hôtesse et des chevaliers, et il

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