Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
de pénibles combats, j’ai recouvré mon nom, il faut que se répande le récit du crime insensé que tu as commis envers ta victime. Après être allé la mettre en pièces dans le bois, tu l’as emportée jusqu’ici. De plus, avant d’être sorti du bois, tu as crevé les yeux d’un jeune homme qui avait pris la défense de celui que tu croyais Gauvain. Il y avait auprès de lui trois jeunes filles, aussi nobles que belles, qui en manifestaient une vive affliction : s’il n’avait tenu qu’à elles, chacune en serait morte, là, sur place. Elles avaient le visage pâle et décoloré à force d’avoir pleuré sur le sort du jeune homme et sur celui du défunt dont j’ignore qui il était. Mais, passant non loin de là, j’entendis leurs cris et leurs lamentations et j’allai vers elles. C’est alors que j’appris ce qui s’était passé et comment deux chevaliers inconnus avaient cru me tuer d’une manière aussi lâche. J’étais plein de colère et de ressentiment : je promis aux trois jeunes filles que le jeune homme serait vengé. Et, depuis, je n’ai eu de cesse de te poursuivre pour que justice soit faite et que ton ignominie soit connue de tous. – Seigneur, répondit l’Orgueilleux, il me faut t’expliquer pourquoi j’ai agi ainsi. »
    Il fit à Gauvain un long récit de ses motifs et des conditions posées par les deux jeunes filles que Gomeret et lui avaient priées d’amour. Mais cela, Gauvain le savait déjà grâce à Tristan-qui-jamais-ne-rit. « Belle excuse ! dit-il froidement. Tu paieras ta faute de ton honneur. – Les apparences sont contre moi, dit l’Orgueilleux Faé, mais je te l’assure, la réalité est bien différente. Le malheur dont tu parles n’est pas définitif, et il est tout à fait possible de le corriger. Je te le jure, par Dieu et tous les saints du Paradis, et en présence de tous les gens de ce pays, je te rendrai ce chevalier, dont j’ignore moi aussi le nom, je te le rendrai plus sain qu’il n’a jamais été, avec ses armes et son destrier. Dussé-je t’étonner, c’est ainsi. De plus, je te le promets : le jeune homme que tu as vu aveuglé, je ferai en sorte qu’il n’aura jamais joui d’une vue plus excellente. Il me suffira de lui passer ma main droite sur le visage pour qu’il soit promptement guéri. – Je ne te crois pas, dit Gauvain. Mais s’il arrivait qu’il en fût ainsi, je jure de te déclarer quitte de tout blâme. – Emmène-moi et tu verras », dit l’Orgueilleux Faé.
    Après avoir pansé sommairement leurs blessures, Gauvain et son prisonnier remontèrent sur leurs chevaux et se mirent en route rapidement, car la nuit approchait. Ils arrivèrent bientôt au carrefour où Gauvain s’était séparé d’Espinogre. Ils virent alors s’avancer deux chevaliers armés de pied en cap. Il paraissait bien, à voir leurs boucliers mal en point, qu’ils venaient de livrer un combat acharné. De plus, tous deux étaient couverts de sang. L’un montait un destrier blanc, l’autre un alezan. Gauvain reconnut facilement le premier : c’était Espinogre. Quant à l’autre, l’Orgueilleux Faé l’identifia pour Gomeret sans Mesure. Les deux groupes se rejoignirent bientôt, et Gauvain fut tout heureux de voir qu’Espinogre avait accompli sa mission avec tant de bonheur. Enfin, sans perdre de temps, les quatre hommes se dirigèrent vers le manoir de Tristan-qui-jamais-ne-rit.
    Dès qu’il les vit arriver, celui-ci se précipita à leur rencontre. « Seigneurs, dit-il, soyez les bienvenus ! » C’était un homme d’expérience, encore jeune, et chevalier de belle allure. Il s’empressa de tenir l’étrier à Gauvain et de l’aider à mettre pied à terre. Des écuyers coururent prendre son cheval et l’emmener à l’écurie. On en fit de même pour les trois autres. Puis Tristan prit Gauvain par la main et le conduisit, comme la courtoisie le voulait, dans la grande salle du manoir. Le soir, pour le dîner, ils eurent en abondance pain et vin, oiseaux rôtis, pluviers, faisans, perdrix et grands cygnes, car le parc en regorgeait. Tristan, qui était largement pourvu de tout ce qui convient à un homme de bien, les reçut ce soir-là avec magnificence. Enfin, il leur procura un bon lit pour que chacun pût se délasser et dormir, car ils étaient tous fourbus et harassés. Ce fut la propre fille de Tristan-qui-jamais-ne-rit qui s’occupa de leur logement, et ils en furent tout réconfortés, car la jeune

Weitere Kostenlose Bücher