Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
voici tout à coup plein d’espoir.
    — Voici ce que nous ferons, dit Méraugis. Nous allons nous battre jusqu’à la tombée du jour et nous finirons le combat au bord de la mer, dans ce vallon. La dame de la tour et tous les gens de la cité nous verront parfaitement. Alors, je ne me défendrai plus et je m’allongerai tandis que tu me frapperas et feindras de me laisser pour mort. Pour mieux abuser les gens, tu saisiras mon heaume, tu me l’ôteras et le jetteras à la mer sous les yeux de tous. Grâce à cette ruse, on croira que tu viens de me trancher la tête. Sur ce, tu regagneras la tour et, moi, je continuerai à faire le mort jusqu’à la nuit noire. Alors, à la faveur des ténèbres, je te rejoindrai et nous trouverons ensemble un stratagème pour nous échapper. – Ma foi, dit Gauvain, ton plan me paraît excellent, et je m’y rallie sans réserve. »
    Ils reprirent donc le combat et agirent en tout point comme ils en étaient convenus. On les observait de partout et, bientôt, les spectateurs déclarèrent Méraugis vaincu. Mais Lidoine, de désespoir, se frappa la poitrine, et sa douleur lui fit maudire la terre qui la portait encore. Pour un peu, elle se serait jetée dans la mer, et il fallut recourir à la force pour l’en empêcher. C’est alors qu’un chevalier que personne ne connaissait, la jucha sur son cheval, sous prétexte de l’emmener chez lui et de l’y soigner. Puis, chargé de son précieux fardeau, il piqua des deux et s’enfonça dans la nuit.
    Cependant, quand l’obscurité fut complète, Méraugis se releva et, silencieusement, se dirigea vers la tour. Là, par une fenêtre, il aperçut la dame, qui était fort belle, en compagnie de ses deux suivantes et de son valet. Gauvain se chauffait près de la cheminée où flambait un bon feu de bois. Méraugis se glissa vers la porte, l’ouvrit lentement et, d’un bond léger, se retrouva au milieu de la salle devant la table. À sa vue, la dame éprouva une frayeur telle qu’elle sursauta comme à la vue du diable, et se leva brusquement. Mais Méraugis lui dit : « Pas un geste, ou bien tu es morte ! » Elle semblait aussi terrorisée qu’abasourdie. Méraugis l’obligea, ainsi que son valet et ses deux suivantes, à pénétrer dans une petite chambre obscure où il les enferma soigneusement à clef, non sans avoir d’abord pris soin de les menacer des pires maux s’ils faisaient du bruit ou s’ils appelaient au secours les gens de la ville. Bien que la dame se fût contentée de parler à voix basse avec ses suivantes, Méraugis se promettait de faire bonne garde, car il redoutait quelque manigance.
    Sur ce, il ôta ses armes et, en compagnie de Gauvain, s’attabla. Ils mangèrent de bon appétit, burent à loisir, et Gauvain, fort joyeux de la tournure qu’avaient prise les événements, assura Méraugis de sa reconnaissance. Enfin, il entrevoyait le terme de la honteuse captivité que lui avaient value la rouerie d’Orgueluse ainsi que les charmes qu’elle avait déployés pour le séduire et le réduire en esclavage. Après s’être bien restaurés, tous deux allèrent se coucher et dormirent d’une traite jusqu’au matin.
    Ils se levèrent très tôt. « À présent, dit Méraugis, qu’allons-nous faire pour nous sortir de cette île ? – Eh bien, dit Gauvain, cela ne sera pas facile. La barque n’aborde ici que lorsque le pilote a vu la dame lui faire signe depuis le rivage. – Dans ce cas, dit Méraugis, nous allons l’obliger ! Tu l’accompagneras sur la grève, toi, ton épée bien en main, tandis que moi, je resterai caché derrière un rocher. – Tu as raison, dit Gauvain. Ne perdons pas de temps. »
    Ils dégainèrent et pénétrèrent dans la chambre où ils avaient enfermé leurs prisonniers. Mais ils n’y trouvèrent que le valet et les deux suivantes qui, semblant terrorisées, étaient blotties l’une contre l’autre. À l’autre extrémité de la pièce, cependant, sous une lucarne munie de barreaux de fer, gisaient des vêtements de femme. À part cela, point trace d’Orgueluse. « Où est ma dame ? » s’écria Gauvain. L’une des suivantes lui répondit en tremblant : « Nous l’ignorons. – Comment ? s’étonna Méraugis. Vous ne pouvez l’ignorer, puisque vous étiez avec elle ! – Hélas ! reprit la suivante, je vois bien que notre dernière heure est venue. Si nous parlons, ma dame nous tuera, nul doute, et si nous nous taisons, vous allez nous

Weitere Kostenlose Bücher