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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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percer de vos épées. – Que le Ciel me confonde ! nous ne pensons ni l’un ni l’autre à vous faire du mal ! s’écria Gauvain. Parle donc sans crainte, jeune fille, et je te garantis que, moi vivant, ma dame ne touchera pas un seul de vos cheveux ! »
    La suivante se mit à pleurer d’abondance, puis elle dit : « Seigneur, je vois bien qu’il nous faut dire la vérité. La voici : ma dame s’est agitée toute la nuit, en proie à une grande colère, puis, au petit matin, elle a poussé un grand cri et nous avons vu ses vêtements tomber sur le carreau. Elle avait disparu, mais un oiseau noir voletait à travers la pièce. Il a fini par se poser sur le rebord de la lucarne, s’est glissé entre deux barreaux puis s’est envolé. – Méraugis ! dit Gauvain, le temps presse ! Cette femme est une redoutable magicienne, puisqu’elle possède le don de métamorphose. En ce moment même, elle doit être en train de nous tramer un piège dont nous ne pourrons jamais sortir. – Je sais ce qu’il faut faire », lui répondit Méraugis.
    Sans plus d’explications, il se dépouilla de ses chausses et de son pourpoint. Puis, saisissant les vêtements laissés par Orgueluse, il les enfila prestement, s’habillant exactement comme une femme. Il serra les lacets à la taille et se pomponna du mieux qu’il put. Ainsi paré comme une coquette de la cour, il descendit les escaliers de la forteresse, son épée dissimulée sous son manteau, et s’en alla, ainsi accoutré, vers le point du rivage où la barque devait aborder. Il avait fière allure, et ce déguisement lui allait fort bien, car il était beau et bien fait de sa personne.
    De l’autre côté de la mer, les gens de la cité l’aperçurent qui se promenait dans l’île et leur faisait de la main le signe habituel. Sans soupçonner son stratagème, ils le prirent effectivement pour la dame, embarquèrent et, toutes voiles dehors, mirent le cap sur l’île. Bientôt, le pilote aborda, en compagnie de trois matelots. Méraugis, qui avait eu le temps de mûrir son plan, sauta dans le bateau de tout son élan. Sous le choc, les planches auraient pu se disloquer et céder mais, par bonheur, il n’en fut rien, et le bateau se contenta de tanguer. Toutefois, en voyant ce qui se passait, les mariniers, comprenant leur erreur, se mirent à trembler, tant ils redoutaient d’être pris au piège. Ils l’étaient bel et bien en effet : Méraugis tira son épée du fourreau et la brandit. « Votre dame est arrivée ! s’écria-t-il. – Où est-elle ? demanda le pilote. – Ici, dans ma main ! » Il s’avança vers eux : « Sur mon âme ! cria-t-il, cette épée, c’est la dame qui vous commande et qui vous damnera si besoin est. Je vous promets une prompte mort sans confession si vous ne faites exactement ce que je vous dirai. Mais je vous jure, si vous le faites, de vous en récompenser généreusement. Tout ce que vous pourrez exiger, je m’engage à vous le donner. »
    Les mariniers ne perdirent pas de temps à réfléchir. L’épée de Méraugis les menaçait toujours, et ils n’avaient nulle envie de mourir sans confession. « Seigneur, dirent-ils, nous ferons tout ce que tu voudras, nous n’opposerons nul obstacle à tes désirs. – À la bonne heure, dit Méraugis. Eh bien ! pour commencer, quittez donc ce rivage et emmenez-moi de l’autre côté de l’île, afin que la tour nous dérobe aux gens de la cité. » Ils n’hésitèrent pas, et bientôt le bateau aborda à l’endroit souhaité. Ils attendirent que Gauvain sortît de la tour et les rejoignît. Ainsi réunis, les deux chevaliers ne se sentirent plus de joie. Ils ordonnèrent ensuite au pilote de les débarquer, le plus près et le plus tôt possible, dans une autre contrée, ou bien il lui en cuirait. Tremblant pour sa vie, l’homme fit appareiller et promit de toucher terre dès qu’il le pourrait.
    Ils naviguèrent ainsi le long des côtes en eau peu profonde, car ils préféraient éviter la haute mer, et accostèrent après avoir repassé le détroit et laissé le pays derrière eux. Mais ils pénétrèrent si brutalement dans le port que le bateau éperonna un rocher, s’y fracassa et se brisa en deux. Mais qu’importait ? Ils étaient tous sains et saufs et ne furent pas longs à sauter à terre.
    Le pays où ils venaient d’aborder appartenait au comte Gladwyn, un bon chevalier qui s’était souvent rendu à la cour du roi Arthur. À

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