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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bienfaits. » De fait, il les retint auprès de lui en les dotant chacun d’un fief. Ensuite, à l’intention des deux chevaliers qu’il chérissait extrêmement, il fit amener deux chevaux de prix et les leur offrit. Méraugis et Gauvain acceptèrent avec de vifs remerciements, puis revêtirent leurs armes. Une fois qu’ils furent en selle et prêts à partir, on se salua mutuellement en se recommandant à Dieu. Enfin, équipés comme ils le souhaitaient, les deux chevaliers se mirent en route.
    Méraugis demeurait inconsolable, quelques bonnes paroles que lui prodiguât Gauvain, tout en chevauchant. Ils allaient cependant depuis longtemps, quand un chevalier sortit d’un bois et passa non loin d’eux. Plongé dans ses pensées, Méraugis ne le remarqua même pas, mais l’autre, qui avait l’air fier et arrogant, passa son chemin sans les saluer. « Je me demande qui est cet homme, dit soudain Gauvain, tirant Méraugis de sa rêverie. – Quel homme ? – Le chevalier qui vient de passer près de nous, sans nous saluer ni même paraître nous voir. » Méraugis regarda dans la direction qu’indiquait Gauvain et, bien qu’une grande distance les séparât déjà, il reconnut la longue silhouette de l’Outredouté.
    « Par Dieu tout-puissant ! s’écria-t-il. Voici mon pire ennemi, que j’ai juré d’abattre, pour mon honneur et pour celui de Lakis de Lampagrès ! – Il ne t’a pas reconnu, dit Gauvain. Il semblait aussi préoccupé que toi. – Gauvain, dit Méraugis, il faut que je te quitte pour aller combattre ce monstre. J’ai promis à Lakis de Lampagrès de lui rapporter la main droite qui lui a crevé un œil. – C’est ton affaire, dit Gauvain. Et si tu le permets, je t’attendrai au manoir de Lampagrès, puisque tu dois t’y rendre. – Volontiers. Nous nous retrouverons là. » Et les deux hommes se séparèrent. Méraugis atteignit un endroit où la neige, très épaisse, retardait sa marche mais lui permettait de suivre à la trace l’Outredouté. Ce qu’il fit jusqu’à son arrivée devant une forteresse dont les murs d’enceinte et le château étaient taillés dans le marbre. Aussitôt, il se dirigea vers la grande porte et, par un interstice, risqua un œil : au centre de l’enceinte se dressait un pin, le plus vert qui fût, autour duquel des jeunes filles dansaient en chantant. Entraîné dans leur ronde, s’ébattait un seul chevalier. Son bouclier pendu au cou, son épée au côté, il chantait lui aussi en dansant. Méraugis, à cette vue, frémit de joie, car il venait de reconnaître l’Outredouté. « Je vais venger Lakis sur-le-champ », se dit-il. Alors, poussant la porte, il se précipita de tout son élan sur le chevalier en criant : « Sors de la ronde, chevalier ! Cesse de chanter ! Je te défie, tu vas bientôt mourir ! » Mais, subitement, ses pensées changèrent du tout au tout : alors qu’un instant auparavant, il n’avait qu’une envie, pourfendre son ennemi, maintenant, seuls le tentaient les danses et les chants. Il en oublia le reste du monde, et même son amie.
    Or, l’Outredouté, cessant brusquement de folâtrer, se retira de la ronde, monta à cheval, et il se dirigeait vers la sortie quand il aperçut son ennemi et, grâce à ses armes, l’identifia parfaitement. « Qu’est cela ? dit-il, voilà une belle diablerie ! Je vois l’homme qui a jeté mon bouclier à terre, je le retrouve enfin, et je n’ose aller le chercher là où il se trouve ? Que faire ? Si je le rejoins, je me remettrai à chanter et danser. J’ai pourtant bien autre chose en tête ! » Alors, d’une voix forte, il interpella Méraugis en lui déclarant que jamais lui-même ne viderait les lieux sans son adversaire. Mais il eut beau tempêter, Méraugis demeura sourd à ses menaces et à ses cris, tant l’obsédait le plaisir des danses et des chants. Et cela dura si longtemps que l’Outredouté, qui pourtant ne craignait personne, finit par se retirer, car la faim le tenaillait. Quant à Méraugis, qui toujours chantait et frappait du pied au milieu des jeunes filles, il semblait s’amuser fort.
    Or il advint qu’un chevalier passa devant la forteresse. En entendant les joyeux éclats de la fête, il céda à son tour à la curiosité, et le spectacle l’attira invinciblement dans la place. Mais aussitôt qu’emporté par la ronde il se mit lui-même à chanter et danser, aussitôt Méraugis se retira, sans comprendre ce qu’il était

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