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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’annonce du naufrage, ce seigneur s’empressa de descendre au port. Là, il vit les chevaliers et, les reconnaissant sur-le-champ tous deux, courut à leur rencontre et les salua en leur donnant l’accolade. Comme c’était un homme courtois et de grand mérite, il les invita chez lui et mit tout ce qu’il possédait à leur disposition. Tout en les conduisant jusqu’à sa demeure, il se fit raconter les aventures que ses compagnons venaient de vivre. « Je savais, dit Gladwyn, qu’un chevalier avait dû aller combattre, hier, dans l’île aux Sept Colonnes. On m’avait aussi rapporté sa mort, mais je vois qu’il n’en est rien, grâce à Dieu ! »
    À ce moment, Méraugis s’arrêta et laissa éclater son chagrin. « Qu’y a-t-il ? lui demanda le comte. – Je pleure mon amie, Lidoine de Lindesore. Elle m’accompagnait hier, lorsqu’on m’a contraint d’embarquer vers l’île. J’ai dû l’abandonner sur le rivage. Dieu tout-puissant ! si elle me croit mort, que va-t-il donc lui arriver ? – J’ai reçu aussi des nouvelles à ce sujet, dit Gladwyn. – Donne-les-moi, je t’en prie, dit Méraugis. – Voici : on m’a rapporté qu’elle s’était évanouie quand les gens de la cité ont répandu le bruit de ta défaite et de ta mort. Là-dessus est survenu un chevalier qui s’est offert de l’emmener dans son manoir afin de la réconforter. Il l’a prise sur son cheval, et il est parti aussitôt au triple galop. – Cette histoire ne me dit rien qui vaille ! s’écria Méraugis. Sais-tu le nom de ce chevalier ? – À ce qu’on prétend, il s’agissait de Gorvain Cadruz. » En entendant ce nom, Méraugis se mit à pleurer et à gémir. « Hélas ! dit-il, j’ai perdu mon amie pour toujours ! »
    Il faisait peine à voir et se frappait la poitrine. Gauvain le soutenait, et les autres s’efforçaient de le consoler. Mais il fallut presque le porter, tant il était accablé de douleur. Le comte Gladwyn reçut ses hôtes du mieux qu’il put, cette nuit-là, et combla le moindre de leurs désirs. Mais, tout entier à son deuil, Méraugis demeurait au comble de l’affliction. Le soir, il poussa des plaintes si déchirantes que Gauvain, bouillant de colère, crut devoir intervenir : « Méraugis ! s’écria-t-il, tu passes la mesure et nous importunes avec ton chagrin tapageur ! »
    Si ces mots le forcèrent à taire sa douleur, Méraugis n’en pensait pas moins et, en vérité, sa compagnie ne fut pas des plus agréables. Aussitôt après le repas, les chevaliers allèrent donc se coucher. Méraugis, qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, se leva de bon matin avec tous les autres. Leur toilette achevée, ils se rendirent à l’église pour y entendre la messe. Alors, toujours tourmenté par le sort de Lidoine, Méraugis décida de se lancer immédiatement à la poursuite de Gorvain Cadruz, et il s’en ouvrit à Gauvain.
    « Seigneur, dit-il, daigne m’accorder quelque attention, voici ce que j’ai résolu. Je vais partir, car je ne connaîtrai joie ni repos que je n’aie retrouvé mon amie. Je suis prêt à combattre Gorvain qui méprise les jugements de la cour d’Arthur et qui, contre tout droit, m’a dérobé Lidoine. – C’est qu’il te croit mort, répondit Gauvain. Il n’a pas cru te l’enlever. – Mais c’est à moi que Lidoine a été accordée, non à lui. Il n’a aucun droit sur elle. » Gauvain se trouva fort embarrassé. « Cela est vrai, convint-il, et je le sais trop, Méraugis. Je suis responsable de ton malheur, car en venant me délivrer de cette prison infamante, tu as perdu celle que tu aimes. Que faire ? Je te dois la vie et, sois-en sûr, mon aide et mon soutien te sont acquis. Certes, je me suis engagé à défendre mon honneur et l’honneur de mon lignage. Je dois aussi continuer ma quête de la Lance qui saigne. Mais je suis ton obligé, Méraugis. Tu vas partir à la recherche de Lidoine, soit, mais pas seul, car je t’accompagne. Je te seconderai de mon mieux avant de reprendre ma propre aventure. – Ami, dit Méraugis, je reconnais bien là la vaillance du fils du roi Loth. Que Dieu te bénisse ! »
    Tout étant dit, ils allèrent prendre congé du comte Gladwyn et recommandèrent à sa bienveillance les quatre mariniers qui les avaient amenés à bon port. Alors, après avoir de grand cœur exaucé leur vœu, le comte ajouta : « Ils auraient d’ailleurs bien tort de partir, car je les comblerai de

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