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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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dans la confession, te rendre envieux, sournois, calomniateur, délateur. Ils veulent te rendre pervers, stupide et infâme. Ils veulent t'enseigner que le premier des biens c'est l'intempérance et l'oisiveté, que pour s'y livrer en paix il faut tout avilir, tout sacrifier, dépouiller tout souvenir de grandeur, tuer tout noble instinct. Ils veulent t'enseigner la haine hypocrite, la vengeance patiente, la couardise et la férocité. Ils veulent que ton âme meure pour avoir été nourrie de miel, pour avoir aimé la douceur et l'innocence. Ils veulent, en un mot, faire de toi un moine.» Et, comme Angel se récrie devant cette peinture d'un monastère avili, peuplé de prévaricateurs, Alexis résume ce qui, dans sa bouche, n'est pas une philippique ou une déclamation sous forme de réquisitoire, mais une thèse étayée par des faits : «Tu chercherais en vain un couvent moins souillé et des moines meilleurs ; tous sont ainsi.

La foi est perdue sur la terre, et le vice est impuni.»
    Comment réveiller la foi et exterminer le vice ? Il faut d'abord, à l'estime du P. Alexis, écho de Spiridion, c'est-à-dire de Pierre Leroux, remonter à l'origine de l'Etre et se donner à soi-même une explication plus normale que la simple pré-existence d'un Dieu pur esprit, qui tire de sa seule substance la matière et peut la faire rentrer en lui par un anéantissement pareil à sa création. Voici de la Cause des causes, dont nous sommes les effets, l'interprétation métaphysique que le vertueux Alexis ne saurait admettre : «Organisé comme il l'est, l'homme, qui ne doit pourtant juger et croire que d'après ses perceptions, peut-il concevoir qu'on fasse de rien quelque chose, et de quelque chose rien ? Et sur cette base, quel édifice se trouve bâti ? Que vient faire l'homme sur ce monde matériel que le pur esprit a tiré de lui-même ? Il a été tiré et formé de la matière, puis placé dessus par le Dieu qui connaît l'avenir, pour être soumis à des épreuves que ce Dieu dispose à son gré et dont il sait d'avance l'issue, pour lutter, en un mot, contre un danger auquel il doit nécessairement succomber, et expier ensuite une faute qu'il n'a pu s'empêcher de commettre.»
    A cette conception des antiques théologies, que l'on retrouve encore dans le christianisme, Spiridion opposait une croyance d'éternel devenir et de perpétuel recommencement, qu'il déduisait au cours de ses entretiens avec Fulgence : «Que peut signifier ce mot, passé ? et quelle action veut marquer ce verbe, n'être plus ? Ne sont-ce pas là des idées créées par l'erreur de nos sens et l'impuissance de notre raison ? Ce qui a été peut-il cesser d'être ? Et ce qui est peut-il n'avoir pas été de tout temps ?» Puis, comme Fulgence l'interroge à la manière dont les apôtres interrogeaient le Christ, et lui demande s'il ne mourra point ou si on le erra encore après qu'il ne sera plus, Spiridion insiste et cherche à préciser.
    C'est ici qu'en dépit de ses efforts la doctrine devient fluide : «Je ne serai plus et je serai encore, répondit le maître. Si tu ne cesses pas de m'aimer, tu me verras, tu me sentiras, tu m'entendras partout. Ma forme sera devant tes yeux, parce qu'elle restera gravée dans ton esprit ; ma voix vibrera à ton oreille, parce qu'elle restera dans la mémoire de ton coeur ; mon esprit se révélera encore à ton esprit, parce que ton âme me comprend et me possède.» Par suite, la mort n'est plus qu'une apparence, c'est en réalité une transformation de la substance et une migration. Spiridion, à son lit d'agonie, lègue cette promesse et cette certitude à Fulgence : «Je ne m'en vais pas... Tous les éléments de mon être retournent à Dieu, et une partie de moi passe en toi.» Ainsi le spiritualisme transcendant de Pierre Leroux rejoint l'enseignement du Christ. A défaut du Jardin des Olives et du Golgotha, nous gardons une Cène symbolique et une Pentecôte qui veut répandre à travers le monde d'autres évangélistes. Il n'y a pas résurrection de l'être, mais pérennité de l'esprit. A telles enseignes que, lorsque Spiridion apparaît à ses disciples, on peut se demander si c'est par la présence réelle ou par la permanence secrète et la survivance suprasensible. Ni Alexis ni Angel, ni George Sand ni Pierre Leroux, ne se chargent de traduire le mythe, d'élucider le mystère.
    Voici l'une de ces apparitions, à peine entrevue, bientôt enfuie comme un mirage, alors

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