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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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mes résolutions... Tout le monde sait de reste que dans toute querelle, qu'elle soit soit de famille ou d'opinion, d'intérêt ou de coeur, de sentiments ou de principes, d'amour ou d'amitié, il y a des torts réciproques et qu'on ne peut expliquer et motiver les uns que par les autres. Il est des personnes que j'ai vues à travers un prisme d'enthousiasme et vis-à-vis desquelles j'ai eu le grand tort de recouvrer la lucidité de mon jugement.
    Tout ce qu'elles avaient à demander, c'étaient de bons procédés, et je défie qui que ce soit de dire que j'aie manqué à ce fait. Pourtant leur irritation a été vive, et je le comprends très bien. On est disposé, dans le premier moment d'une rupture, à prendre le désenchantement pour un outrage. Le calme se fait, on devient plus juste. Quoi qu'il en soit de ces personnes, je ne veux pas avoir à les peindre ; je n'ai pas le droit de livrer leurs traits à la curiosité ou à l'indifférence des passants.»
    Observera-t-elle toujours la règle qu'elle édicte ? Non pas, puisqu'elle publiera ce roman si transparent, Elle et Lui, bien peu de mois après la mort d'Alfred de Musset. La théorie exposée dans l'Histoire de ma Vie n'est qu'un prétexte commode pour éviter des explications difficiles ou des justifications incomplètes. N'oublions pas qu'elle a cinquante ans et qu'elle est entrée dans la période de calme relatif, quand elle rédige son autobiographie. Il ne lui est donc pas malaisé de prendre une attitude de suprême bienveillance et d'excuser tout à la fois les torts qu'on a eus envers elle et ceux qu'elle a eus envers autrui.
    «Moi, je pardonne, s'écrie-t-elle, et si des âmes très coupables devant moi se réhabilitent sous d'autres influences, je suis prête à bénir. Le public n'agit pas ainsi ; il condamne et lapide. Je ne veux donc pas livrer mes ennemis (si je peux me servir d'un mot qui n'a pas beaucoup de sens pour moi) à des juges sans entrailles ou sans lumières, et aux arrêts d'une opinion que ne dirige pas la moindre pensée religieuse, que n'éclaire pas le moindre principe de charité. Je ne suis pas une sainte : j'ai dû avoir, je le répète, et j'ai eu certainement ma part de torts, sérieux aussi, dans la lutte qui s'est engagée entre moi et plusieurs individualités.
    J'ai dû être injuste, violente de résolutions, comme le sont les organisations lentes à se décider, et subir des préventions cruelles, comme l'imagination en crée aux sensibilités surexcitées.»
    Ainsi formulées, les excuses de George Sand peuvent à la rigueur être accueillies. Il lui sera beaucoup pardonné, comme à la Madeleine, parce qu'elle a beaucoup aimé, avec une successivité un peu rapide, parfois même avec une simultanéité qui semble avoir été sincère en partie double. Peut-être, se rendant à Paris, obéissait-elle plus aux suggestions de son esprit et à la passion de l'indépendance qu'aux curiosités de son imagination et au vagabondage de son coeur. Le 13 janvier 1831, elle écrit à Jules Boucoirau : «Je m'embarque sur la mer orageuse de la littérature. Il faut vivre.» Cinq jours plus tard, elle est moins explicite ou moins franche dans une lettre à sa mère : «Vous me demandez ce que je viens faire à Paris. Ce que tout le monde y vient faire, je pense : me distraire, m'occuper des arts que l'on ne trouve que là dans tout leur éclat. Je cours les musées, je prends des leçons de dessin ; cela m'occupe tellement que je ne vois presque personne.» Elle ne parle pas de ses ambitions littéraires, elle ne fait aucunement allusion aux compatriotes qu'elle fréquente assidûment, les trois hugolâtres, Alphonse Fleury, Félix Pyat, Jules Sandeau. Ce dernier, né à Aubusson le 19 février 1811, devait être son initiateur, à tout le moins dans le monde des lettres. Il avait connu M. et madame Dudevant, vers la fin de 1829, près de La Châtre, dans une maison amie, chez les Duvernet. C'est à Charles Duvernet précisément qu'Aurore adressait, le 1er décembre 1830, une épître romantique où elle manifeste tout son enthousiasme pour la libre existence parisienne et profile quelques malicieuses silhouettes.
    D'abord celle de son correspondant : «O blond Charles, jeune homme aux rêveries sentimentales, au caractère sombre comme un jour d'orage... L'hôte solitaire des forêts désertes, le promeneur mélancolique des sentiers écartés et ombreux n'étant plus là pour les chanter, ils sont devenus secs

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