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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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plusieurs hommes de plume, très inconnus dans Paris, à l'occasion d'un livre dont il a été beaucoup parlé de différentes manières, ainsi qu'il est relaté dans la présente complainte.»
    Il y a vingt-quatre couplets. Citons les trois premiers :
      Monsieur Capot de Feuillide
      Ayant insulté Lélia,
      Monsieur Planche, ce jour-là,
      S'éveilla fort intrépide,
      Et fit preuve de valeur
      Entre midi et une heur !
      Il écrivit une lettre
      Dans un français très correct,
      Se plaignant que, sans respect,
      On osât le méconnaître ;
      Et, plein d'indignation,
      Il passa son pantalon.
      Buloz, dedans sa chambrette,
      Sommeillait innocemment.
      Il s'éveille incontinent,
      Et bâilla d'un air fort bête,
      Lorsque Planche entra soudain,
      Un vieux journal à la main.
    Et voici la conclusion rimée de cette mémorable affaire, qui ne fit pas verser de sang, mais beaucoup d'encre :
      Les combattants en présence
      Firent feu des quatre pieds.
      Planche tira le premier,
      A cent toises de distance ;
      Feuillide, comme un éclair,
      Riposta, cent pieds en l'air.
      «Cessez cette boucherie,
      Crièrent les assistants,
      C'est assez répandre un sang
      Précieux à la patrie ;
      Planche a lavé son affront
      Par sa détonation.»
      Dedans les bras de Feuillide
      Planche s'élance à l'instant,
      Et lui dit en sanglotant :
      «Nous sommes deux intrépides,
      Je suis satisfait vraiment,
      Vous aussi probablement.»
      Alors ils se séparèrent,
      Et depuis ce jour fameux,
      Ils vécurent très heureux.
      Et c'est de cette manière
      Qu'on a enfin reconnu
      De George Sand la vertu.
    Cette vertu, solennellement attestée, allait cependant subir une nouvelle secousse. Après la rupture avec Jules Sandeau et la courte et fâcheuse épreuve avec Prosper Mérimée, le coeur de George Sand était libre, et Lélia, au milieu de ses travaux, avait du vague à l'âme. Gustave Planche n'était pour elle qu'un officieux et un chargé d'affaires, Sainte-Beuve un confident et presque un confesseur laïque. Elle cherchait d'autres amitiés littéraires. Qui ? Nous avons la trace de ses hésitations et de ses tâtonnements. Elle écrit, le 11 mars 1833, à son mentor, Sainte-Beuve : «A propos, réflexion faite, je ne veux pas que vous m'ameniez Alfred de Musset. Il est très dandy, nous ne nous conviendrions pas, et j'avais plus de curiosité que d'intérêt à le voir. Je pense qu'il est imprudent de satisfaire toutes ses curiosités, et meilleur d'obéir à ses sympathies. A la place de celui-là, je veux donc vous prier de m'amener Dumas en l'art de qui j'ai trouvé de l'âme, abstraction faite du talent. Il m'en a témoigné le désir, vous n'aurez donc qu'un mot à lui dire de ma part ; mais venez avec lui la première fois, car les premières fois me sont toujours fatales.» Elle se souvenait de Mérimée.
    Dumas vint et ne revint pas. Sa belle humeur copieuse ne pouvait s'accommoder de la sensibilité subtile de George Sand. Alors celle-ci se retourne vers Sainte-Beuve, et lui demande d'autres présentations.
    On essayait de tous les genres, on tâta même des philosophes. Elle écrit, en avril 1833, à son cicérone, qui tenait l'emploi de fourrier ou de pourvoyeur sentimental : «Mon ami, je recevrai M. Jouffroy de votre main.» La livraison ne fut pas faite. Lélia recula devant un personnage aussi grave. «Je crains un peu, dit-elle à Sainte-Beuve, ces hommes vertueux de naissance. Je les apprécie bien comme de belles fleurs et de beaux fruits, mais je ne sympathise pas avec eux ; ils m'inspirent une sorte de jalousie mauvaise et chagrine ; car, après tout, pourquoi ne suis-je pas comme eux ? Je suis auprès d'eux dans la situation des bossus qui haïssent les hommes bien faits ; les bossus sont généralement puérils et méchants, mais les hommes bien faits ne sont-ils pas insolents, fats et cruels envers les bossus ?»
    A l'image de Diogène allumant sa lanterne, George Sand cherchait un homme, moins léger que Sandeau, plus stable que Mérimée, moins affairé que Dumas, plus sociable que Jouffroy. Elle rencontra Alfred de Musset, au mois de juin 1833. Ce fut-si nous en croyons le frère du poète, son biographe et son panégyriste-à un grand dîner offert aux rédacteurs de la Revue chez les Frères provençaux. Paul de Musset ajoute : «Les convives étaient nombreux ; une seule femme se trouvait parmi eux.

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