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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bastion avancé de la
défense normande, sa forteresse contrôlait la vallée de l’Epte au sud de
Gisors. Une ville se développa ainsi autour du château, ville qui fut
volontairement brûlée au XII e  siècle par Robert
de Chandos pour éviter qu’elle ne tombât aux mains du roi de France
Louis VI le Gros. Puis à la fin de ce même siècle, Dangu fut le théâtre de
luttes farouches entre Anglo-Normands et Français qui l’occupèrent tour à tour
et qui, évidemment, la saccagèrent à chaque fois. Enfin, en 1400, l’antique
forteresse fut abandonnée par Jacques de Bourbon qui fit bâtir un autre
château. Sous le Second Empire, ce château, plusieurs fois remanié et restauré,
appartint au comte de Lagrange qui y fit entraîner les chevaux de
Napoléon III. De ce bâtiment, maintenant disparu, il ne reste que les
caves. Par contre, un autre château domine le bourg depuis 1908 : il
s’agit d’un édifice qui a été transporté là pierre par pierre, le château
qu’avait fait construire Madame de Pompadour à Montretout.
    Lieu de guerre et d’histoire, Dangu a quand même conservé
quelque chose des époques où les druides célébraient leur culte en pleine
nature, en dehors de toute construction, dans le nemeton ,
une clairière sacrée au milieu de la forêt. Le sanctuaire a évidemment été
christianisé : c’est Notre-Dame du Chêne, dans un bois auquel on accède
par un simple chemin, objet d’un pèlerinage annuel. Le nom est révélateur, et
l’endroit est très fréquenté, comme en témoigne le nombre impressionnant des ex-votos qu’on peut y voir. Du sanctuaire druidique au
pèlerinage chrétien, l’ombre de la Mère divine au milieu des chênes perpétue,
en dépit des changements et des bouleversements du monde, la permanence des
croyances et des rituels à travers les siècles.
    En allant sur Gisors, on peut faire un détour vers
Neaufles-Saint-Martin. Sur la route, il y a une étrange croix. De loin, on
croirait une croix celtique, telle qu’il en existe en Irlande. En fait, c’est
une croix du XIV e  siècle, une croix inscrite dont
la présence est sans doute liée à l’existence d’un sanctuaire ancien. Nous
sommes sur le plateau, ouvert à tous les vents. La croix domine un paysage
monotone. Elle semble griffer le ciel. Plus loin, au-delà de Neaufles, se
dresse le donjon, dernier vestige de l’importante forteresse qui a précédé
Gisors, mais qui, moins bien placée, ne permettait pas de surveiller
efficacement la vallée de l’Epte. La légende prétend qu’il est relié, lui
aussi, par un souterrain au donjon de Gisors, mais ce qui est sûr, c’est que le
château de Neaufles a été la résidence d’une « Dame Blanche », la
célèbre reine Blanche d’Évreux. Après tout, sait-on jamais, puisque tout est
possible dans ce pays en demi-teinte, lieu de prédilection de tant de peintres.
    J’évoquais en effet Claude Monet à propos de la basse vallée
de l’Epte. Mais le souvenir de Pablo Picasso rôde aussi dans un hameau de
Gisors où il a résidé quelque temps, et dans la haute vallée de l’Epte, à Éragny,
on peut encore voir la maison de Camille Pissarro dont les peintures ont
souvent été inspirées par les paysages et les scènes de la région. L’Epte, qui
remonte vers Gournay, constitue toujours cette frontière naturelle entre la
Normandie et la France. Des villages fleuris, avec de petites églises
mélancoliques, jalonnent la vallée. De l’autre côté, c’est la Picardie, au
nord, le Pays de Bray avec ses vallonnements couverts d’herbages. Des vestiges
de forêts parsèment la terre et rappellent que Lyons-la-Forêt se trouve au
centre de la plus belle hêtraie de France. On imagine mal d’ailleurs le Vexin
au temps où les bûcherons n’avaient point encore accompli leur travail de
destruction systématique. Combien de clairières sacrées pour les anciens
druides ont-elles ainsi été livrées à la lumière ! Il est vrai que la
permanence des cultes étant une règle absolue, la plupart des églises et des
chapelles que l’on peut voir actuellement ont été bâties à l’emplacement même
de ces sanctuaires. Le sacré ne meurt jamais. Il change de forme. Et c’est
toujours le même vent qui souffle sur les plateaux porteurs de moissons.
L’archaïque déesse funéraire des dolmens a simplement pris d’autres noms au
cours des âges. Des saints venus d’ailleurs ont, comme en Bretagne, frappé le
sol avec leur

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