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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui,
prisonnier du Soudan, n’obtint sa libération qu’après avoir juré qu’il
l’imposerait aux frères ». On pense immédiatement à Gérard de Ridefort,
celui qu’on a appelé le « mauvais génie du Temple ». Mais si c’était
vrai, le pape n’aurait pas manqué de relever le grand-maître et donc l’Ordre
tout entier de cette promesse faite sous la menace. Tout cela paraît totalement
invraisemblable, et Geoffroy de Gonneville semble aiguiller les enquêteurs sur
une fausse piste. Hugues de Pairaud, qui est celui des quatre dignitaires
paraissant en savoir le plus, ne donne aucune explication. C’est Geoffroy de
Charnay, celui qui partagera le sort de Jacques de Molay sur le bûcher, qui va
le plus loin : « Le frère Amaury me dit de ne pas
croire en celui dont l’image était là peinte, car c’était un faux prophète, ce
n’était pas Dieu . » On a relevé évidemment le mot « prophète »
pour en conclure à une influence de l’Islam, ce qui n’a rien d’évident, d’autant
plus que les Musulmans reconnaissent Jésus comme un prophète. Et Geoffroy de
Charnay d’ajouter : « J’avais bien constaté que la manière dont
j’avais été reçu moi-même était une profanation impie, contraire à la foi
catholique ». Apparemment, cela ne l’a quand même pas trop dérangé. Mais
quel aveu ! On peut prétendre, sans trop risquer de se tromper, que les
dignitaires savaient parfaitement de quoi il retournait quant à ce reniement de
Jésus. Seulement, ils n’ont rien dit.
    Il n’en est pas de même pour la plupart des Templiers.
Certes, quelques-uns font semblant d’ignorer ce rite, pratiquant eux aussi la
loi du silence. Mais la naïveté de certains témoignages est révélatrice :
seuls quelques dignitaires et quelques mystérieux « élus »
connaissaient le « secret ». Les autres se contentaient d’obéir :
d’ailleurs, ils avaient fait vœu d’obéissance.
    Ce rite devait cependant troubler de nombreux frères pieux
et de bonne foi. Et c’est là que se place un élément qui paraît assez
ahurissant. Jean de l’Aumône, sergent du diocèse de Paris, vient de cracher en
tremblant à côté de la croix. Alors le précepteur, qui le reçoit, lui
dit : « Crétin ! va te confesser maintenant ! » Un
autre frère, Pierre de Modies, se refuse à renier Jésus. Le précepteur lui dit
que c’est le règlement. Et il ajoute : « Vas-y donc à coup sûr, le
chapelain peut t’absoudre ! »
    Au premier abord, on peut s’étonner que les confesseurs
n’aient point été alertés par de telles révélations. Mais attention : un Templier ne pouvait se confesser qu’aux prêtres membres de l’Ordre ,
il s’y était engagé par serment. Donc, les choses se passaient en quelque sorte
à huis clos. Tout était organisé, semble-t-il, pour éviter que ne soient
révélées en dehors de la communauté des pratiques qui auraient suscité les
foudres d’un clergé orthodoxe. Tous les chapelains, prêtres de l’Ordre, étaient
sans doute parfaitement au courant de ce rituel peu compatible avec la foi
catholique, et peut-être de beaucoup d’autres choses que nous ignorons.
    À moins qu’il ne s’agisse d’une parodie de la confession, ce
qui serait aussi grave vis-à-vis de l’orthodoxie. Tout ceci est à mettre en
liaison avec un autre chef d’accusation, à vrai dire très peu développé :
l’omission des paroles de la consécration pendant la messe. On sait qu’il y
avait finalement très peu de prêtres dans l’ordre. Mais quatre chapelains ont
parlé de cette affaire. Gautier de Bure et Étienne de Dijon, entendus par la
Commission pontificale, le 21 décembre 1310, ont révélé qu’on leur
avait effectivement demandé, en disant la messe, de supprimer le «  hoc est corpus meeum  », mais ils assurent qu’ils n’en
ont jamais tenu compte. Deux autres prêtres, Bertrand de Villiers, du diocèse
de Limoges, et Jean de Branles, du Temple de Saulx-sur-Yonne, ont fait des
déclarations identiques. Quant à l’ensemble des Templiers interrogés, ils sont
unanimes à dire qu’ils ignorent tout de cette omission, et qu’à leur avis, le
prêtre disait normalement la messe.
    Ces quatre cas sont cependant révélateurs. À partir du
moment où l’on demande aux frères de renier celui qui est sur la croix, parce
que c’est un faux prophète et qu’il n’est pas Dieu, on ne voit pas pourquoi un
prêtre templier continuerait de prononcer

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