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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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souffles du bas . Les esprits délicats jugeront que c’est de
la scatologie, mais ils devraient pourtant s’apercevoir de la signification
symbolique des souffles du bas qui proviennent du monde souterrain, autrement dit de la minière d’où l’on retire la
Matière Première des Philosophes, celle qui, à force d’opérations et de
transformations, devient la Pierre Philosophale , autrement dit la pure
lumière de l’Esprit. Et l’Esprit, traditionnellement, se
trouve dans la Tête.
    Nous y voilà. Les baisers obscènes des Templiers sont tout
ce qui reste – ou tout ce qu’on a bien voulu nous dire – d’un très ancien
rituel initiatique : il s’agit de partir du cul ,
c’est-à-dire de la minière qui recueille les souffles de matière brute, non
élaborée, mais riche de potentialités, de passer par le ventre ,
lieu de la transformation (qu’on songe à Messer Gaster !), de
l’élaboration et de la purification, et de parvenir à la bouche,
dans la tête , le plus haut point où le souffle purifié devient voix
divine.
    Cela est d’ailleurs parfaitement conforme à la tradition
orientale de la Kundalini , cette énergie qui prend
naissance au bas de l’épine dorsale, entre le sexe et l’anus, et qui, sous
forme de serpent symbolique, monte le long du corps, innervant les divers chakras qui sont les centres diversifiés des activités
humaines, pour parvenir enfin à un dernier chakra , dans
la tête, celui de l’illumination. Ce rituel initiatique ne peut faire aucun
doute. Il est si bien décrit dans les dépositions des Templiers, encore qu’il
ne soit plus compris par les participants, qu’il est impossible de le nier. Ces
baisers obscènes ne sont donc pas une plaisanterie scabreuse de potaches, mais
ce qui reste d’un rituel initiatique de grande envolée, dont le but est de
faire prendre conscience au nouveau chevalier qu’ il doit
partir du bas pour arriver en haut et non pas se prétendre déjà arrivé
en haut et redescendre ensuite. Et le plus beau, c’est que ce rituel se trouve,
de fait, entièrement justifié par saint Bernard de Clairvaux : « Nous
sommes charnels, et nés de la concupiscence de la chair ; aussi est-il
nécessaire que notre amour commence par la chair : et celle-ci, rentrée
dans l’ordre, s’élevant par degrés sous la conduite de la grâce, se consomme
dans l’esprit. Ce qui en nous est spirituel ne peut devancer ce qui est animal,
mais ne s’épanouit qu’après ; avant de porter l’image de l’homme céleste, il
nous faut porter celle d’un homme de la terre. L’homme commence par s’aimer
lui-même…, puis il aime Dieu, mais toujours pour soi-même, non pour lui… et
lorsqu’il a goûté combien le Seigneur est doux, il s’élève à un troisième degré
qui est d’aimer Dieu pour Dieu. Il s’arrête alors, et je ne sais si un homme
dans cette vie a jamais atteint au dernier degré de l’amour qui est de ne
s’aimer soi-même que pour Dieu [62] . »
    Tout est dit dans ce texte de l’abbé de Clairvaux, celui qui
a fondé le Temple. Il reste à savoir si les Templiers étaient tous capables de
comprendre ces paroles et d’en tirer les leçons pratiques ?
    Le Baphomet est un mythe. La Tête
dont on nous a décrit la monstruosité est un mythe. Mais les mythes sont des
réalités beaucoup plus puissantes que des objets matériels ou même des êtres
humains. Il faut seulement s’élever bien haut pour tenter de comprendre, ou
d’appréhender ce qui est incompréhensible. La Tête mystérieuse des Templiers
est un symbole, le symbole du but essentiel à atteindre, cet amour
de soi-même pour Dieu . Tout le reste n’est que littérature de pacotille
surgie d’un imaginaire survolté par des récits légendaires, de grande
importance certes, mais qui ne sont plus compris par ceux qui devraient les
entendre [63] .
    Il y a cependant une leçon à tirer de cette Tête mystérieuse
des Templiers et de tous les éléments obscurs qui l’environnent d’un halo.
Quand on veut découvrir quelque chose, il faut de la patience, et surtout se
garder de commencer par le but qu’on s’est fixé. La Tête, c’est le But. Mais il
faut commencer la quête, par les régions obscures du bas .
C’est peut-être en explorant minutieusement des souterrains, ceux de Gisors
aussi bien que ceux qui sont dans notre pensée, que nous découvrirons le puits
qui débouche sur la lumière, là où se trouve la Tête, libérée de son corps,

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