Gisors et l'énigme des Templiers
la construction de la chapelle de l’Assomption.
C’est seulement en 1515 que fut reconstruit le transept ainsi que le portail
sud, et en 1567, ce fut le tour du grand portail occidental et de la grosse
tour du sud. Mais la tour ne fut pas achevée, par suite des troubles dus aux
guerres de Religion. Ce qui caractérise cette église
Saint-Gervais-Saint-Protais, c’est qu’elle comporte cinq nefs, comme une
cathédrale, deux rangées de chapelles latérales, un transept avec deux
portails, un chœur avec passage derrière l’autel et qui remplace l’abside. Le
monument qu’on peut voir aujourd’hui a été presque entièrement restauré, les
bombardements de 1940 l’ayant détruit aux trois quarts, n’en laissant subsister
que les structures essentielles.
C’est à cette même époque qu’a été construite la mystérieuse
chapelle Sainte-Catherine, objet de tant de spéculations, qu’on a placée un peu
partout, sous la motte du donjon, sous l’église ou dans un souterrain entre le
château et l’église. On ne l’a point retrouvée, mais, en 1898, en effectuant
des travaux dans l’église, on a découvert un retable qui, selon toute
probabilité, avait fait partie de cette chapelle oubliée ou occultée. Le
mystère qui entoure cette chapelle a largement contribué à alimenter toutes les
histoires de trésors ou de documents secrets. Tout ce que l’on sait, de source
sûre, c’est que la chapelle Sainte-Catherine a été construite aux environs de
1530, que ses donateurs-fondateurs ont été les membres de la famille de
Fouilleuses, seigneurs de Flavacourt, et qu’elle se situait probablement, avant
d’être détruite lors d’un événement inconnu, au sud de la nef de l’église, près
de la chapelle contiguë au portail méridional. Ce qui est également certain,
c’est que le roi Henri II de France fit son entrée dans Gisors, en 1555,
le jour de la fête de sainte Catherine et qu’il conféra à la ville le
complément des trois lys à ses armoiries. Coïncidence ?
Pendant les guerres de Religion, Gisors demeura fidèle à la
foi catholique, et se montra même farouchement anti-huguenote. Lorsque
Henri IV voulut y faire son entrée, après son abjuration solennelle de
Saint-Denis, les habitants réclamèrent certaines garanties. On rapporte que le
curé de Gisors, Pierre Neveu, exigea du roi, avant de le laisser pénétrer dans
l’église, qu’il désavoue publiquement les « mauvaises doctrines » qui
avaient été les siennes autrefois. Henri de Navarre s’est, paraît-il, rétracté
de bonne grâce. Après quoi, il aurait ajouté : « Me voilà maintenant
roi de Gisors ! »
En fait, depuis 1528, le comté de Gisors avait été donné en
dot par François I er à sa belle-sœur Renée, fille
de Louis XII et d’Anne de Bretagne, et, soit dit en passant, véritable
héritière du duché de Bretagne [6] .
Renée épousa Hector d’Este qui devint duc de Ferrare, et par la suite, le comté
fut la propriété des maisons d’Este et de Savoie avant de revenir à la Couronne
royale en 1707. Mais en 1718, le marquis-maréchal de Belle-Île céda au roi son
île bretonne, position stratégique d’importance, contre divers territoires,
dont le comté de Gisors. Or, celui qui devenait comte de Gisors était le
petit-fils de Nicolas Fouquet, le disgracié, autour duquel le mystère plane
toujours, et qui se trouva plus ou moins directement lié à des affaires
concernant le Razès, affaires fort obscures sur lesquelles rôde l’ombre des
Templiers [7] .
Coïncidence ? Quoi qu’il en soit, le comté de Gisors fut bientôt érigé en
duché-pairie, et ses derniers titulaires furent le comte d’Eu et le duc de
Penthièvre.
À la Révolution, Gisors perdit de son importance. On lui
préféra Les Andelys comme chef-lieu de district, c’est-à-dire d’arrondissement.
Petite ville de province, à soixante-dix kilomètres de Paris, Gisors a encore
beaucoup souffert des guerres. En 1870, de nombreux combats y eurent lieu. Et
en 1940, la ville fut aux trois quarts détruite par les bombardements, ce qui
n’empêcha pas la Résistance de s’y organiser solidement et de contribuer ainsi
à la libération d’août 1944 par l’armée britannique. Les Anglais se
souvenaient-ils encore que Gisors avait été le bastion avancé du Royaume-Uni
vers le cœur de la France ?
C’est un passé riche en événements de toutes sortes que
celui de Gisors. Ce passé témoigne de
Weitere Kostenlose Bücher