Gisors et l'énigme des Templiers
de
Gisors entre le château et l’église. Ils sont connus non seulement par de
vagues légendes, mais par des découvertes fortuites. Le 23 mars 1950,
selon un article de l’archéologue Eugène Anne dans le journal Paris-Normandie ,
des ouvriers qui effectuaient des travaux dans le but d’élargir la ruelle des
Épousées, au nord de l’église, mirent au jour, « dans l’axe même du
portail, quatre sarcophages de pierre ». L’archéologue conclut son rapport
en supposant qu’à la fin du XV e siècle, « le
cimetière de Gisors s’étendait devant le côté nord de l’église. Or, pour
continuer la construction de l’édifice et bâtir le portail nord, on décida la
suppression de ce cimetière. Un emplacement fut choisi pour en établir un autre
au sud-ouest de l’église. Un ossuaire reçut tous les ossements du cimetière
désaffecté, tandis qu’on laissait en place des sarcophages, sépultures sans
doute de personnages notables » ( Paris-Normandie ,
25 mars 1950).
Mais les travaux continuèrent. Et quelques jours plus tard,
la pioche des terrassiers défonçait une voûte, laissant apparaître une large
excavation. Toujours d’après le même Eugène Anne, « on a agrandi
l’ouverture, on y est descendu. On s’est alors trouvé, à six mètres de
profondeur, en présence d’un étonnant souterrain qui présente ici la
disposition d’un carrefour. Entre des murs épais dont la maçonnerie est
régulière et solide, s’ouvrent à hauteur d’homme quatre grandes niches
surmontées de voûtes en plein cintre. Une remarquable clef de voûte réunit au
sommet du carrefour des arcades romanes d’un travail achevé, aux pierres bien
taillées et solidement assemblées. L’ensemble est en parfait état et le
calcaire est resté presque blanc. Il apparaît bien que cet endroit n’était
qu’une halte au milieu d’une voie souterraine conduisant de la forteresse
voisine vers l’emplacement de l’église. En effet, à droite de la troisième
niche, s’ouvre un noir boyau à demi comblé de gravats et qui, comme le prouvent
de récentes recherches, traverse le sol de la grande rue et vient déboucher
dans les caves très anciennes de deux maisons érigées de ce côté et que la
guerre a épargnées. Il y a là, de nouveau, des niches et même des colonnes à
chapiteaux sculptés. Vers l’église, le bombardement a détruit toute
issue ». Or, après ces travaux et ces découvertes, on a rebouché le tout
et rien n’a été entrepris pour sauvegarder ces vestiges d’une époque lointaine.
Il n’en fallait pas plus pour exciter l’imagination. Que
recélait donc ce souterrain mystérieux ? Un trésor, des documents, ou les
deux ? Et pourquoi avait-on mis tant de hâte à combler le trou et à
poursuivre les travaux d’urbanisme ? La tentation était grande de voir là
une manœuvre d’obstruction systématique : on ne devait pas savoir ce qu’il
y avait là-dedans. De là à parler d’interventions occultes, de volonté
délibérée de cacher quelque chose , il n’y avait qu’un
pas. Et pourquoi ne pas envisager, pendant qu’on, y était, un complot universel
destiné à faire le silence sur cette affaire, avec, comme dans tout bon roman
d’espionnage, l’intervention de personnages mystérieux se prétendant les
héritiers ou les continuateurs de grandes lignées initiatiques ? Cela a
été fait, avec pour principal résultat d’accroître le mystère qui plane sur
Gisors.
Il est quand même bon de rappeler ici quelques vérités
essentielles. Après la Seconde Guerre mondiale et pendant toutes les années 50,
la plupart des municipalités se souciaient fort peu de sauvegarder des vestiges
archéologiques dont l’intérêt n’apparaissait pas toujours évident. Il fallait
d’abord reconstruire et adapter les villes aux exigences de la vie moderne. Le
reste était affaire d’archéologue et les édiles municipaux de n’importe quelle
ville, de n’importe quel village, voyaient généralement d’un très mauvais œil
l’intervention des archéologues, ceux-ci amenant avec eux des fonctionnaires et
des règlements. Cela s’est passé partout ainsi, et pas seulement à Gisors. Pour
éviter des ennuis administratifs et des retards dans les travaux d’urbanisme,
de nombreuses municipalités ont fait combler des « trous » où se
trouvaient des vestiges historiques ou archéologiques. C’est regrettable, mais
c’est ainsi. Et il n’y a pas là de
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