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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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réception solennelle que lui
feront les habitants.
    Mais, à l’enthousiasme généreux succèdent bientôt les
discordes. Une entrevue entre le vieux Plantagenêt et le jeune Capétien, toujours
sous le fameux orme, tourne à l’aigre. Les récits concernant cette affaire
divergent quelque peu. Selon l’une des versions, l’orme offrait la seule ombre
possible dans le pré, mais c’était une grande ombre puisque neuf hommes, bras
étendus, pouvaient à peine faire le tour du tronc. Henry Plantagenêt était
arrivé le premier, avec ses compagnons, et tous s’étaient confortablement
installés sous les ramures. Il faisait une chaleur torride. Philippe Auguste,
arrivé en retard, avait dû se contenter de la place au soleil. La température
aidant, les esprits s’échauffèrent : Anglo-Normands et Français
échangèrent quelques insultes, et on en vint aux mains. Comme les Français
étaient plus nombreux, les Anglo-Normands durent se réfugier dans la forteresse,
et Philippe Auguste, pour manifester sa mauvaise humeur, fit abattre l’arbre
séculaire avant de repartir pour Paris en maugréant : « Je ne suis
pas venu ici pour faire le bûcheron ! »
    Histoire pittoresque, on le voit. Une autre version prétend
que le roi de France, agacé par l’importance symbolique que revêtait l’orme aux
yeux des Anglo-Normands, avait menacé de faire couper l’arbre. Le roi
d’Angleterre fit alors renforcer le tronc de l’orme avec des lames de fer ( l’ormeteau ferré ). Le lendemain, un détachement de Français,
armés de frondes, de haches et de massues, se présenta dans le pré pour abattre
l’arbre. Les Anglo-Normands, Richard Cœur de Lion en tête, voulurent s’y
opposer. La bagarre dura jusqu’au soir, mais les Français, restés maîtres du
terrain, abattirent l’orme.
    Quelles que soient les circonstances qui entourent cette
affaire, il est incontestable que l’orme de Gisors, symbole de la
« concertation » entre Anglo-Normands et Français, fut abattu à
l’occasion d’une querelle de prestige entre les deux souverains. Simple
incident de parcours sans doute dans le difficile cheminement parallèle des
Capétiens et des Plantagenêts. Mais, chose étrange, on s’est saisi
ultérieurement de cet événement pour en faire le point de départ d’un roman
d’histoire-fiction à épisodes multiples. Sous prétexte d’un rapprochement (?)
entre le nom de l’ orme et celui d’un certain Ormus , soi-disant mystique égyptien converti par saint Marc
et fondateur d’une secte gnostique – en réalité, il doit s’agir de l’ Ormuzd (Ahura-Mazda) de la tradition mazdéenne persane – on a
imaginé que l’abattage de l’orme représentait symboliquement une rupture au
sein de l’Ordre du Temple, plus exactement une séparation entre le Temple
proprement dit et un fantomatique « Prieuré de Sion » qui aurait été
à l’origine du Temple et s’y serait intégré jusqu’à cette date fatidique de
1188.
    Cependant, après la mort d’Henry II, ce fut son fils
Richard Cœur de Lion qui s’en alla guerroyer en Terre sainte en compagnie de
Philippe Auguste. Ce dernier, à force d’intrigues, s’arrangea pour rentrer le
premier de la Croisade, ayant probablement conclu un accord secret avec
l’empereur pour que le roi d’Angleterre soit retenu prisonnier. Cela lui
permettait de s’entendre avec le frère de Richard, Jean sans Terre, toujours
prêt à assurer la continuité de la dynastie des Plantagenêts. Philippe Auguste
se fit livrer  Gisors par le gouverneur normand, avec la complicité de Jean
sans Terre, et cela en 1193. Il en profita pour faire procéder à des
aménagements dans le château. Mais Richard, une fois libre, voulut récupérer ce
qu’il considérait comme son bien. Il commença par fortifier considérablement
Château-Gaillard afin de parer à toute éventualité et se mit à harceler le roi
de France à travers le Vexin. Philippe Auguste fut battu en 1198 lors d’une
bataille qui se déroula entre Vernon et Gamaches. Il le fut encore, un peu plus
tard, entre Courcelles et Gisors. Obligé de fuir, il gagna Gisors avec ses
soldats en déroute. Au moment où le roi de France franchissait l’Epte sur le
pont, celui-ci s’écroula sous la lourde charge que représentait la masse de
soldats. Philippe faillit se noyer, et la légende rapporte qu’il fut sauvé
grâce à un vœu : il promit de faire ériger une statue dorée de la Vierge à
l’endroit

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