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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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palais da Lezze.
    — Il serait très pénible pour elle, reprit-il, de devoir renoncer à l’argent qu’elle se promettait de la vente de ce tableau.
    Ce qui n’était cependant pas exclu, songea Tron. Même s’ils mettaient la main sur l’assassin, il était loin d’être sûr qu’ils retrouvent le Titien. Il dévisagea le colonel.
    — Combien de temps pensez-vous rester à Venise ?
    Orlov examina le fond de son chapeau pendant un moment, comme s’il y cherchait une réponse appropriée. Puis il répondit avec une concision toute militaire :
    — Jusqu’à ce que le Titien ait refait surface, commissaire.
     
    — Ce colonel Orlov ne m’inspire pas confiance, déclara Bossi une demi-heure plus tard.
    Ils avaient raccompagné le colonel à l’hôtel Regina e Gran Canal , et la gondole de police se dirigeait à présent vers le môle où le sergent descendrait pour se rendre au commissariat de la place Saint-Marc. Le ciel à la Della Robbia s’était métamorphosé en un bleu délavé. Il faisait si chaud que Tron ôta son haut-de-forme et, d’un bref mouvement de la tête, autorisa le sergent à retirer son casque. Une multitude de gondoles, presque toutes occupées par des étrangers, venaient à leur rencontre et croisaient leur chemin. Les dames se protégeaient au moyen d’ombrelles, les hommes portaient des canotiers à la mode et des redingotes en lin de couleur claire.
    Dans un grand nombre d’embarcations, un chanteur jouait de la mandoline. Cette aberration, inventée par les agences de voyages anglaises, s’était répandue sur la lagune comme une épidémie. Tron trouvait cela d’autant plus ridicule qu’ils interprétaient de préférence des chants folkloriques napolitains. Plusieurs gondoles se mirent à tanguer dans la vague d’étrave d’un bateau à vapeur grec rempli de bois, qui sortait du canal de la Giudecca. À la grande satisfaction du commissaire, un des joueurs de mandoline faillit tomber à l’eau.
    — Il me fait l’effet d’un faux, reprit Bossi. Ou bien est-ce que vous y croyez, vous, à ce légitimisme outrancier ?
    Tron s’appuya sur le dossier, leva la tête et cligna des yeux car le soleil l’éblouissait. Non, admit-il in petto, pas vraiment. Quelqu’un qui faisait aussi vrai qu’Orlov – cette moustache militaire, cette voix martiale – ne pouvait tout simplement pas être vrai. Cependant, si Orlov n’était pas vrai, qu’est-ce qui poussait le vrai Orlov à se déguiser de la sorte ?
    — Pourquoi devrait-il nous jouer la comédie ? demanda-t-il enfin.
    — Peut-être souhaite-t-il que nous le sous-estimions.
    — Vous voulez dire qu’il magnifie l’ordre voulu par Dieu pour que nous le prenions pour un imbécile ?
    — Oui, à peu près.
    — Il ne suffit pas de refuser l’hégémonie des Piémontais pour être un imbécile, objecta Tron de façon plus cinglante qu’il n’en avait l’intention. Par ailleurs, je vous rappelle que vous avez prêté serment de fidélité à François-Joseph. Mais bon, poursuivit-il sur un ton qui se voulait conciliant, je peux accepter qu’en tant que citoyen, vous approuviez l’unité italienne.
    Il baissa la tête et sourit à son subalterne.
    — Du moins tant que vous ne portez pas une cocarde tricolore pendant le service.
    — Cinq étudiants de Padoue ont été arrêtés précisément pour cette raison à la gare hier soir, lâcha Bossi d’une voix bougonne. Parce qu’ils portaient des cocardes aux couleurs de l’Italie à la boutonnière de leur redingote !
    — Le commandant en chef lui-même a ordonné de fermer les yeux sur ces cocardes, dit Tron. Personne n’a intérêt à souffler sur le feu.
    — C’est Raconti qui a procédé à ces arrestations. Il traînait là par hasard.
    — Raconti est un âne, lâcha Tron. On n’aurait jamais dû le nommer commissaire de Cannaregio. Ce doit être une bonne idée du commandant de place.
    — Pour jouer un mauvais tour à Spaur ? demanda Bossi.
    — Vous savez bien que Toggenburg ne peut pas le souffrir, répondit le commissaire en souriant. Mais revenons à Orlov. Pourquoi pourrait-il bien souhaiter que nous le sous-estimions ?
    — Peut-être parce qu’il ne nous a pas tout dit ?
    — Par exemple ?
    — Je ne sais pas, dit le sergent, déconcerté. C’est juste un sentiment.
    Il haussa les épaules.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire maintenant, commissaire ?
    — Aller ce soir à la gare pour interroger Valmarana.
    — Je devrais

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