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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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Pardon ?
    — Au temps où nous expédiions des marchandises en Flandre, en France, en Angleterre et au Levant, expliqua-t-il dans un soupir. Je croyais cette époque révolue.
    La comtesse lui lança un regard courroucé.
    — En tout cas, on dirait que tu as eu une journée difficile.
    Il esquissa un sourire en coin.
    — Et ce n’est pas fini ! Je dois encore aller à la gare. Interroger quelqu’un qui arrive de Milan par le train de onze heures. Il s’agit du vol d’un tableau au palais da Lezze.
    La comtesse plissa le front.
    — Ce marchand d’art hongrois a été victime d’un cambriolage ?
    — Tu le connais ?
    — Bea Mocenigo lui vend des œuvres de temps à autre. Il paraît que c’est un rapace.
    — C’était un rapace, la corrigea-t-il. Quelqu’un l’a étranglé hier soir et lui a dérobé un tableau. Qui appartenait à une certaine Mme Caserta, ajouta-t-il. Elle le lui avait confié pour expertise.
    — Je ne connais pas de Caserta à Venise, nota sa mère après un bref instant de réflexion.
    — Non, elle vient de Rome. Elle occupe une suite à l’hôtel Regina e Gran Canal . Mais Bossi prétend que ce n’est pas son vrai nom.
    — Une usurpatrice ?
    — Plutôt l’inverse. Il croit qu’il s’agit d’une marquise ou, du moins, qu’elle fait partie de l’entourage du roi des Deux-Siciles.
    La comtesse prit une mine songeuse.
    — Cette Mme Caserta parle-t-elle napolitain avec un léger accent ?
    Il hocha la tête.
    — Oui, avec je ne sais quelle intonation.
    — Qui pourrait être allemande ?
    — Oui, cela se pourrait.
    — Quel âge a-t-elle ?
    — Vingt-cinq ans tout au plus.
    — Dans ce cas, déduisit la comtesse avec une expression tout à coup amusée, je suppose qu’elle a les cheveux châtain clair, des yeux sombres, et que le tableau qu’elle voulait vendre possédait une grande valeur.
    Son fils hocha la tête, stupéfait.
    — Il s’agit d’un Titien.
    — Je suppose en outre que tu as l’impression de la connaître, mais que tu ne sais pas d’où.
    À présent, Tron n’y comprenait plus rien.
    — Comment le sais-tu ?
    Elle sourit.
    — Tu n’as pas conversé avec une signora Caserta, ni même une marquise di Caserta, mais avec Marie-Sophie de Bourbon. Et tu as l’impression de la connaître parce qu’elle te rappelle sa sœur, Élisabeth d’Autriche.
    Tron secoua la tête d’un air hébété.
    — Mon Dieu, Bossi avait donc raison…
    — Combien de temps compte-t-elle rester à Venise ? voulut savoir la comtesse.
    — Jusqu’à ce qu’on ait retrouvé le tableau.
    Elle réfléchit un instant, puis demanda :
    — Pourrais-tu faire traîner les recherches en longueur ?
    — Pourquoi le devrais-je ?
    — Si tu mets la main sur le Titien au bon moment, Marie-Sophie ne pourra plus refuser une invitation au palais Tron.
    La comtesse ferma les yeux, une expression de ravissement flottant sur son visage.
    — Ce serait le clou de la soirée. Que vas-tu lui dire à votre prochaine entrevue ?
    — Que j’ai percé à jour son incognito depuis le début.
    Comme il l’avait prétendu à Bossi. Les événements s’emboîtaient parfois de façon étonnante.
    — Au fait ! remarqua la comtesse en changeant de sujet. La princesse n’est pas du tout satisfaite du programme.
    — Je sais. Constancia Potocki intervient trop souvent à son goût.
    — Il faut reconnaître qu’elle n’a pas tort, dit la comtesse en fixant son fils avec attention. Tu as proposé à cette Polonaise de donner un concert chez nous, n’est-ce pas ? Pour renouer avec le public.
    Il hocha la tête.
    — Et tu n’as évoqué le cristal qu’en passant ?
    — C’était le seul moyen de l’inciter à se produire au palais Tron. Je pensais que j’arriverais à minimiser son rôle petit à petit.
    — Et maintenant ?
    — Elle pourrait tout annuler si elle apprenait qu’elle n’est là que pour le décor.
    — T’es-tu déjà risqué à quelques allusions dans ce sens ?
    Il secoua la tête.
    — Non, elle est trop… chatouilleuse à cet égard.
    — C’est toi qui as eu l’idée de l’inviter ! remarqua-t-elle.
    — Mais je ne l’aurais jamais eue si vous n’aviez pas donné ce nom absurde à la collection.
    — Qu’as-tu l’intention de faire maintenant ?
    — Je vais lui parler dès son retour. Elle est partie quelques jours à Trieste.
    — Alors, explique-lui sans ambages que vous vous êtes mal compris.
    — Et si jamais elle refuse ?
    La comtesse lança à l’autre bout de

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