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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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Qu’est-ce que la Kinsky vous a encore raconté ?
    — Que vous avez tenté de l’approcher.
    Il secoua la tête avec une expression de souffrance.
    — C’est exactement l’inverse, commissaire. Anna m’a fait les yeux doux dès le premier jour. Elle espérait que je divorcerais.
    — À cause de cette histoire avec Troubetzkoï ?
    Potocki hocha la tête.
    — Oui, mais loin de moi cette intention !
    — Pourquoi ?
    — Parce que je savais que, tôt ou tard, Constancia mettrait un terme à cette aventure. En outre…
    — En outre ?
    — Je l’aimais. Depuis quelques jours d’ailleurs, je savais que j’avais eu raison de ne pas la quitter.
    — Que s’est-il passé ?
    — Elle voulait rompre. Ce qui n’a pas plu à Troubetzkoï. Il était fou d’elle. Je crois qu’il commençait à lui peser.
    — Comment a-t-il réagi ?
    — Quand il a compris qu’elle était sérieuse, il l’a menacée.
    — Menacée ?
    — Il lui a dit qu’il n’aimait pas perdre. Et qu’aucune femme ne l’avait jamais abandonné. Mais il y a encore autre chose…
    Il réfléchit un instant.
    — Je crois que Constancia connaissait un secret.
    — Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
    — Il s’agissait d’un tableau.
    Tron fronça les sourcils.
    — Un Titien ?
    — Je l’ignore. Elle m’a juste dit que…
    — Que quoi ?
    — Que le grand-prince avait des ennuis.
    — Quand avez-vous discuté de cela ?
    — Ce matin. Elle m’a promis de mettre fin à leur relation. Je sais qu’ensuite, elle a écrit une lettre.
    — Vous pensez donc que Troubetzkoï aurait pu tuer votre épouse ?
    — C’est forcément quelqu’un qui la connaissait bien. Quelqu’un dont l’intrusion après les dernières notes de la mazurka ne l’a pas poussée à crier au secours. Et quelqu’un qui était sûr de pouvoir quitter la pièce sans passer par la cage d’escalier.
    — Oui, mais si le grand-prince avait emprunté l’escalier de service, Mme Kinsky aurait dû le voir.
    Potocki secoua la tête.
    — Pas nécessairement. Ils pourraient s’être manqués de peu.
    Le commissaire haussa les épaules, désemparé.
    — Je n’ai pas le plus petit soupçon de preuve contre Troubetzkoï. Même si je parvenais à démontrer qu’il entretenait une relation avec votre femme, cela n’impliquerait pas qu’il l’ait tuée. Et la grande-princesse n’hésitera pas à lui fournir un alibi.
    — Que comptez-vous faire, commissaire ?
    Un accent de supplique flottait dans cette question. Pendant un instant, Tron sentit monter en lui une vague de sympathie pour le veuf. Il regretta de devoir le décevoir.
    — En tout cas, je vais m’entretenir avec le grand-prince. Lui annoncer que votre épouse a été assassinée. Et m’efforcer d’établir si le palais Contarini a servi pour la fuite.
    — Troubetzkoï va nier leur relation.
    — Nous pourrions toujours interroger le personnel. Bien entendu, ce serait alors affirmation contre affirmation.
    — Et Troubetzkoï s’en sortirait indemne ?
    — Son statut de diplomate le protège de toute façon. Mais comme je vous le disais, je ne vois aucun indice prouvant à coup sûr qu’il est l’assassin.
    Le sourire de Potocki devint glacial. Bizarrement, il semblait avoir l’esprit toujours clair alors qu’il avait vidé au moins une demi-bouteille de cognac.
    — Le grand-prince, lâcha-t-il, jouit peut-être de l’immunité diplomatique, mais il n’est pas immortel.
    — Que voulez-vous dire par là ?
    Potocki releva la tête et dévisagea Tron avec des yeux qu’on eût dit en verre marron.
    — Que je n’ai plus rien à perdre, commissaire.

26
    Tron, vêtu de sa veste d’intérieur en velours serrée à la taille par un cordon, se pencha au-dessus de la table avec vivacité pour prendre la bouteille de veuve-clicquot dans le seau à champagne.
    — Tu en veux encore ?
    La princesse secoua la tête.
    — N’oublie pas que tu t’effondres d’un seul coup après une demi-bouteille.
    Il sourit d’un air entreprenant.
    — Aujourd’hui, je me sens frais comme un gardon !
    En tournant la tête, il nota qu’un souffle de vent montant du Grand Canal gonflait les rideaux de la chambre comme de petites voiles et imprimait des mouvements lascifs aux doux volants du baldaquin. Il était presque onze heures et demie. Tron supposait que – quel était le terme déjà ? – la fenêtre temporelle se serait fermée au plus tard à minuit, que Maria lui aurait en quelque sorte claqué les volets à

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