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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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fonctions et soit tombé en disgrâce dans son propre pays ? Dupleix victime de l’effet de Grasse ? En réalité, depuis la France, sa politique ne fut pas comprise par les directeurs de la Compagnie des Indes, qui s’inquiétaient de l’augmentation des effectifs militaires et craignaient avant toute chose la guerre avec l’Angleterre : « Point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelques augmentations de dividendes », voilà tout ce qu’ils attendaient de Dupleix. Comme le gouverneur n’était pas décidé à changer une politique qui s’était avérée efficace, les directeurs le destituèrent le 4 août 1754, nommant à sa place un certain Charles Godeheu, muni de l’ordre pour les troupes françaises de se retirer des positions stratégiques où Dupleix les avaient placées.
    Le tout, évidemment, à la plus grande satisfaction des Anglais, aux yeux desquels la disparition soudaine du glorieux vainqueur de Pondichéry, de ce damné Français qui menaçait leur présence en Inde, apparaissait comme providentielle. Désormais, ils avaient les mains libres dans un pays qui était pourtant à deux doigts de leur échapper par la faute de Dupleix.
     
    De retour en France, le gouverneur disgracié passa le reste de sa vie à poursuivre en pure perte la Compagnie des Indes devant les tribunaux. Il allait mourir dans la misère en 1763. À l’évidence, dans son cas, la postérité n’a pas incriminé le bon zhéro ! Elle est en effet passée à côté de Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville, secrétaire d’État à la Marine qui usa de son influence pour permettre le renvoi de Dupleix, croyant ainsi se concilier les bonnes grâces de l’Angleterre et éviter la guerre. Ce fut raté sur toute la ligne ! Non seulement cette mauvaise décision fit perdre à la France la plus riche de ses conquêtes, mais les Anglais, bien plus malins que nous en l’occurrence, allaient s’y montrer les fidèles continuateurs de Dupleix, en adoptant la même stratégie que lui. Enfin, la France, qui avait voulu faire le dos rond et éviter un conflit avec l’Angleterre, sera finalement entraînée dans la guerre de Sept Ans. Cette bévue, parmi d’autres, vaudra plus tard à Machault d’Arnouville le surnom de « plus bête de tous les ministres de Louis XV ». En France, on mettra un certain temps à réaliser ce que l’on a perdu ; le grand Voltaire lui-même, commentant l’abandon de la politique de Dupleix en Inde, fera ce commentaire navrant : « C’est une querelle de commis pour de la mousseline et des toiles peintes. » Comme quoi, même les plus grands génies peuvent perdre de bonnes occasions de se taire !
     
    S’il fut désavoué, pis, oublié par ses contemporains, Dupleix rentra progressivement en grâce dans nos livres d’histoire. Preuve qu’il ne saurait être retenu parmi les zhéros, une station du métro parisien porte son nom, ce qui, nous semble-t-il, est un assez bon indicateur du degré de popularité et de mérite des personnages historiques. Parmi les personnages évoqués jusqu’à présent, seuls La Motte-Piquet, Denfert-Rochereau, héroïque défenseur de Belfort contre les Prussiens, et le marquis de La Fayette ont donné leur nom à une station de métro. Notons toutefois que cette corrélation entre popularité et station de métro souffre quelques exceptions, à en juger notamment par l’existence de stations Félix Faure et Robespierre !
     
    Joseph de Montcalm, lieutenant général des armées en Nouvelle-France, est un cas de zhéro moins contestable que celui de Dupleix. De nos jours, on lui fait plus ou moins porter le chapeau de la perte du Canada, mais, à l’époque, la France fit tout pour atténuer sa responsabilité, afin que le déshonneur de sa défaite dans les plaines d’Abraham, à Québec, ne retombe pas sur l’armée. La plaque commémorative déposée au lieu de son attaque contre les Anglais est assez révélatrice d’un certain malaise : « Montcalm, quatre fois victorieux, une fois vaincu. Toujours au grand honneur de la France. Blessé à mort ici le 13 septembre 1759. »
    Quatre fois victorieux, une fois vaincu, sans doute ! Mais, en l’occurrence, mieux aurait valu le contraire, car cette ultime défaite entraîna la reddition de l’armée française et à court terme la perte de la Nouvelle-France. La traduction anglaise de cette même plaque commémorative laisse songeur : The gallant, goo d, and great Montcalm ;

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