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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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four times deservingly victorious and at last defeated through no fault of his own . En somme, encore un « galant loser » vaincu à l’insu de son plein gré ! Pour le coup, c’est à se demander si les Anglais sont sincèrement fair-play ou totalement faux jetons ?
    Montcalm est battu dans les plaines d’Abraham, le 13 septembre 1759, après s’être rué sur quelques Anglais très inférieurs en nombre. W.J. Eccles, auteur britannique de The French in North America, 150 0— 1783 , n’y va pas de main morte pour accabler le lieutenant général français : « L’ennemi virtuellement à sa merci, Montcalm choisit la seule ligne de conduite qui lui garantissait la défaite. Il décida d’attaquer sur-le-champ avec les troupes qu’il avait sous la main, sans attendre que Bougainville le rejoigne avec ses hommes. Il négligea même d’avertir celui-ci que l’ennemi avait débarqué, comptant que les avant-postes s’en chargeraient. » S’ensuit tout naturellement une défaite dramatique qui se solde par la mort de Montcalm et la reddition le 18 septembre des troupes françaises cantonnées à Québec.
    Un an après cette reddition, le gouverneur général Pierre de Rigaud de Vaudreuil, supérieur hiérarchique de Montcalm, présentera à Montréal la capitulation générale de l’armée de la Nouvelle-France. Le Canada est perdu. En France, on cherche aussitôt le bouc émissaire auquel imputer la défaite. Nous l’avons dit, il n’est alors pas question d’incriminer Montcalm, car son déshonneur rejaillirait sur l’ensemble de l’armée française. Or nous avons vu avec Chaumareys à quel point l’armée savait se montrer solidaire et discrète lorsqu’il s’agissait de sauver sa réputation. Puisque Montcalm ne peut être coupable, ce sera donc Vaudreuil, qui lui n’est pas un soldat mais un fonctionnaire canadien placé à la tête de l’administration coloniale : « On imputa donc la perte du Canada non pas à l’incompétence de Montcalm comme général d’armée, non pas à la supériorité de la petite armée régulière anglaise sur les bataillons français, lors d’un unique et bref combat qui n’aurait même pas dû être livré, mais bien à Vaudreuil et aux fonctionnaires de la colonie. Dans la lettre de réprobation que Berryer, ministre de la Marine, écrivit à Vaudreuil sur l’ordre du roi, le nom de Montcalm n’était pas mentionné » (W. J. Eccles).
     
    Entre l’officier français et le fonctionnaire canadien, les rôles du héros et du zhéro étaient distribués d’avance. Nos lointains « cousins » de la Belle Province ne contestent d’ailleurs pas à Montcalm le titre de héros, car ils n’en ont pas tant que cela à se mettre sous la dent ! S’ils considèrent la bataille des plaines d’Abraham comme le Waterloo québécois, ils n’en sont pas à comparer Montcalm à Grouchy. Cela ne les empêche pas de lui reconnaître des torts : son défaitisme, son caractère vaniteux et borné d’officier français n’en faisant jamais qu’à sa tête et privilégiant notamment l’art de combattre à l’ancienne, là où un Vaudreuil avait compris qu’il fallait mener une guerre de raids éclair, ses intrigues constantes contre son supérieur dont il contestait sous cape toutes les décisions… Joli héros que voilà !
    En 1763 (année de la mort de Dupleix), la France cédait définitivement le Canada et ses dépendances à la Grande-Bretagne par le traité de Paris. Tout ce qu’il nous reste aujourd’hui de ce vaste territoire, ce sont les petites îles de Saint-Pierre et Miquelon, un endroit aussi hospitalier que les Kerguelen !
     
    Même si Montcalm est un zhéro plus « recevable » que Dupleix, il faut admettre que ni l’un ni l’autre de ces messieurs ne sont bien convaincants dans ce rôle. Pour ne pas laisser nos lecteurs sur leur faim, nous conclurons donc le présent chapitre par une brève incursion dans le XX e siècle avec l’évocation d’un vrai nul bien de chez nous : le ministre Eugène Étienne. Son nom ne vous dit rien ? C’est tout à fait normal ! Sachez cependant qu’avec la chevalerie française à Crécy qui perdit à trois contre un, Maginot, Berthelot et les officiers qui firent le choix stratégique de la cuvette de Diên Biên Phu, il est l’un de ces « Gaffeurs sur terre » évoqués par Regan Geoffrey dans un chapitre de Military Blunders intitulé : « Le pantalon rouge » (en français dans le texte). Voici ce dont

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