Guerre Des Gaules
à voiles et à rames, disposition que facilite beaucoup
leur faible hauteur. Ce qui est nécessaire à leur armement, il le
fait venir d'Espagne. Puis, ayant achevé de tenir ses assises dans
la Gaule citérieure, il part pour l'Illyricum, sur la nouvelle que
les Pirustes désolaient par leurs incursions les confins de la
province. Dès son arrivée, il ordonne aux cités de lever des
troupes et leur fixe un point de rassemblement. Quand ils
apprennent la chose, les Pirustes lui envoient des députés pour lui
dire que la nation n'est pour rien dans ce qui s'est passé, et se
déclarent prêts à fournir toutes les satisfactions qu'il exigera.
Après les avoir entendus, César leur ordonne de lui livrer des
otages et fixe le jour de la remise : en cas de manquement, ce
sera la guerre. On les amène au jour dit, selon ses ordres ;
il nomme des arbitres pour estimer les dommages subis par chaque
cité et en fixer la réparation.
2. Ayant réglé cette affaire et tenu ses
assises, il retourne dans la Gaule citérieure, et de là, part pour
l'armée. Dès son arrivée, il visite tous les quartiers d'hiver et
trouve tout équipés, grâce à l'activité singulière des troupes,
alors qu'on manquait de tout, environ six cents navires du type que
nous avons décrit plus haut, et vingt-huit vaisseaux longs :
il ne manquait pas grand-chose pour qu'on pût les mettre à la mer
sous peu de jours. Il félicite les soldats et ceux qui ont dirigé
l'entreprise, explique ses intentions, et ordonne que tous se
concentrent à Portus Itius, d'où il savait que la traversée était
la plus aisée, et d'où il n'y a que trente milles environ du
continent en Bretagne ; il laissa les effectifs qu'il jugea
nécessaires pour cette opération. Quant à lui, prenant quatre
légions sans bagages et huit cents cavaliers, il se rend chez les
Trévires, parce qu'ils s'abstenaient de venir aux assemblées, ne
reconnaissaient pas son autorité et essayaient, disait-on,
d'attirer les Germains trans-rhénans.
3. Ce peuple a la plus forte cavalerie de
toute la Gaule, une infanterie nombreuse et il touche, comme nous
l'avons dit, au Rhin. Deux hommes s'y disputaient le pouvoir
Indutiomaros et Cingétorix. Celui-ci, dès qu'on sut l'approche de
César et de ses légions, vint le trouver, donna l'assurance que lui
et les siens resteraient dans le devoir et ne trahiraient pas
l'amitié du peuple romain, et l'instruisit de ce qui se passait
chez les Trévires. Indutiomaros, au contraire, se mit à lever de la
cavalerie et de l'infanterie et à préparer la guerre, cachant dans
la forêt des Ardennes, qui s'étend sur une immense étendue, au
milieu du territoire des Trévires, depuis le Rhin jusqu'aux
frontières des Rèmes, ceux à qui leur âge ne permettait pas de
porter les armes. Puis quand il voit qu'un assez grand nombre de
chefs trévires, cédant à leur amitié pour Cingétorix et à la
frayeur que leur causait l'arrivée de nos troupes, se rendaient
auprès de César et, ne pouvant rien pour la nation, le
sollicitaient pour eux-mêmes, il craint d'être abandonné de tous et
envoie des députés à César : « S'il n'avait pas voulu
quitter les siens et venir le trouver, c'était pour pouvoir mieux
maintenir la cité dans le devoir, car on pouvait craindre que, si
tous les nobles s'en allaient, le peuple, dans son ignorance, ne se
laissât entraîner ; la cité lui obéissait donc, et si César y
consentait, il viendrait dans son camp placer sous sa protection sa
personne et la cité. »
4. César n'ignorait pas ce qui lui dictait ces
paroles et ce qui le détournait de ses premiers desseins ;
pourtant, ne voulant pas être contraint de passer tout l'été chez
les Trévires quand tout était prêt pour la guerre de Bretagne, il
ordonna à Indutiomaros de venir avec deux cents otages. Quand
celui-ci les eut amenés, et parmi eux son fils et tous ses proches
que César avait réclamés nommément, il le rassura et l'exhorta à
rester dans le devoir ; mais il n'en fit pas moins comparaître
les chefs trévires et les rallia un à un à Cingétorix : ce
n'était pas seulement une juste récompense de ses services ;
César voyait aussi un grand intérêt à fortifier autant que possible
le crédit d'un homme en qui il avait trouvé un exceptionnel
dévouement. Ce fut pour Indutiomaros un coup sensible, que de se
voir mis en moindre faveur auprès des siens ; et lui qui déjà
nous était hostile, il en conçut un ressentiment qui
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