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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Corne d’Occident [20] . C’est un endroit extraordinaire. Un fleuve immense s’y jette par des
dizaines de bras séparés par des îles à la végétation luxuriante. Les habitants
n’y ont guère le sens de l’hospitalité. À plusieurs reprises, alors que nous
longions le rivage, ils ont tiré des flèches dans notre direction. Un jour,
nous avions mouillé sur une petite île pour faire provision d’eau et de viande.
J’avais autorisé les rameurs à descendre à terre. Ils l’avaient bien mérité.
Malheureusement, nous avons été attaqués par une véritable nuée d’hommes et de
femmes en furie. Nous avons perdu une cinquantaine de rameurs.
    Fort
heureusement, avec mes soldats, j’ai pu découvrir les villages où vivaient nos
assaillants. Je les ai incendiés et j’ai capturé une centaine d’hommes. J’ai
choisi les plus jeunes et les plus robustes pour remplacer les hommes qu’ils
m’avaient tués.
    — Et
les autres ?
    — Ils
ont subi le sort que Carthage réserve à ses ennemis.
    — Cette
Corne d’Occident était bien le point le plus éloigné atteint par Hannon.
    — Non,
il était allé plus loin, jusqu’à un endroit appelé la Corne du Sud, où une
haute montagne crache des torrents de feu [21] . J’ai navigué dans cette direction mais une forte tempête m’a obligé à
me mettre à l’abri. Il m’a fallu attendre un mois avant de pouvoir reprendre la
mer et gagner l’île qui se trouve en face de la montagne de feu. L’endroit
n’était pas de ceux où l’on aime à s’attarder. Aussi, dès qu’un vent favorable
s’est levé, j’ai préféré reprendre la route de Carthage. Il me fallait profiter
de cette brise bienfaisante.
    — Tu
n’as pas retrouvé de descendants des compagnons d’Hannon ?
    — J’en
suis le premier désolé. Je n’ai vu nulle part les ruines des cités qu’ils
auraient dû édifier. J’ai l’impression que cette terre inhospitalière les a
dévorés. Ils n’ont pas dû survivre plus d’une année et sont sans doute morts de
faim ou de maladie à moins qu’ils n’aient été massacrés par ces maudits
sauvages.
    — Peut-être
ont-ils cherché refuge à l’intérieur des terres dans des sites plus
agréables ?
    — J’y
ai pensé, vois-tu, notamment après que l’un des sauvages capturés a eu une
curieuse réaction en voyant sur le bouclier d’un de mes soldats le signe de
notre Mère Tank. Celui-ci ne lui semblait pas inconnu. J’ai tenté de nouer le
dialogue avec lui en me servant de mes mains car mon interprète ne parlait pas
sa langue. J’ai bien vite compris qu’il avait feint l’étonnement pour se faire
passer pour quelqu’un d’important et pour ne pas se retrouver dans la cale avec
ses compagnons d’infortune. Non, crois-moi, Hamilcar, les colonies de Carthage
dans cette région ont disparu bel et bien.
    — Il
faudra peut-être en fonder un jour de nouvelles !
    — La
décision ne nous appartient pas. Maintenant, pardonne-moi, mais il se fait tard
et je compte partir demain matin dès les premières lueurs de l’aube. C’est la
raison pour laquelle je t’ai demandé de passer la nuit à bord. J’ai encore
quelques ordres à donner. Je te laisse rejoindre tes compagnons qui t’attendent
après le repas que je leur ai fait servir. Lorsque nous nous reverrons, la
terre ferme sera déjà loin.
    Hamilcar
retrouva Épicide et Juba qui avaient largement fait honneur au vin
d’Abdmelqart. Il n’eut pas le courage de les tancer car, après tout, rien, si
ce n’est l’amitié qu’ils lui portaient, ne les obligeait à le suivre. Il
plaisanta donc avec eux pendant quelques moments puis se leva, montrant par là
qu’il était temps de prendre un peu de repos. Épicide gagna la pièce qui lui
avait été affectée et le fils d’Adonibaal, suivi de Juba, pénétra dans un
étroit réduit où deux couches avaient été installées côte à côte.
    Les deux
jeunes gens se déshabillèrent en riant. Ils avaient l’habitude de dormir nus et
se jetèrent sur les matelas disposés à même le sol. Hamilcar était heureux de
se retrouver avec Juba. C’était un jeune prince numide dont le père avait été
longtemps l’ennemi de Carthage. Contraint de signer un traité de paix avec la
cité d’Elissa, il avait dû laisser en otage son fils aîné, Juba. Parce qu’il
avait l’âge d’Hamilcar, Adonibaal avait proposé au Conseil des Cent Quatre de
lui confier la garde du garçon et celui-ci avait

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