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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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le
premier à éperonner l’adversaire et à lui porter un coup fatal. Il y va de leur
vie. Rien de tel pour stimuler l’ardeur d’un homme.
    À la nuit
tombée, un matelot vint chercher Hamilcar. Abdmelqart l’attendait pour dîner à
l’avant du navire.
    — Merci
de ton invitation. Elle me va droit au cœur car je n’aurais pas aimé passer
seul ma dernière soirée à Carthage.
    — Je
l’ai deviné, fils d’Adonibaal. Moi aussi, il y a bien longtemps de cela, je me
suis trouvé dans pareille situation et je me rappelle toujours avec gratitude
le geste qu’eut alors pour moi le capitaine de la trirème à bord de laquelle je
m’étais embarqué.
    — Depuis
combien de temps sers-tu dans notre marine ?
    — Une
trentaine d’années peut-être, je ne m’en souviens pas au juste, durant
lesquelles j’ai le plus souvent été loin de Carthage.
    — Tu
as beaucoup voyagé ?
    — Plus
que tu ne le penses et peut-être plus que je ne l’aurais moi-même souhaité !
    — As-tu
dépassé les colonnes de Melqart ?
    — Oui.
Longtemps, je me suis contenté de naviguer sur la grande mer, me rendant en
Sicile, en Sardaigne, à Tartessos [18] et sur les côtes de la Gaule pour y escorter des navires marchands.
Puis, un jour, l’Amirauté, jugeant sans doute que j’étais un capitaine
expérimenté, me confia une mission particulièrement importante : partir
sur les traces d’Hannon. Mais, avant que nous en parlions, faisons honneur au
repas qui nous attend.
    Abdmelqart
claqua des doigts et plusieurs marins disposèrent sur une table basse un
plateau couvert de viandes rôties et un autre de fruits cependant qu’un esclave
versait du vin dans deux coupes ornées de poignées en ivoire. Hamilcar fit
honneur au repas préparé par son hôte. Toutes les émotions connues depuis les
derniers jours avaient aiguisé son appétit. A la veille d’un long voyage, il
sentait confusément qu’il devait reprendre des forces et dévorait donc à belles
dents les morceaux de bœuf et de mouton encore tout fumants. Puis il termina
ces agapes par quelques grappes de raisin et plusieurs figues pulpeuses.
    — Abdmelqart,
merci de ce véritable festin. Sache que mon père Adonibaal sera informé de la
chaleur de ton accueil et de ta générosité. Mais tu dois maintenant satisfaire
ma curiosité que tu as éveillée par tes propos.
    Tu m’as
dit que l’Amirauté t’avait chargé de partir sur les traces d’Hannon. Tu veux
parler du grand amiral dont les exploits sont connus même des Grecs ?
    — Oui,
c’est bien de lui dont je parle. Tu sais que le récit de son périple a été
gravé sur des tablettes déposées dans le temple d’Eshmoun. Il fut le premier à
franchir les colonnes de Melqart, là où les eaux de deux mers se rejoignent, et
à naviguer, loin, très loin, vers le sud, avec des navires transportant plus de
trente mille personnes. Il était revenu, chargé d’or et de marchandises
diverses, mais nul, depuis, n’a plus jamais entendu parler des colonies qu’il
avait fondées sur son chemin.
    — Carthage
ne s’en est donc jamais préoccupée ?
    — Notre
ville, fils d’Adonibaal, se préoccupe de ses enfants lorsqu’ils sont près de
lui ou lorsqu’ils lui font parvenir des richesses. Mais il ne faut pas compter
sur elle pour dépenser en vain son argent. Puisque les cités fondées par Hannon
n’avaient pas donné de leurs nouvelles, à quoi bon se soucier d’elles ? La
ville d’Elissa les oublia donc.
    — Pourquoi
t’avoir envoyé à leur recherche ?
    — Il
ne s’agissait pas de les retrouver mais d’explorer des routes commerciales
délaissées depuis longtemps. Crois-moi, ce fut un rude voyage. Entre notre
départ et notre retour, il s’écoula près de trois années et, plus d’une fois,
j’ai bien cru que je ne reverrais jamais les murailles de Carthage. J’ai perdu
plus de la moitié de mon équipage et j’ai dû recruter des rameurs sur place, faute
de quoi mes os blanchiraient quelque part dans ces contrées infernales.
    — Pourquoi
infernales ?
    — Infernales
comme la chaleur qui y règne. Crois-moi, Hamilcar, lorsque nos concitoyens
pestent contre les trop fortes chaleurs de l’été ou contre la sécheresse qui
s’abat sur notre ville et ses environs, j’ai envie parfois de les accuser
d’ingratitude. Même la plus chaude des journées que tu aies connues est un
véritable don du ciel comparé à ce qui attend le voyageur au sud des

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