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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Caïus Cornélius vint
rejoindre Hamilcar :
    — Noble
Hamilcar, notre consul te prie de l’excuser. Il est trop longtemps resté exposé
au soleil et souffre d’un mal de tête.
    — Rien
de grave, j’espère ?
    — Non.
Mais Appius Claudius est un citadin. Il n’a pas l’habitude de la vie en plein
air.
    — Je
souhaite qu’il se rétablisse le plus rapidement possible. Puisse Eshmoun
exaucer mon vœu !
    — Il
sera sensible à cette attention de ta part. Il m’a demandé de te tenir
compagnie ce soir avec l’un de mes amis, Marcus Atilius Regulus, lui aussi fils
de sénateur. Il nous attend sous sa tente.
    Conduit
par Caïus Cornélius Scipion, Hamilcar fut présenté à un homme de haute taille,
ayant largement dépassé la trentaine, dont le visage était empreint de fermeté.
    — Bienvenue
à toi, Hamilcar Barca. Mon ami Caïus Cornélius Scipion a dû te dire que je suis
fils de sénateur comme lui et comme toi. Voilà une bien curieuse coïncidence.
Prenons place pour le repas.
    Les trois
hommes procédèrent aux ablutions traditionnelles avant de s’installer sur des
lits de repos tandis que les esclaves s’affairaient pour couvrir la table de
mets raffinés et remplir les coupes d’un vin lourd et capiteux. Caïus Cornélius
Scipion fut le premier à rompre le silence :
    — Hamilcar,
puis-je te poser une question ?
    — Laquelle ?
    — Comment
se fait-il que toi, fils d’un membre du Conseil des Cent Quatre, tu aies choisi
de devenir militaire ?
    — Je
pourrais te poser la même question !
    — C’est
vrai, mais, à Rome, un fils de sénateur, s’il désire succéder à son père, doit
servir dans l’armée puis exercer différentes charges, tant civiles que
militaires. Je ne crois pas que cela soit le cas à Carthage.
    — Tu
as raison et c’est ce que mon père n’a cessé de me répéter pour me dissuader de
mettre à exécution mon projet. Il rêvait pour moi d’une autre carrière,
analogue à la sienne.
    — Celle-ci
ne te tente pas ?
    — Je
n’ai pas de goût pour la politique et pour les intrigues. Mendier les faveurs
de tel ou tel personnage, flatter tel camp au détriment d’un autre, tout cela
ne me passionne guère. J’ai horreur du mensonge et de l’hypocrisie. Au fond,
une seule chose m’intéresse.
    — Laquelle ?
    — Défendre
ma patrie contre ceux qui la menacent. Ne ferais-tu pas de même ?
    — Assurément.
Mais une patrie peut se révéler être une marâtre indigne de l’amour qu’on lui
porte. Imaginons que Carthage se comporte mal avec les tiens et les condamne à
l’exil. Serais-tu toujours prêt à mourir pour elle ?
    — Ta
question est délicate. Si les miens étaient bannis, mon premier souci serait
d’obtenir leur rappel car ils n’auraient pu être victimes que d’une injustice
ou d’une erreur. Cela dit, quoi qu’il en soit, mon glaive serait toujours prêt
pour Carthage. Peu m’importent au fond ses dirigeants. Ce que j’aime dans cette
ville, c’est son art de vivre, une douceur de l’existence à nulle autre
pareille, la joie simple de ses habitants lors de nos grandes fêtes, la
quiétude paisible des soirées à la belle saison, le crépitement des flammes
durant la période des frimas, l’odeur du sol quand revient le printemps, le
goût d’une grappe de raisin dévorée à l’ombre d’un figuier, le clapotis de
l’eau sur le bord de la mer, le parfum des fleurs dans nos jardins. Oui, pour
tout cela, je suis prêt à donner ma vie.
    — Tu
es décidément un être curieux, dit d’un ton mi-ironique, mi-sérieux Marcus
Atilius Regulus, jusque-là silencieux. Tu ne parles pas en soldat mais en
philosophe ou en poète.
    — Les
deux ne sont pas incompatibles.
    — Et
que fais-tu de la crainte que ta cité doit inspirer aux autres villes ?
Que fais-tu de la puissance qu’elle doit posséder ? Te soucies-tu des
conquêtes qu’elle doit faire pour préserver son existence et son
indépendance ? N’as-tu point envie de la voir régner sans partage sur le
monde et imposer de lourds tributs aux autres peuples ?
    — Dans
quel dessein ?
    — Par
amour du pouvoir.
    — Je
t’ai déjà dit que je n’ai pas de goût pour celui-ci.
    — Tu
as tort, Hamilcar Barca. Moi, Marcus Atilius Regulus, je ne cache pas que je
rêve d’être un jour élu consul pour mieux œuvrer à la gloire de Rome. Et je
ferai tout alors pour parvenir à mon but, dussé-je le payer de ma vie. Je le
ferai pour la cité

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