Hamilcar, Le lion des sables
dans Acragas et dépêcha Hamilcar à Carthage afin qu’on lui fît
parvenir des secours et des troupes fraîches. Le tableau de la situation que
dressa aux membres du Conseil des Cent Quatre le fils d’Adonibaal convainquit
ses interlocuteurs d’agir promptement. Des agents recruteurs furent expédiés
sur les côtes espagnoles, en Gaule et en Sardaigne afin de lever des milliers
de mercenaires, archers, frondeurs ou fantassins. Carthage s’engageait à les
payer à la fin de la guerre en bonnes pièces d’or et d’argent et prenait à sa
charge leur entretien durant toute la campagne et leur transport. Les candidats
affluèrent. La cité d’Elissa avait la réputation d’être généreuse envers ceux
qui acceptaient de la défendre. Certes, ses généraux étaient impitoyables sur
le plan de la discipline. La moindre faute était punie du fouet et les
déserteurs, une fois repris, périssaient dans d’atroces supplices. Mais les
officiers fermaient les yeux sur les agissements de leurs hommes lorsqu’ils
s’emparaient d’une cité. L’argent que ceux-ci tiraient de la vente de leur
butin dépassait de très loin le montant de leur solde, au demeurant bien
confortable. Carthage était un employeur généreux et bon nombre de jeunes
guerriers rêvaient de la servir pour se constituer une petite fortune et
pouvoir ensuite acheter des terres et une maison. Ses agents recruteurs furent
donc bien accueillis par les Ibères, les Celtes et les Sardes. Ils choisirent
les hommes les plus robustes et les plus valeureux que des navires vinrent
chercher. Les nouvelles recrues furent encadrées, dès leur arrivée à Carthage,
par quelques vétérans des campagnes passées, d’anciens mercenaires qui, en
récompense de leurs bons et loyaux services, avaient été faits citoyens de la
ville et élevés au rang d’officiers.
Hamilcar,
pour sa part, reçut l’ordre de lever un corps de dix mille cavaliers chez les
Numides. Alliés turbulents des Carthaginois, ils étaient réputés pour leur
bravoure et pour leur résistance. À plusieurs reprises dans le passé, Carthage
avait dû ses victoires sur le champ de bataille aux charges intrépides de ces
cavaliers hors pair, capables d’enfoncer les lignes ennemies en taillant dedans
à grands coups de glaive. Pour recruter les futurs mercenaires numides,
Hamilcar disposait d’un atout de poids en la personne de Juba. Ce dernier
s’était d’ailleurs immédiatement proposé pour l’accompagner et l’avait présenté
à son père qui régnait sur les Numides. Le vieux roi avait été tout surpris de
retrouver son fils après tant d’années de séparation. Juba était devenu un vrai
Carthaginois et ne semblait guère pressé de mettre un terme à sa condition
d’otage. Ses frères et ses sœurs le fêtèrent, se bousculant joyeusement pour
l’observer et s’extasier devant la richesse de ses vêtements et de ses armes.
Le souverain, convaincu qu’il ne pouvait opposer un refus à Carthage, laissa
les agents recruteurs de celle-ci opérer sur son territoire.
À son
retour, Hamilcar fit une entrée joyeuse à Carthage avec ses cavaliers numides
montant à cru leurs petits chevaux. Des milliers de mercenaires étaient présents
dans la ville. Venus de Tartessos, de Gaule ou de Sardaigne, ils contemplaient
avec étonnement les temples et les édifices publics ainsi que les luxueuses
marchandises exposées sur les étals des commerçants. Jamais ils n’avaient vu
pareil déploiement de richesses. Dans leurs rudes dialectes, ils échangeaient
leurs impressions. Le soir, ils commentaient leur journée en buvant du vin dans
les auberges situées près du port marchand. Les habitants de la cité les
traitaient amicalement, heureux de constater que des hommes de cette vaillance
acceptent de partir guerroyer au loin pour eux.
Un matin,
un message du Conseil des Cent Quatre informa Hamilcar que le départ de l’armée
envoyée au secours d’Hannibal le prudent aurait lieu le lendemain. Le
commandement de l’expédition avait été confié à l’amiral Hannon qu’il avait
croisé à plusieurs reprises chez son père. Plusieurs dizaines de navires
quittèrent Carthage et cinglèrent vers la Sicile. On avait même embarqué des
éléphants, une cinquantaine au total, des animaux redoutables dont les vieux
soldats racontaient les exploits. Bien menés par des conducteurs expérimentés,
ils pouvaient, en chargeant, enfoncer les lignes ennemies et provoquer la
panique
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