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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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et Hamilcar ne put s’empêcher d’éprouver de
l’admiration pour ces magnifiques animaux obéissant fidèlement aux instructions
de leurs conducteurs. Solidement harnachés, les pachydermes, dès qu’ils
entendaient le bruit des glaives s’entrecroisant, poussaient des cris rauques
et effrayants et frappaient le sol avec l’une de leurs pattes. À lui seul, leur
barrissement semait la terreur dans les rangs de l’ennemi. Lorsqu’ils
s’avançaient, à pas lents puis plus rapides, tout en relevant parfois
orgueilleusement leur trompe, on avait l’impression de voir une gigantesque
muraille se déplacer sur le sol et écraser tout sur son passage. Surpris par
l’apparition des éléphants, les Romains furent saisis de panique et
abandonnèrent bon nombre de leurs positions. Les plus chanceux parvinrent à
s’enfuir à temps, les autres furent piétines sans pitié par les animaux.
Hamilcar vit ainsi un éléphant projeter en l’air avec sa trompe un légionnaire,
puis écraser avec sa patte le corps déjà sans vie du Romain. Et la même scène
se répéta à plusieurs reprises.
    À la fin
de la journée, les Carthaginois s’installèrent sur la colline de Toros, à dix
stades du camp romain, dont on apercevait la palissade faite de rondins.
Curieusement, Hannon ne tenta pas d’exploiter ce premier succès. Pendant
plusieurs jours, il demeura inactif, se préoccupant à peine des quelques
engagements mineurs mettant aux prises patrouilles romaines et carthaginoises.
À Acragas, Hannibal le prudent enrageait. Les provisions commençaient à manquer
et il redoutait que les habitants de la cité ne le supplient de capituler ou
n’ouvrent leurs portes aux consuls. Aussi fit-il prévenir Hannon par un
émissaire qui risqua sa vie pour franchir, au prix de mille ruses, les lignes
ennemies. L’homme était porteur d’un seul message : attaquez, faute de
quoi je ne réponds plus de la situation dans la ville.
    Hannon dut
s’exécuter à contrecœur. Depuis sa précédente victoire, la tête lui avait un
peu tourné. Devant ses officiers, il discourait longuement de l’art militaire
et, plus d’une fois, Hamilcar avait dû s’esquiver pour ne pas s’esclaffer en
entendant les tirades sentencieuses de l’amiral. Pour cet engagement décisif,
Hannon, contrairement à l’avis de ses subordonnés, décida de s’appuyer sur les
fantassins et de ne pas utiliser la cavalerie et les éléphants. Ibères, Gaulois
et Sardes partirent donc à l’attaque avec courage mais dans le plus grand
désordre. Le consul Postumius jeta toutes ses troupes dans la bataille.
Infligeant de lourdes pertes aux mercenaires, il les fit refluer vers le camp
carthaginois où ils semèrent la confusion. La panique s’empara des fantassins
qui s’enfuirent vers Hérakléia. Demeuré avec ses cavaliers numides, Hamilcar
batailla ferme pour protéger la retraite d’Hannon mais dut, à son tour, se
replier quand la cavalerie romaine arriva sur le champ de bataille. Il ne put
même pas emmener avec lui les éléphants dont les conducteurs avaient disparu.
    Le soir,
sous la tente d’Hannon, eut lieu une réunion orageuse entre l’amiral et les
officiers placés sous ses ordres. Les chefs mercenaires n’étaient pas les moins
virulents. L’un d’entre eux, un Sarde, apostropha le responsable du
désastre :
    — Nous
sommes prêts à mourir pour Carthage mais nous aimerions être commandés par de
vrais généraux.
    — Qu’insinues-tu
par là ?
    — Que
tu n’es pas un bon général, Hannon. Tu nous as laissés partir au combat sans
protection.
    — Mon
armée était prête à se mettre en mouvement mais vous avez créé la panique en
vous enfuyant.
    — Nous
n’aurions pas fui si la cavalerie s’était portée à notre secours. Or tu n’as
donné aucun ordre en ce sens.
    Hamilcar
se garda bien d’intervenir. Ce qu’il aurait pu dire aurait accablé un peu plus
Hannon. Ce dernier lui avait en effet interdit de venir en aide aux
mercenaires, « ces lâches qui ne méritent pas la solde que leur verse
Carthage ». S’il avait pu mener ses Numides à l’assaut des Romains,
l’affaire aurait peut-être pris un autre tour. Mais il était trop tard pour
inverser le cours des choses.
    Après la
réunion, le fils d’Adonibaal rejoignit Épicide et Juba. Il ne desserra pas les
dents de la soirée. C’était sa première défaite et il se sentait déshonoré,
humilié et sali. Au loin, il entendait les cris de joie

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