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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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officier
s’approchait. Aucun d’entre eux n’avait envie de se retrouver attaché à un
chariot pour y être fouetté jusqu’au sang.
    Le siège
commença. Les Syracusains tardèrent à occuper les positions qui leur avaient
été assignées. Ils s’étaient dispersés dans les environs de la ville pour
piller les propriétés des Mamertins. Ils se vengeaient ainsi des exactions
commises sur le territoire de Syracuse par les mercenaires. De leur camp, les
Carthaginois pouvaient distinguer la lueur des incendies et virent leurs alliés
revenir, poussant devant eux des milliers de têtes de bétail et des centaines
d’esclaves hébétés qui furent affectés à des travaux de terrassement. Messine
était coupée du reste de la Sicile mais la garnison romaine, stationnée dans la
citadelle, était ravitaillée par des navires venant de Rhêgion. Avec l’arrivée
de la mauvaise saison, les opérations se ralentirent. Les assiégés
s’abstenaient prudemment de tenter la moindre sortie et les assaillants,
grelottant de froid, se gardèrent bien de lancer une attaque.
    Un matin,
Hannibal le prudent convoqua Hamilcar :
    — Que
penses-tu de la situation ?
    — La
grogne gronde chez nos hommes. Ils ne comprennent pas pourquoi nous restons là
sans rien faire et je partage leur avis. Nous devrions demander à Carthage de
nous envoyer une flotte pour bloquer le détroit.
    — Tu
sais bien que cela est impossible avant plusieurs semaines. Tant que dure la
mauvaise saison, aucun navire ne quittera le port militaire. Il est vain de
vouloir braver la colère des flots, rétorqua Hannibal le prudent.
    — Tu
as raison, mais à quoi sert d’immobiliser autant de forces alors que nos alliés
syracusains sont assez nombreux pour suffire à la tâche ?
    — Que
suggères-tu ?
    — Laissons
ici environ un millier d’hommes et, avec le reste, rendons-nous dans nos
possessions. Une démonstration de notre force n’est peut-être pas inutile pour
raffermir le courage de nos alliés.
    — Aurais-tu
eu vent de certaines rumeurs ?
    — Rien
de précis, tout au plus un pressentiment. Ils peuvent nous garder rancune de
nos relations privilégiées avec Hiéron et nous reprocher de les négliger tant
que nous n’avons pas besoin d’eux. Crois-moi, il serait plus sage de nous
rendre à Acragas [24] la principale ville de l’île après Syracuse, et de montrer à ses
magistrats que Carthage ne ménage pas sa peine pour les protéger.
    — Tu
as raison. Nous partirons dans trois jours après avoir informé le général
syracusain de nos intentions. Quand reviendra la belle saison, nous les
rejoindrons et nous prendrons Messine.
    Les
Syracusains ne s’opposèrent pas au départ de leurs alliés et furent même
surpris d’apprendre que mille soldats carthaginois continueraient à se battre à
leurs côtés. Hamilcar avait vu juste. Les villes grecques alliées de la cité
d’Elissa reçurent leurs troupes avec des transports d’amitié et de grandes
manifestations de joie. Dans bien des endroits, leur venue provoqua un
changement d’attitude chez les notables dont certains avaient noué des contacts
avec Rome. Les traîtres furent dénoncés et châtiés. A Acragas, l’un des
principaux magistrats de la cité, Philippe, fut ainsi accusé par ses pairs et
condamné à mort. Sur l’intervention d’Hamilcar, Hannibal le prudent le gracia
sur le lieu même du supplice. S’adressant à la foule et à la famille du
magistrat, le généralissime prononça ces quelques mots :
    — Citoyens
d’Acragas, je vous remercie de votre zèle et de votre loyauté. Assurément, cet
homme mérite un châtiment. Mais la mort le délivrera en un seul instant de ses
tourments. En le tuant, vous faites preuve de clémence à son égard. Mon ami
Hamilcar m’a suggéré une punition infiniment plus cruelle. Il a voulu
s’entendre avec les Romains. Qu’il aille vivre sous leur joug ! Nous
verrons bien si les consuls se préoccupent du sort d’un homme dont les biens
ont été confisqués et dont le nom est synonyme de traîtrise.
    Un immense
éclat de rire secoua la foule d’où fusèrent des cris d’approbation. Chacun
savait que les Romains n’étaient guère généreux envers leurs amis lorsque
ceux-ci connaissaient des revers de fortune. Le malheureux, accompagné de sa
nombreuse parentèle, vivrait dans des conditions difficiles et son exemple
servirait d’avertissement à tous ceux qui songeaient peut-être à l’imiter.

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