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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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des
Lotophages ?
    — Si
tu le permets, mes hommes t’y conduiront avec leurs barques. En quelques
voyages, tes soldats seront tous rendus à bon port. Mais il te faudra attendre
une journée. De ce soir jusqu’à demain soir, nous nous abstenons de tout
travail ainsi que nous l’a ordonné l’Éternel. Ne cherche pas à nous obliger à
enfreindre ce commandement. Nous préférerions mourir. Mais dès que cette sainte
convocation aura pris fin, nous vous ferons passer de l’autre côté des flots.
Mon petit-fils en personne t’accompagnera et te mènera jusqu’aux chefs de notre
peuple qui pourront satisfaire ta curiosité. En attendant, que tes hommes se
reposent et fassent boire leurs chevaux à notre puits.
    Hamilcar
jugea préférable de ne pas contrarier le vieil illuminé. Après tout, c’était le
premier être humain qui ne se détournait pas de lui et de sa troupe depuis
plusieurs jours. De surcroît, ses hommes étaient fatigués par leur longue
randonnée et devaient reprendre des forces. L’on ne voyait pas de voiles
romaines dans les parages et rien ne pressait. Après avoir consulté Juba, il
choisit de prendre son mal en patience et fit signe aux cavaliers de mettre
pied à terre. Il leur ordonna de se comporter amicalement avec les villageois
et de ne pas les importuner quand ils célébreraient leur fête religieuse.
    Au petit
matin du deuxième jour, le vieillard retrouva le fils d’Adonibaal. Les hommes du
village avaient déjà mis à la mer leurs barques et plusieurs radeaux pour les
chevaux. Il fallut la journée entière pour faire passer dans l’île les mille
cavaliers et leurs montures. Ils établirent leur camp à la pointe de l’île,
près d’une petite ancre rocheuse. Quelques sentinelles furent postées pour la
nuit et, bientôt, le silence se fit. Au petit matin, Hamilcar et Juba partirent
avec la moitié de leurs hommes pour explorer les environs. Ceux-ci paraissaient
désertiques mais le fils du sénateur remarqua çà et là des rangées d’oliviers
soigneusement entretenues, des champs de blé et des vergers. Abraham, le
petit-fils du vieillard, galopait à leurs côtés et les conduisit jusqu’à un
modeste village dont les occupants parlaient la même langue que lui.
    Il fit
entrer Hamilcar et Juba dans une vaste maison de torchis et s’inclina
respectueusement lorsqu’un vieil homme s’avança à leur rencontre. Par le
truchement de l’interprète, il expliqua aux deux jeunes gens :
    — Voici
Abraham le Cohen, l’Ancien de notre peuple. Il vous salue et vous remercie de
l’honneur que vous lui faites en lui rendant visite. Il est prêt à répondre à
vos questions.
    — Remercie-le
de son hospitalité, fit Hamilcar, bien décidé à ne pas l’interroger tout de
suite sur la flotte romaine. Je suis le fils d’Adonibaal et je sers ma ville,
Carthage, où l’on parle une langue proche de la vôtre. On m’a dit que tes
ancêtres sont venus de Canaan, un pays proche de la Phénicie d’où sont
originaires les miens. Comment êtes-vous venus sur ces rivages ?
    — Notre
peuple a commis d’innombrables fautes. Il a désobéi aux lois du Seigneur et
celui-ci nous a punis en envoyant les Assyriens ravager le royaume de Judah et
s’emparer de notre capitale, Jérusalem, où ils brûlèrent le temple construit
jadis par Salomon, le plus grand de nos rois. D’après ce que je sais, nos
ancêtres appartenaient à un petit groupe de fugitifs qui emmenaient avec eux
l’une des portes du Temple que nous avons enterrée ici dans l’endroit où nous
nous réunissons pour prier. Leur navire, mal dirigé, dériva jusqu’à cette île
où nous avons trouvé la paix. Certains des nôtres, que tu as rencontrés, vivent
sur la terre ferme mais nous rejoignent lors de nos principales fêtes.
    — Tu
me plais. Nous aussi, nous sommes des exilés et notre ville, Tyr, a également
été détruite par les Assyriens. Tu n’as rien à craindre de mes hommes. Je puis
même te promettre la protection de Carthage si tu la souhaites.
    — Je
t’en remercie mais nous remettons notre sort entre les mains de notre Dieu et
de lui seul.
    — Il
se pourrait qu’elles se révèlent un jour insuffisantes. Ces terres suscitent
bien des convoitises. N’avez-vous pas vu récemment des bateaux étrangers
croiser dans ces parages ?
    — Tu
es bien informé. Il y a de cela deux semaines, soixante navires ont longé l’île
avec à leur bord des soldats. Ils ignoraient tout des

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