Hamilcar, Le lion des sables
courants marins et se
sont d’abord échoués sur un banc de sable avant d’être rattrapés par les flots.
Ils n’ont dû leur salut qu’à leur fuite et, pour faciliter celle-ci, ils ont
jeté par-dessus bord tous leurs équipements que les tribus de l’île ont pillés.
Si tu le
souhaites, je peux te conduire à l’un de leurs chefs afin que tu examines les
biens de ces étranges visiteurs. Nous les avons vus repartir vers le nord et je
crois bien qu’ils ne reviendront pas de sitôt.
— Je
te remercie de tout ce que tu viens de me dire. Je rentre à Carthage. Puisse
ton peuple prospérer et vivre en paix dans cette île. Sache que tu pourras
toujours faire appel à moi et aux miens si tu es dans le besoin ou si un péril
te menace.
***
De retour
dans la cité d’Elissa, Hamilcar fit son rapport au Conseil des Cent Quatre,
mentionnant l’existence de ce curieux groupe de descendants de la maison
d’Israël qui l’avait aidé. Deux longues années s’écoulèrent sans que rien se passât
de notable, en Sicile ou sur les rives du Beau Promontoire. Fatigués par la
guerre, les adversaires, de part et d’autre, semblaient avoir renoncé à prendre
l’initiative et se contentaient de maintenir leurs positions. Échaudés par
leurs mésaventures navales, les Romains n’expédiaient plus de flottes au loin,
se contentant de ravitailler leur garnison de Panormos. Quant à Hasdrubal, il
ne sortait guère de Lilybée.
Dans la
cité d’Elissa, la colère grondait. Pour payer les mercenaires, de lourdes taxes
avaient été imposées aux négociants et au petit peuple. Ceux-ci rechignaient à
payer l’impôt puisqu’il ne servait à rien. À quoi bon entretenir autant de
soldats s’ils se contentaient de vivre à l’abri de murailles solidement
fortifiées ? Les Carthaginois avaient déjà oublié ce qu’ils devaient à
Xanthippos et à ses hommes. Ils ne se souvenaient plus que ceux-ci les avaient
délivrés d’un péril mortel lorsque l’ennemi campait à quelques stades de la
ville. Baalathyon et ses amis profitèrent de la situation pour tenter de se
gagner les faveurs de l’opinion. Lors d’une séance plutôt agitée au Sénat, ils
firent voter l’envoi d’une délégation à Hasdrubal. Les émissaires auraient pour
mission de lui ordonner de se mettre aussitôt en campagne et de reprendre par tous
les moyens Panormos.
Alors
qu’il pensait compter au nombre des officiers accompagnant les sénateurs,
Hamilcar eut la surprise de constater qu’il n’avait pas été désigné. Amer, il
s’en ouvrit à son père :
— Adonibaal,
tu sais que j’ai souvent combattu en Sicile et que je connais bien cette île.
Pourquoi cette disgrâce ? Ai-je démérité à tes yeux ou aux yeux de tes
collègues ?
— Nullement.
Mais Baalyathon, notre vieil ennemi, a manœuvré afin de t’écarter et je n’ai
rien pu faire contre ses intrigues. À vrai dire, je bénis plutôt Baal Hammon
que tu ne sois pas associé à cette affaire. J’ai un mauvais pressentiment. Les
sénateurs qu’on a choisis pour intimer l’ordre à Hasdrubal de se battre n’ont
aucune expérience des affaires militaires. Ils voudront, c’est normal, se
couvrir de gloire et ils se lanceront dans des opérations mal préparées. Tout
cela, je le crains, se terminera par un désastre et il vaut mieux pour toi de
te tenir à l’écart de tout cela.
Les faits
donnèrent raison au membre du Conseil des Cent Quatre. Sitôt arrivés à Lilybée,
les membres de la délégation conduite par Baalyathon enjoignirent à Hasdrubal
de se mettre en mouvement vers Panormos. L’un des deux consuls romains était
reparti pour l’Italie avec la moitié des légions et l’autre, Lucius Caecilius
Metellus, s’était enfermé à l’intérieur de la cité. C’était la période des
moissons et il ne songea même pas à voler au secours de ses alliés dont les
champs étaient ravagés par les Carthaginois. Chez ces derniers, l’optimisme
régnait. Hasdrubal eut beau expliquer à Baalyathon que la passivité du consul
cachait un piège, celui-ci ne voulut rien savoir. Il lui ordonna de franchir le
défilé qui conduisait jusqu’à Panormos, de traverser le fleuve situé à
proximité de la ville et de déployer ses troupes en ordre de bataille.
Hasdrubal
fut contraint de s’exécuter et plaça ses éléphants en tête de son armée. Il
avait remarqué que ceux-ci inspiraient une véritable terreur aux Romains qui,
lors
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