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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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cela m’a consolé de la perte de ma maison.
Aujourd’hui, je n’ai plus de toit et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve.
Peu importe. Mes esclaves t’appartiennent désormais et tu peux en disposer
comme tu l’entends.
    — Alcaïos,
tu m’as confié que tu souhaitais les affranchir avant ta mort que je souhaite
la plus tardive possible.
    Puisque tu
m’en fais cadeau, je les affranchis. Préviens-les qu’ils sont désormais libres.
Quant à toi, ne te préoccupe de rien. Demain, nous lèverons le camp pour
regagner Lilybée. De là, je m’embarquerai avec toi pour Carthage où notre
maison de Mégara t’attend. Tu y finiras tes jours en paix à moins que tu ne
préfères rester en Sicile.
    — Exil
pour exil, je préfère me trouver de l’autre côté de la grande mer, loin de ces
maudits Romains.
    Tout se
déroula comme l’avait prévu Hamilcar. À Lilybée, Hasdrubal le chargea d’aller
rendre compte au Conseil des Cent Quatre de la prise de Panormos et il gagna
Carthage avec Alcaïos. À leur arrivée à Mégara, Epicide, qui était sorti sur la
terrasse pour accueillir les visiteurs, manqua défaillir en apercevant son
ancien maître :
    — Ainsi
donc, Alcaïos, tu es venu me rechercher. Je croyais pourtant qu’Hamilcar
m’avait affranchi.
    — Il
t’a affranchi et je n’ai aucune intention de remettre en cause sa sage
décision. J’ai failli moi-même devenir esclave et cela m’a ouvert les yeux sur
beaucoup de choses. Je ne suis plus qu’un vieil homme. Ton ancien élève m’a
généreusement offert son hospitalité et j’attendrai ici la mort en parlant avec
toi de nos poètes et de nos philosophes.
    Laissant
les deux hommes échanger de vieux souvenirs, Hamilcar rejoignit Juba qu’il
n’avait pas vu depuis plusieurs mois. Leurs retrouvailles furent ardentes. Plus
il mûrissait et plus le jeune prince numide gagnait en beauté et en grâce. Ses
cheveux bouclés, son visage mi-adolescent mi-adulte et sa puissante musculature
n’étaient pas les moindres de ses attraits tout comme sa discrétion et sa
loyauté à toute épreuve.
    Hamilcar
s’acquitta de sa mission auprès du Conseil des Cent Quatre, leur expliquant les
circonstances et les conséquences de la chute de Panormos, insistant sur la
nécessité de renforcer les garnisons carthaginoises. Les sénateurs l’écoutèrent
dans le plus profond silence, preuve de l’importance qu’ils attachaient à ses
avis. Quand il eut fini, Mahrabaal prit la parole :
    — Nous
ferons ce que tu nous suggères car nous ne pouvons pas perdre la Sicile. Cela
dit, une chose nous préoccupe au plus haut point. Une flotte romaine a été
aperçue doublant le Beau Promontoire en direction, semble-t-il, de l’île des
Lotophages [25] . Prends quelques centaines de cavaliers numides et dirige-toi vers
cette région.
    — A
tes ordres.
    — Sois
prudent. Tu quitteras le territoire de Carthage et tu te trouveras au milieu de
populations hostiles dont certaines nous paient, contre leur gré, tribut.
Interroge leurs chefs et sonde leurs intentions. Il ne faudrait pas que les
Romains se mettent dans l’esprit de vouloir installer une colonie là-bas.
    — Si
tel était le cas, ils seraient venus plus nombreux.
    — Tu
as raison mais leurs deux consuls, Cnœus Servilius Caepio et Caïus Sempronius
Blaesus, font partie de cette expédition qu’ils auraient pu confier à des
subordonnés. Cela cache quelque chose et nous comptons sur toi pour éclaircir
toute cette affaire.
    De retour
à Mégara, Hamilcar convoqua Juba pour lui communiquer ses instructions et
Himilk se chargea d’organiser un convoi de vivres destiné à suivre la colonne
et à la ravitailler. Mille hommes participèrent à cette expédition. Tous
s’étaient portés volontaires, certains parce qu’ils obéissaient aveuglément à
Juba, les autres parce qu’ils étaient poussés par la curiosité. On murmurait
tant de choses sur ces contrées qu’ils voulaient savoir ce que cachaient les
rumeurs à leur sujet.
    La troupe
quitta Carthage par la Porte neuve, dans la quasi-indifférence générale. Depuis
le départ des Romains d’Adys, les habitants de la cité d’Elissa ne se souciaient
plus de la guerre. Les opérations en Sicile étaient trop lointaines pour
retenir leur intérêt et ils préféraient vaquer à leurs occupations
quotidiennes. Le fils d’Adonibaal ne leur en tenait pas grief. Cette
insouciance était la preuve de la farouche volonté de vie de

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