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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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de ses bateaux s’échouèrent sur les rivages du Beau
Promontoire, au lieu-dit Les Eaux Chaudes [76] . Massée sur les
murailles de Carthage, la foule affamée avait observé avec de grand cris de
joie les difficultés de la flotte romaine. Puis elle se réunit sur le maqom et
exigea des sénateurs que ceux-ci envoyassent des navires faire main basse sur
les vivres protégés par des contingents réduits de légionnaires. Hasdrubal le
chevreau eut beau expliquer que ce geste signifierait la fin de la trêve, il
fut décidé de confier au navarque Hasdrubal le soin de s’emparer des bateaux
échoués et de les conduire jusqu’à la cité d’Elissa, tâche dont il s’acquitta
avec brio.
    Sitôt
qu’il fut informé de cette grave atteinte aux accords passés entre lui et les
Carthaginois, Scipion envoya à Hannon le grand une ambassade composée de Lucius
Baebius, Lucius Sergius et Lucius Fabius. Venus par mer, ils débarquèrent dans
l’enceinte du cothôn d’où on les conduisit, sous forte escorte, au Sénat. Dans
les rues de Carthage, une foule hostile s’était massée et hurlait des insultes
et des menaces à leur passage. Quelques audacieux s’enhardirent même à lancer
sur les trois Romains des immondices et des pierres, obligeant la garde du
Conseil à les protéger en constituant avec les boucliers une sorte de tunnel à
l’abri duquel ils progressèrent lentement. Admis dans la salle de délibérations
des magistrats carthaginois, les émissaires élevèrent une vigoureuse
protestation tant contre l’acte de piraterie dont leur convoi avait été la
victime que contre l’accueil qui leur avait été réservé. Soucieux de ne pas
envenimer la situation, Hannon le grand prononça un discours empreint de
flagornerie :
    — Romains,
au nom du Conseil des Cent Quatre, je tiens à vous présenter nos excuses. Nos
gardes ont appréhendé certains des manifestants et je veillerai personnellement
à ce que nos juges leur infligent des peines corporelles et de lourdes amendes.
    Cet
incident a toutefois un côté positif. Il montre que notre peuple, à court de
vivres, est prêt au pire si la guerre ne se termine pas rapidement. Nous
attendons le retour prochain de nos ambassadeurs et nous espérons qu’ils seront
porteurs de bonnes nouvelles. Toutefois, prévenez Scipion que tout retard
affaiblit ici la position des partisans de la réconciliation avec Rome et
renforce les rangs de vos adversaires les plus irréductibles.
    — Tes
paroles sont sensées mais elles ne nous satisfont qu’à moitié, fit Lucius
Baebius. Nous exigeons des preuves tangibles de votre bonne volonté.
    — Sous
peu, je puis te l’assurer, les navires qui vous ont été pris vous seront rendus
avec leur cargaison, du moins ce qu’il en reste. Ce qui a été pillé et
distribué à la populace vous sera payé intégralement.
    — Je
rapporterai tes propos à mon général pour autant que mes collègues et moi
puissions regagner notre navire sans être assassinés par la foule dont
j’entends d’ici les grondements de haine.
    — Ne
craignez rien. Un souterrain secret mène de ce bâtiment au port marchand. Vous
l’emprunterez accompagnés d’hommes qui me sont entièrement dévoués. De
surcroît, l’un de nos amiraux, Bostar, a déjà reçu l’ordre de préparer deux
trirèmes qui vous escorteront jusqu’à l’embouchure du fleuve Bagradas [77] .
    Hannon le
grand, tout entier occupé à calmer la colère des Romains, ne prit même pas la
peine de consulter ses collègues et de mettre aux voix ses propositions.
Itherbaal et les siens se tinrent cois durant la séance si bien que leur
silence passa pour un accord tacite de leur part. Hannon y vit la preuve que
son rival se souvenait de l’accord que tous deux avaient conclu il y a quelques
mois de cela. Cette méprise lui fut fatale. Ni lui ni Hasdrubal le chevreau ne
remarquèrent le geste discret que fit le chef du parti barcide à l’un de ses
lieutenants, Azerbaal, qui s’éclipsa aussitôt en direction du cothôn.
    Comme
prévu, les trois ambassadeurs romains avaient pu quitter Carthage sains et
saufs et leur quinquérème fut en effet accompagnée par deux navires de guerre
carthaginois. Leur entrevue avec Hannon les avait rassurés et ils se
réjouissaient à l’avance des récompenses que leur vaudrait l’heureuse issue de
leur mission. C’est à peine s’ils remarquèrent le départ de leur escorte.
Soudain, alors qu’ils étaient en vue de

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