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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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un jour ou l’autre, rendre compte de
cette inexplicable négligence.
    — Il
a quitté Hadrim pour prendre position à Zama [78] , à cinq jours de
marche de notre cité. Comme vous avez pu le constater, les troupes de Scipion
ont quitté leur camp de Tunès et se sont portées à sa rencontre. Sous peu, nous
serons fixés sur l’issue de cette bataille.
    Si
Hannibal avait reçu les renforts de Tychaios et de Vermina, Scipion avait été
rejoint par Masinissa escorté de quatre mille cavaliers. En apparence, les
choses se présentaient plutôt bien pour le chef carthaginois. Il se trouvait à
la tête de cinquante mille hommes, dont une grande partie était composée de
mercenaires baléares, gaulois et ligures, ainsi que de quatre-vingts éléphants
cependant que son adversaire ne disposait que de vingt-trois mille légionnaires
et de dix mille Numides.
    Pendant
plusieurs jours, les deux armées s’observèrent. Le chef romain avait installé
son camp dans une localité nommée Naggara [79] Le fils d’Hamilcar
envoya quelques détachements reconnaître les positions de l’adversaire. Ces
patrouilles furent interceptées par la cavalerie numide et conduits auprès de
Cornélius Publius Scipion qui, loin de les considérer comme des captifs, leur
fit visiter son camp avant de les renvoyer à Hannibal.
    Ce geste
intrigua au plus haut point ce dernier. Aussi, sollicita-t-il du chef romain
une audience. Ce serait la première rencontre entre les deux hommes et Scipion
accepta avec joie le principe de cette entrevue. Il brûlait d’envie de faire la
connaissance du vainqueur de Cannae dont il admirait le génie militaire. Il
était flatté qu’en cherchant à le voir ce dernier le désignât implicitement
comme son égal et qu’il tînt ses propres exploits comme analogues aux siens.
Pourtant, lui, le fils de Pomponia, n’avait pas traversé les Pyrénées et les
Alpes ni défait en rase campagne des troupes infiniment supérieures aux
siennes. Des émissaires firent la navette entre les deux camps pour fixer les
modalités de cette rencontre sans précédent dans l’histoire. Il fut décidé
qu’elle se déroulerait sur un terrain découvert à mi-chemin des deux camps. Les
deux généraux s’avanceraient, accompagnés d’une escorte réduite, et prendraient
place sous une tente gardée par un nombre égal de leurs soldats respectifs.
    Au jour
convenu, Hannibal et Scipion se retrouvèrent face à face. Ils restèrent
longtemps silencieux, intimidés l’un par l’autre et ne sachant pas s’ils
devaient se donner l’accolade ou garder leurs distances. Scipion fut le premier
à prendre la parole. [80]
    — Je
suis heureux de te rencontrer bien que tout nous sépare. Je te connais plus que
tu ne peux l’imaginer et ma famille a toujours eu le plus grand respect pour la
tienne. Nous n’avons jamais oublié le geste de ton père Hamilcar qui fît rendre
les ultimes honneurs à l’un de nos parents tombé devant Carthage lors de la
malheureuse expédition de Marcus Atilius Regulus.
    — Mon
père m’a longuement et souvent raconté cette histoire. Il avait connu ton
parent à Rhégium et avait sympathisé avec lui. Aussi a-t-il considéré que
c’était pour lui un devoir impérieux que de retrouver sur le champ de bataille
le cadavre de son ami et de le faire brûler sur un bûcher conformément à vos
coutumes.
    — Je
puis te l’avouer, ce faisant, il a commis une erreur.
    — Laquelle ?
    — La
gens Cornélia est la seule famille de Rome à ne pas pratiquer l’incinération de
ses morts.
    — Puissent
alors les mânes du défunt nous pardonner ce sacrilège involontaire.
    — Vous
ne pouviez pas connaître cette tradition et votre geste a ému jusqu’aux larmes
mes aïeux. Crois-moi, je regrette sincèrement que le sort ait voulu que nous
soyons ennemis car nous aurions pu accomplir de grandes choses ensemble.
    — Cela
n’est pas impossible.
    — Qu’entends-tu
par là ?
    — Je
suis venu te proposer de conclure une paix entre nos deux peuples et d’éviter
que nos troupes ne s’affrontent dans un ultime combat inutile. Trop de sang a
déjà été versé et les vétérans de nos deux armées nous sont assez chers pour
que nous préférions épargner leurs vies. Ce ne sera pas pour toi le moindre de
tes titres de gloire d’avoir vu Hannibal, à qui les dieux ont donné tant de
victoires sur vous, s’incliner devant toi et de terminer une guerre durant
laquelle nos succès ont

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