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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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de mirifiques
promesses. Nous, nous n’avons rien d’autre à leur offrir que notre amitié et le
souvenir de notre cohabitation sur le même sol depuis des générations. C’est peu
mais ces montagnards ont le sens de l’honneur et il n’est pas impossible qu’ils
consentent à nous demeurer fidèles.
    — Reste
à trouver la personne capable de leur tenir ce langage.
    — Elle
se trouve ici.
    — Quelle
est cette perle rare ?
    — Imilcé,
mon épouse. Sa grand-mère est carthaginoise mais son père est un roi ibère
allié aux principales dynasties locales. Tous ces roitelets seront flattés
d’apprendre que le grand Hannibal envoie auprès d’eux comme émissaire sa femme
et ce bien qu’il m’en coûte de me séparer à nouveau d’elle. Elle saura redonner
l’espoir aux hésitants et gagner à notre cause certaines tribus encore
indépendantes. Bien entendu, elle disposera de tous les pouvoirs réservés aux
ambassadeurs de notre ville et pourra donner à ses interlocuteurs des garanties
quant à la générosité dont Carthage, après la victoire, fera preuve à leur
égard.
    — Crois-tu
qu’elle acceptera ?
    — J’en
suis persuadé.
    Le fils
d’Hamilcar prit cependant toutes les précautions requises pour annoncer la
nouvelle à sa femme. Pendant un mois, il ne la quitta pratiquement pas et
organisa en son honneur des fêtes somptueuses, la couvrant de cadeaux et lui
prouvant, chaque nuit, la force de son amour. La mère d’Abdelmelqart était
littéralement transportée de bonheur mais était suffisamment intelligente pour
se douter que ces attentions répétées dissimulaient quelques arrière-pensées de
la part de son mari. Un soir, alors qu’ils reposaient tous les deux étroitement
enlacés sur leur couche, elle l’interrogea :
    — Je
suis une épouse comblée et, chaque jour, je me réjouis du sort exceptionnel qui
est le mien. Mais une sourde inquiétude me taraude le cœur : combien de
temps cela va-t-il durer ? Je crains que, tôt ou tard, tu ne me demandes
de regagner Mégara pour surveiller les agissements de tes partisans.
    — Tu
es la seule personne à laquelle je ne puis mentir et je préfère t’avouer la
vérité. Nos chemins doivent à nouveau se séparer. J’ai besoin que tu te rendes
en Ibérie pour une mission de la plus haute importance.
    Hannibal
résuma pour Imilcé la teneur de ses conversations avec Maharbal et ses
officiers et lui expliqua ce qu’il attendait d’elle. La jeune femme l’écouta
attentivement avant de l’embrasser longuement :
    — Ce
que tu me demandes devrait m’attrister. Te quitter à nouveau est un sacrifice
énorme que je pourrais être en droit de ne pas accepter. Néanmoins, je suis
fille de roi et ne puis me désintéresser du sort des miens. S’ils passaient
sous la domination romaine, ce serait une véritable catastrophe car, après les
avoir abreuvés de belles promesses, les fils de la Louve les traiteraient comme
ils ont traité tous les peuples devenus leurs sujets. Vous, Carthaginois, avez
toujours été des maîtres cléments, respectueux, si ce n’est de notre
indépendance, du moins de nos lois, de nos coutumes et de nos dieux. Nos
peuples se sont unis par les liens du sang et notre joug s’en est trouvé
adouci. Mais j’imagine sans peine les représailles dont ils seraient les
victimes si les légions de Scipion venaient à envahir notre territoire. Ordonne
qu’on fasse préparer une quinquérème et je cinglerai vers Carthagène en faisant
une escale à Carthage et une autre aux Baléares pour me ravitailler en eau et
en vivres. Quand ma mission sera terminée, je reviendrai ici pour ne plus
jamais te quitter. C’est la seule condition que je pose à mon départ et il
t’incombe de la satisfaire.
    — Tu
as ma parole, dit-il, en l’enlaçant avec tendresse.
    Leurs
adieux n’eurent rien de pathétique. Ils savaient, l’un et l’autre, que bientôt,
ils seraient réunis pour toujours.
     
    ***
     
    Quand
Imilcé arriva à Carthagène, ses beaux-frères, Hasdrubal et Magon, n’étaient pas
là pour l’accueillir. Le second guerroyait chez les Carpetanset le premier
tenait l’arrière-pays de Castulo [56] .
Quant à Hasdrubal, fils de Giscon, il s’était enfermé à Gadès. Sur place, elle
ne trouva que Bostar, un jeune capitaine, à la tête d’une petite garnison d’un
millier d’hommes. Il la reçut avec les honneurs dus à son rang mais elle ne
tarda pas à comprendre qu’il

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