Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
été présentes cette nuit.
    — Je
les aurais chassées sans pitié car toi seule comptes à mes yeux.
    — Je
le savais et j’en ai eu la plus belle des confirmations.
    — Rien
ne pourra briser notre complicité même si j’ai le sentiment de t’avoir infligé
involontairement certaines blessures. Ainsi, je ne me pardonnerai jamais de
n’avoir pas accouru à Mégara quand notre fils, le petit Abdelmelqart,
agonisait, victime d’une fièvre pernicieuse.
    — Ta
présence n’aurait rien changé à l’issue fatale de sa maladie. Les médecins les
plus habiles n’ont pas réussi à le guérir. Dans les derniers jours de sa courte
vie, il était devenu pratiquement aveugle et ne réagissait qu’au son de ma
voix. Il s’est éteint sans souffrir comme s’il était délivré d’un lourd
fardeau.
    — Melqart
nous accordera peut-être la faveur d’avoir un autre enfant.
    — J’en
doute fort. Certes, je suis encore en âge de procréer mais le souvenir
d’Abdelmelqart m’empêcherait d’être une bonne mère. Laissons à tes frères le
soin d’assurer la survie de la dynastie des Barca. Notre couple restera unique
et inégalable. Je t’aime trop pour supporter qu’un enfant issu de ton sang
puisse un jour te surpasser.
    — Tu
as peut-être raison mais nous reparlerons de tout cela à tête reposée. Pour
l’heure, je dois rencontrer mes officiers et leur communiquer les informations
que tu m’as transmises. Je te retrouverai ce soir et je serais, je le crains,
obligé de t’imposer leur présence car ils ne comprendraient pas que je ne les
invite pas à notre table. Ils brûlent de l’envie de te connaître et de
rencontrer la femme qui a su vaincre leur général.
    — J’espère
ne pas les décevoir et je veillerai à ce que le banquet soit somptueux.
    Hannibal
passa le reste de la journée à conférer avec ses généraux et ses capitaines. Il
eut la surprise de constater que Maharbal n’ignorait rien de la situation qu’il
décrivait et il ne put s’empêcher de lui demander :
    — Tu
es mon second et je n’ai jamais eu aucun secret pour toi. Pourquoi m’as-tu
caché ces renseignements.
    Je ne suis
pourtant pas de ceux qui font exécuter les porteurs de mauvaises nouvelles.
    — Assurément,
fit en riant le maître de la cavalerie. J’ai jugé préférable d’agir de la sorte
car je connais ton caractère imprévisible et fougueux. Si tu avais été informé
de la situation à Carthagène alors qu’elle semblait pratiquement désespérée, tu
n’aurais pas hésité un seul instant à repasser les Alpes pour prendre à revers
l’ennemi. Or nous ne pouvions pas dégarnir notre corps expéditionnaire en
Italie. Notre seule chance d’accentuer notre pression sur Rome est de maintenir
nos armées dans le sud de la péninsule et de rallier à notre cause les cités
grecques du Bruttium et de Campanie. Voilà pourquoi j’ai jugé inutile de
t’alarmer, ne doutant pas que tes frères finiraient par reprendre le dessus.
    — Oui
mais pour combien de temps ? On me dit que le jeune Publius Cornélius
Scipion s’apprête à quitter Ostie avec une flotte de trente navires sur
lesquels prendront place dix mille fantassins et mille cavaliers. Je ne puis me
permettre de perdre nos colonies et nos comptoirs en Ibérie pour deux raisons.
D’une part, c’est le fief taillé par mon père Hamilcar et mon beau-frère
Hasdrubal pour pallier la perte de la Sicile et de la Sardaigne. C’est une
seconde patrie pour moi et elle est d’autant plus chère à mon cœur que ma femme
en est originaire. D’autre part, ses mines d’or et d’argent nous fournissent
les richesses qui nous permettent de mener cette guerre sans demander une
quelconque aide au Conseil des Cent Quatre. Si nous les perdions, nous devrions
discuter âprement avec les magistrats de notre cité et quémander leur appui. Or
ces médiocres boutiquiers se refuseront à engager des dépenses supplémentaires
en puisant dans les réserves du Trésor. Ils préféreraient lever de nouveaux
impôts, suscitant contre nous le mécontentement de la population. Crois-moi, nous
devons à tout prix venir en aide à Hasdrubal et à Magon pendant qu’il est
encore temps.
    — Que
suggères-tu ?
    — Ma
seule crainte, si j’en crois ce que m’a dit Imilcé, est que nos alliés ibères,
conscients de nos faiblesses, imitent ceux des leurs qui ont noué des contacts
avec les Romains. Ces derniers ne manqueront pas de leur faire

Weitere Kostenlose Bücher