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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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deux jours et deux nuits d’affilée pour
prendre les mesures d’urgence qui s’imposaient. Mon père fut porté à la tête de
l’Assemblée et son premier geste fut de me convoquer à Carthage. En dépit du
côté tragique des circonstances, je fus heureux de retrouver ma ville natale et
notre vieille demeure de Mégara où m’attendaient mon épouse Imilké et mes deux
enfants. Ceux-ci me firent fête et je passai une partie de la soirée avec eux,
les laissant jouer avec mon casque et mon glaive tout en répondant à leurs
innombrables questions. Je fis du mieux que je pus pour les rassurer, leur
promettant que, s’ils étaient bien sages, nous sortirions vainqueurs de cette
épreuve. Bientôt, ils s’assoupirent et des esclaves les ramenèrent dans leurs
chambres cependant que mon épouse me rejoignait. Nos retrouvailles ne furent
guère chaleureuses. D’un ton peu amène, elle me dit :
    — Ainsi,
ton père et toi êtes parvenus à vos fins.
    — Qu’entends-tu
par là ?
    — Vous
voilà à la tête de notre ville.
    — Tu
devrais être heureuse de savoir que ses habitants renouent avec la tradition
guerrière qui animait ton illustre parent, Hannibal. Je pense qu’il aurait
approuvé notre conduite. Sache toutefois que je préférerais ne pas avoir à
faire la guerre.
    — Tu
n’aimes que cela et je ne suis pas dupe des raisons qui t’ont poussé à
m’épouser. Je suis devenue ta femme parce que j’étais de la famille des Barca
et que cela t’était utile pour ta carrière.
    — Tu
oublies que ton père voyait en moi un beau parti et qu’il a tout fait pour me
convaincre d’être ton mari. J’ai accepté car je devais assurer l’avenir de ma
lignée. Je ne t’ai jamais manqué de respect et j’ai enduré bien des déconvenues
sans élever la voix ni chercher à vouloir modifier ton comportement. Crois-tu
d’ailleurs que le moment soit bien choisi pour nous quereller ? L’ennemi
se trouve à nos portes et j’espérais trouver en toi aide et réconfort. Je constate
que cela n’est pas le cas. Je te demande une seule chose : de veiller sur
nos enfants car je les aime plus que tout au monde. Maintenant, laisse-moi, je
dois me rendre au Conseil des Cent Quatre pour m’entretenir avec mon père.
    Mutumbaal
m’attendait dans le bâtiment du Sénat où régnait une fiévreuse agitation. Il me
serra dans ses bras, puis me communiqua les décisions du Conseil :
    — Nous
avons décidé de scinder notre armée en deux. Tu commanderas les troupes à
l’extérieur de la ville.
    — Qui
sera à la tête de la garnison ?
    — Hasdrubal
l’étourneau.
    — Tu
sais bien que c’est l’un de nos adversaires.
    — Aujourd’hui,
je ne me connais pas d’ennemis parmi les Carthaginois. Je l’ai choisi parce
qu’il est apparenté par sa mère et sa femme à Masinissa. Mes agents m’ont
appris que le vieux roi n’avait pas apprécié le débarquement des Romains en
Afrique. Ceux-ci n’avaient pas jugé utile de l’en prévenir et il en a été
cruellement mortifié. Pour le moment, il boude dans son palais de Cirta et je
prie pour que sa mauvaise humeur dure longtemps. Une seule chose est
sûre : tant qu’Hasdrubal l’étourneau sera à la tête des troupes assurant
la sécurité de Carthage, il ne marchera pas contre nous.
    — Vingt
mille hommes m’attendent à Hadrim et, bientôt, des mercenaires viendront par
centaines me proposer leurs services. Mais avec quels soldats comptes-tu
défendre notre ville dans les jours à venir ?
    — Le
Conseil a décidé que tous les esclaves qui accepteraient de s’engager dans
notre infanterie ou dans notre cavalerie seraient immédiatement affranchis et
que cette mesure vaudrait aussi pour les membres de leurs familles. Des
milliers d’entre eux se sont déjà présentés aux portes des casernes et j’ai
ordonné la levée en masse de tous les hommes libres entre dix-sept et
trente-cinq ans.
    — Devront-ils
se battre les mains nues ? Tu oublies que nous avons livré aux consuls nos
armes et nos machines de guerre.
    — Ne
te fais aucune inquiétude à ce sujet. J’ai pris les dispositions nécessaires
et, sous peu, chaque homme recevra un équipement complet. Maintenant, il est
temps pour toi de regagner Hadrim où je te ferai parvenir mes ordres.
    Mutumbaal
se dépensa sans compter pour mettre Carthage en état de repousser toute attaque
ennemie. Dans un premier temps, puisque la guerre n’avait pas encore

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