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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Nous vous donnons
la possibilité de vivre dans une ville qu’il vous est loisible d’appeler
Carthage et cela doit vous suffire. Vous êtes dans l’obligation de vous plier à
nos ordres puisque vous avez accepté, lors d’une précédente ambassade, de vous
placer, vous et vos biens, à notre merci. Tout a été dit. Hâtez-vous d’obéir
promptement aux ordres du Sénat. Retournez à Carthage. Vous n’avez rien à
craindre car, à mes yeux, vous n’avez pas perdu le caractère sacré qui défend
et protège les ambassadeurs.
    À ce
moment, d’après ce que me l’on me rapporta ultérieurement, Mides s’approcha de
Marcius Censorinus et demanda à lui parler en particulier. Le consul refusa et
le conseiller d’Hannon le Rab dut formuler publiquement sa requête indigne d’un
honnête homme :
    — Si
nous retournons dans notre ville porteurs de la terrible nouvelle que nous
devons annoncer à nos concitoyens, nous risquons fort d’être massacrés. Aussi,
nous vous prions de diriger votre flotte vers notre port afin que la vue de vos
vaisseaux vienne en aide à nos paroles et fasse comprendre au peuple la
nécessité où il se trouve aujourd’hui d’obéir à vos décrets.
    Marcius
Censorinus accéda à cette requête et une vingtaine de quinquérèmes romaines
quittèrent la baie d’Utique pour se diriger vers Carthage cependant que les ambassadeurs
et tous ceux qui les avaient accompagnés repartaient à pied en direction de
Mégara. En cours de route, certains sénateurs, redoutant ce qui allait se
produire, s’esquivèrent discrètement pour gagner au plus vite leurs propriétés
du Beau Promontoire et s’y mettre à l’abri.
    Dès que
les gardes juchés sur la tour surmontant la porte d’Utique aperçurent le
cortège, ils sonnèrent de la trompette. Toute la ville se porta à la rencontre
de la délégation avec des cris d’enthousiasme, persuadée qu’elle revenait
porteuse d’excellentes nouvelles. Dès qu’ils virent la mine triste de Mides et
de Banno, un silence de mort s’abattit sur la foule, saisie d’une folle
angoisse. Quelques audacieux pressèrent les ambassadeurs de questions mais
ceux-ci demeuraient obstinément muets. Bientôt, des excités les menacèrent,
brandissant des pierres et des glaives, criant qu’ils les tueraient jusqu’au
dernier s’ils refusaient de parler. Banno s’avança calmement vers eux et, les
toisant, leur jeta : « Carthaginois, avez-vous perdu la tête au point
de vouloir massacrer ceux qui s’efforcent par tous les moyens de vous
sauver ? Laissez-nous nous rendre au Sénat afin de l’informer des
décisions prises par Rome. Vous pouvez attendre la fin de nos délibérations sur
le maqom car je suis sûr qu’Hannon le Rab décidera de s’adresser à vous. »
    Non sans
mal, les délégués parvinrent à se frayer un chemin jusqu’au Sénat dont tous les
membres étaient présents. Hannon ouvrit la séance après avoir appelé sur les
assistants la bénédiction de la bienfaisante Tanit. Mides, d’une voix mal
assurée, raconta par le menu la manière dont lui et ses compagnons avaient été
accueillis par les Fils de la Louve. Quand il rapporta les paroles de Marcius
Censorinus, tous les sénateurs se levèrent et poussèrent un hurlement de
désespoir. Et un même cri se fit entendre quand ils apprirent que le consul
avait refusé l’envoi d’une nouvelle ambassade à Rome. Ayant compris qu’un
événement extraordinaire était en train de se produire, la foule, massée sur le
maqom, bouscula les gardes et fit irruption dans le bâtiment. Dès qu’elle sut
le sort que Rome réservait à notre ville, sa colère ne connut plus de bornes.
Elle massacra tous les sénateurs qui avaient accepté de livrer à notre ennemi
les otages ainsi que les ambassadeurs revenus d’Utique, y compris le malheureux
Banno, le seul pourtant à avoir plaidé courageusement en faveur de ses
compatriotes. Puis elle se répandit en ville, notamment dans le quartier du
port, à la recherche des négociants romains qui furent extraits de leurs
demeures, atrocement torturés et mutilés avant d’être jetés dans le brasier
allumé avec leurs meubles.
     
    ***
     
    Durant la
tuerie à l’intérieur du Sénat, Mutumbaal et ses partisans s’étaient massés
autour de Hannon le Rab afin de le protéger de la furie des émeutiers. Quand la
garde eut repoussé ces derniers hors de l’enceinte, les membres survivants du
Conseil des Cent Quatre siégèrent

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