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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ceinture, montrant leurs dents blanches dans des grimaces féroces. Presque, car deux Blancs commandaient l’assaut mais ils étaient masqués afin que nul ne pût les reconnaître.
    Seul en face de cette horde, Gilles battit en retraite et alla s’adosser à une pile de bois. L’épée qu’il avait au côté n’était qu’une arme de parade et ne pouvait guère lui être utile contre les sabres de ses assaillants, mais, par chance, une longue gaffe traînait sur le quai. Il s’en saisit et commença à frapper de tous côtés, un peu au hasard, renseigné seulement ici ou là par un cri de douleur sur la portée de ses coups. Eût-il été seul qu’il ne se serait pas autrement inquiété car il se savait assez fort pour tenir tête à la bande jusqu’à l’arrivée de ses marins mais, là-bas, trois autres hommes venaient d’apparaître, maîtrisaient Judith et s’efforçaient, en dépit de ses cris, de l’entraîner et Gilles ne voyait pas comment secourir sa femme.
    Un coup de feu claqua, puis un autre tandis qu’une voiture précédée de deux porteurs de lanterne débouchait sur le lieu du combat. L’un des hommes qui tenaient Judith s’écroula.
    — Tenez bon, monsieur ! cria une voix d’homme. Mes serviteurs et moi venons à votre rescousse…
    — Occupez-vous de ma femme. Moi, je peux tenir, répondit-il tandis que, sous sa terrible gaffe, craquait le crâne d’un de ses assaillants.
    Mais ceux qui montaient le canot avaient vu ce qui se passait et faisaient force rames. Deux marins bondirent en voltige sur l’escalier du môle et se jetèrent sur ceux qui essayaient d’entraîner Judith vers une ruelle obscure. Malheureusement, l’un d’eux tomba, frappé d’un coup de couteau et l’autre eût peut-être eu le même sort si le pistolet de l’homme à la voiture n’avait craché de nouveau. Jugeant alors la partie perdue, celui qui restait lâcha Judith et, avec un juron, se jeta dans l’ombre dense de la ruelle où il disparut, bientôt suivi par les deux hommes masqués qui préférèrent s’enfuir, abandonnant leur troupe, à présent réduite à quatre Noirs.
    Ceux-ci se virent perdus. Les coups de feu avaient réveillé le port. Des portes et des volets s’ouvraient. Le poste de la Milice, situé à peu près au milieu du quai, lâchait ses hommes qui accouraient en bouclant leurs baudriers. Les assaillants restants choisirent la fuite. Impossible vers la ville où la rue du Gouvernement et la rue de Penthièvre s’animaient, elle l’était encore vers la mer et, lâchant leurs armes, les Noirs s’élancèrent sur le môle, coururent jusqu’au bout et, de là, plongèrent dans l’eau noire sans que personne ait pu les en empêcher. Seuls demeurèrent sur place un blessé et un mort qui gisait dans son sang, la tête ouverte d’un coup de gaffe.
    De la voiture, une dame s’était élancée vers Judith qui, terrorisée, était en train de s’évanouir sur l’un des « cabrouets » servant à transporter les marchandises entre les magasins et les bateaux cependant que son mari rejoignait Gilles auprès de sa pile de bois.
    — Ma reconnaissance vous est acquise, monsieur, haleta celui-ci en jetant la gaffe dont il venait de faire un si rude usage, mais, en vérité, je ne sais comment vous remercier. Sans votre intervention, je crois bien que nous étions perdus, ma femme et moi.
    L’inconnu haussa les épaules avec désinvolture. C’était un homme d’une quarantaine d’années, grand et solidement bâti, avec un visage plein dont l’expression affable et les yeux bleus pleins de naturelle gaieté annonçaient un joyeux vivant mais sans exclure une certaine énergie qui devait aller éventuellement jusqu’à la dureté. Irréprochablement habillé de soie grise brodée d’argent, il ne portait pas de perruque, s’étant contenté de resserrer dans un ruban de soie noire noué sur la nuque ses cheveux poivre et sel qui semblaient d’ailleurs avoir quelque peine à rester attachés.
    — Vous vous défendiez assez bien, il me semble, fit-il en riant, et vous auriez sans doute tenu jusqu’à l’arrivée de ces marins. Les vôtres, sans doute ? ajouta-t-il en voyant le chef de nage du bateau s’approcher d’eux, le bonnet à la main.
    — Les miens, en effet. Je me nomme Gilles de Tournemine et nous rejoignions notre bateau que vous voyez là, ma femme et moi, après un souper chez le gouverneur, lorsque nous avons été attaqués. Me ferez-vous

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