Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
l’honneur de me dire à qui je dois tant ?
    — Vous ne me devez rien du tout, sinon la revanche en cas de besoin. Mon nom est Gérald Aupeyre-Amindit, baron de La Vallée. Je suis planteur de café sur la côte nord, vers le Gros Morne. C’est la chance qui a voulu que, rentrant du théâtre, j’aie voulu passer par ici afin de voir si un navire sur lequel j’ai des intérêts et que l’on a signalé avant l’orage de ce soir est entré au port ou, tout au moins, en rade. Mais, j’y pense, vous pouvez peut-être me renseigner ? Avez-vous vu entrer un gros brigantin nommé le Marquis noir  ?
    — Je n’ai vu entrer aucun bateau après l’orage, tout au moins jusqu’à ce que je quitte mon bord vers neuf heures. Qu’y a-t-il, Germain ? ajouta Gilles à l’adresse de l’homme qui s’était approché.
    — C’est Petit-Louis, monsieur. Il a pris un mauvais coup de couteau. Faudrait s’en occuper.
    — Qu’à cela ne tienne, dit La Vallée. Portez-le dans ma voiture, on va le conduire à l’hôpital de la Charité.
    — Vous êtes l’amabilité même et j’espère que vous ne m’en voudrez pas si je vous dis que je n’ai guère confiance en cet hôpital. En revanche, si vous pouviez me dire où se trouvent le marché aux herbes et la boutique d’un Chinois nommé Tsing-Tcha ?…
    Il n’aurait jamais cru produire un tel effet. Pris d’une quinte de toux, le baron jeta vers le groupe formé par sa femme, Judith et une grosse négresse qui était accourue en renfort, un regard affolé. Puis, rassuré, car, apparemment, ces dames ne lui prêtaient aucune attention :
    — Parlez plus bas, s’il vous plaît ! Naturellement, je connais Tsing-Tcha… comme tous les hommes de l’île. Ce vieux forban vend des drogues géniales et, surtout, certains aphrodisiaques grâce auxquels un eunuque pourrait repeupler un désert. Malheureusement, nos femmes aussi le connaissent… de réputation tout au moins et n’aiment guère que l’on prononce son nom devant elles. Mais, dites-moi, croyez-vous que ce soit de ça qu’ait besoin votre blessé ?
    Gilles n’avait pu s’empêcher de rire.
    — Non, bien sûr, mais si vous vouliez bien indiquer le chemin à Germain, j’en serais heureux tout de même. Germain, allez chez ce Chinois et ramenez-moi le docteur Finnegan.
    Mais Germain n’eut même pas le temps de prendre la direction que lui indiquait La Vallée. Il s’élançait déjà quand un autre marin vint dire que l’homme venait de mourir et, ramenés à la pénible réalité, Tournemine et son compagnon ne purent que constater qu’en effet il n’y avait plus rien à faire.
    — Emportez-le au bateau, ordonna le chevalier. Demain, nous irons chercher un prêtre et nous l’immergerons dans la rade. Ramenez-le maintenant, puis revenez nous chercher, Mme de Tournemine et moi. Oui, sergent, je suis à vous…
    Ces derniers mots s’adressaient au chef de l’escouade de la Milice qui, pour la forme plus que pour autre chose et uniquement d’ailleurs parce qu’il s’agissait visiblement de notables, venait poser quelques questions. Tournemine lui retraça rapidement ce qui s’était passé, ajoutant qu’arrivé le matin même il ne comprenait pas pourquoi on l’avait attaqué, à moins qu’il ne s’agît de gens qui en voulaient à sa bourse.
    — J’ai peine à le croire car deux hommes blancs, masqués, commandaient cette troupe et se sont enfuis quand les choses ont mal tourné pour eux, ajouta-t-il.
    — Nous avons un prisonnier. Un blessé. Mais il peut encore parler et vivre suffisamment pour être pendu.
    Assis par terre au milieu des soldats qui le gardaient, l’homme, un Noir à la peau très sombre, geignait doucement en comprimant sa cuisse qu’un coup de gaffe avait déchirée. Il roulait de gros yeux blancs d’où coulait un flot incessant de larmes et semblait ne rien comprendre aux questions que lui posaient les miliciens.
    — Il ne doit pas y avoir longtemps qu’il est arrivé d’Afrique, dit La Vallée. À première vue, je dirais que c’est un Agoua de la Côte-de-l’Or ou un Mina…
    — Je vous admire de vous y connaître ainsi. Pour moi, un Noir est un Noir, plus ou moins foncé, voilà tout !
    — J’ai fait un peu de traite avant mon mariage et je connais bien la côte africaine. Je peux essayer de l’interroger.
    Il se mit à parler rapidement dans une langue assez gutturale, lançant les mots comme des aboiements. Les larmes de

Weitere Kostenlose Bücher