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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’électricité. Gilles avait d’abord pensé interroger immédiatement Judith sur sa version de la mort de Rozenn mais, à manier cette crinière de soie et de flamme, il découvrait un plaisir sensuel auquel il s’attardait, laissant ses pensées errer sur ce qui allait suivre. Il était venu ici, ce soir, sous l’aspect d’un mari mais plus pour humilier Judith et lui faire sentir la férule que pour la soumettre au devoir conjugal. À présent, il savait qu’aucune force humaine ou diabolique ne pourrait l’empêcher de posséder cette déesse qui était sa femme, dût-il la violer pour assouvir le brûlant désir qu’il sentait monter…
    Mais quand, lâchant les brosses, ses doigts s’attaquèrent aux agrafes qui fermaient la robe dans le dos, Judith bondit de son siège comme si une guêpe l’avait piquée et chercha refuge derrière une grande bergère.
    — Allez-vous-en ! grinça-t-elle entre ses dents serrées. Sortez d’ici ! Vous n’êtes pas mon mari et je ne suis pas votre femme.
    — Ah non ! Vous n’allez pas me parler encore de votre pseudo-Kernoa. Êtes-vous sotte au point de n’avoir pas compris…
    — J’ai tout compris mais si je dis que je ne suis pas votre femme c’est que je ne veux plus l’être, plus jamais, vous entendez ! Que m’importe à moi s’il était bandit, truand ou n’importe quoi d’autre. Je l’aime, vous m’entendez ? Je l’aime et vous je ne vous aime plus… en admettant même que je vous aie jamais aimé. Je n’ai que faire de votre amour…
    — Où avez-vous pris que je vous aime encore ? Moi non plus je ne vous aime plus, ma chère, mettez bien cela dans votre jolie tête. Seulement ni vous ni moi ne pouvons défaire ce qui a été fait par Dieu : vous êtes ma femme… et il se trouve que je vous désire.
    De cette acerbe sortie, Judith n’avait retenu qu’une chose qui paraissait la surprendre au-delà de toutes choses.
    — Vous ne m’aimez plus ?
    — Eh non ! Vous savez, d’expérience, que ce sont des choses qui arrivent. Il n’y a pas si longtemps ma mort faisait de vous une veuve éplorée allant même jusqu’au régicide tant vous étiez altérée de vengeance.
    — Mais… comment est-ce possible ?
    Il y avait tant de naïve vanité dans cette question que Gilles éclata de rire.
    — De la plus simple des façons. Je ne vous aime plus parce que j’en aime une autre.
    — Qui ? Votre précieuse comtesse de Balbi, j’imagine ?
    Gilles pensa, à part lui, que toute la femme tenait dans ces quelques mots. Judith clamait sur tous les tons qu’elle ne l’aimait plus, mais cela ne l’empêchait pas d’exprimer une acrimonie qui ressemblait bigrement à de la jalousie dès qu’il s’agissait d’une rivale éventuelle.
    — Permettez-moi de vous dire, respectueusement, que cela ne vous regarde pas. Comme vous le voyez, nous sommes à deux de jeu et les sentiments sont égaux de part et d’autre… à ceci près que vous êtes enceinte de votre amant et qu’il me serait difficile de vous rejoindre sur ce terrain. J’ajoute qu’en dépit du corset que l’on vous serre impitoyablement, votre taille est moins fine. Votre grossesse commence à se voir et il est grand temps que je m’occupe de vous, sinon les gens finiront par jaser.
    — Vous occuper de moi ? Qu’allez-vous me faire ? s’écria-t-elle en portant, d’un geste instinctif, ses mains à la hauteur de son ventre cependant encore bien protégé par la cage d’osier de ses « paniers ».
    — Vous faire ? Moi ? Mais rien du tout, ma chère… sinon coucher avec vous tant que la chose est encore possible… et agréable.
    — Jamais, vous entendez ? Jamais ! Je vous interdis de me toucher.
    — C’est ce que nous allons voir…
    Allant tranquillement à la porte, il la ferma soigneusement à clef, fourra ladite clef dans sa poche puis, d’un geste si rapide qu’un prestidigitateur le lui eût envié, il arracha sa robe de chambre. L’apparition de son corps nu arracha un petit cri à Judith mais la sidéra tellement qu’elle resta sans réaction. Déjà Gilles avait bondi sur elle, envoyant valser la bergère qui lui servait de refuge et qui roula sur le tapis avec un grondement sourd.
    Ce fut seulement quand il la saisit qu’elle réagit et, dès lors, livra une défense d’autant plus désespérée qu’elle se savait par trop inférieure. Griffant, mordant, feulant, elle se battit comme une chatte en fureur tandis que,

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