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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ne pas demeurer ici quelque temps ? Nous serions heureux de vous recevoir pour faire plus ample connaissance. Cette maison est si grande ! Ce n’est pas la place qui manque et…
    — Madame, madame ! Je vous sais un gré infini d’une si gracieuse invitation qui ne pourrait que vous déranger… inutilement d’ailleurs car, si nous souhaitions demeurer quelques jours ici, notre bateau est suffisamment confortable. Quant à moi, comme vous le disiez si justement, j’ai grand-hâte de connaître « Haute-Savane » et c’est pourquoi demain…
    La dame battit des paupières et agita ses petites mains grassouillettes dont les bracelets tintèrent comme un carillon miniature.
    — Oh ! que cela m’ennuie de vous contrarier ainsi, dès notre première rencontre, soupira-t-elle de sa voix légèrement zézayante. Mon époux pense qu’il est préférable que vous attendiez d’avoir en main vos actes parfaitement signés et contresignés. Voyez-vous… le gérant de votre plantation, un homme extraordinairement dévoué à ses maîtres, ne peut qu’éprouver un grand chagrin de s’en séparer. C’est… un homme difficile.
    — Je sais. Ce n’est pas la première fois que j’entends parler du sieur Simon Legros. M. de Ferronnet m’a prévenu…
    — Peut-être un peu trop alors ? M. Legros est dur, brutal même, mais c’est un grand honnête homme et d’un dévouement !… L’arrivée d’un nouveau maître ne l’enchante pas, bien sûr, et tel que nous le connaissons il ne laissera personne franchir le seuil de l’« habitation Ferronnet » sans être bien certain qu’il en est le légitime propriétaire. Il faut donc sinon la présence de maître Maublanc lui-même, au moins des papiers bien en règle. Ne vous offensez pas. Plus tard vous découvrirez combien un serviteur aussi fidèle est chose précieuse…
    — Nous verrons cela à l’usage, madame. Eh bien, ajouta-t-il, s’efforçant de dissimuler sa déconvenue sous un sourire courtois, j’attendrai donc le rendez-vous de maître Maublanc à qui vous voudrez bien transmettre mes vœux de prompt rétablissement…
    Eulalie Maublanc battit des mains comme une petite fille à qui l’on vient de promettre une robe neuve.
    — Que c’est bien d’être si raisonnable ! Que je suis heureuse ! Nous allons nous voir, j’espère. Mais que je suis donc sotte et malapprise. Je vous tiens debout ici, par cette chaleur, sans vous offrir le moindre rafraîchissement ! Fifi-Belle, Fifi-Belle ! Apporte des rafraîchissements tout de suite, paresseuse ! Asseyez-vous donc, chevalier ! Prendrez-vous une orangeade, une raisinade, un punch ?… Je ne vous propose pas de tafia, ce serait indigne de vous.
    Une petite négresse, coquettement vêtue d’un jupon de soie rouge sous une candale 2 blanche brodée de petites fleurs, un « mouchoir-tête » drapé autour de sa tête ronde et de grands anneaux de cuivre aux oreilles, venait d’entrer portant un plateau chargé de verres qu’elle vint offrir à Tournemine cependant que Mme Maublanc ondulait jusqu’à un sofa où elle s’étendit à moitié, repoussant la mousseline de sa robe pour faire, à son visiteur, place à son côté.
    — Venez vous asseoir là et causons un instant. Ce sera une charité envers une pauvre jeune femme très seule. Je m’ennuie tant !… Vous, vous arrivez de France, vous ne pouvez pas savoir. Ici, c’est le bout du monde… et vous, vous venez de France. De Paris et peut-être même de Versailles ? On dit que vous êtes officier aux gardes du corps ?
    Pensant que les « on-dit » semblaient aller à bonne allure, Gilles, ne sachant trop comment se débarrasser de cette femme envahissante, prit au hasard un verre qui se révéla être une boisson douceâtre qu’il eût jugée infecte si elle n’eût été convenablement glacée et posa une fesse sur le bout du sofa ne tenant nullement, vu le peu de place qu’on lui laissait, approcher de trop près cette femme dont le lourd parfum de jasmin commençait à l’entêter. D’où il était, sa haute taille lui faisait déjà dominer suffisamment le large décolleté dont le contenu lui paraissait tout à coup singulièrement houleux. Mais il ne put éviter une main trop douce et légèrement moite qui se posa sur la sienne.
    — Allons, méchant, ne vous faites pas prier ! Parlez-moi de Versailles. Vous connaissez la reine ?
    — J’ai déjà eu l’honneur d’approcher Sa Majesté, mais

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