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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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décida d’aller, bien emmitouflée, prendre l’air sur la terrasse en compagnie de Flora.
     
    – Ne donne pas froid au petit et surtout ne glisse pas sur la neige, ne tombe pas ! Tu pourrais le cabosser, dit Guillaume, qui avait retrouvé sa bonne humeur naturelle.
     
    Les deux femmes s’éloignèrent à pas prudents, sur la seule allée praticable, au milieu du jardin enneigé.
     
    – Mon Dieu, cet attentat ! Pourvu que Blaise… Lui qui est toujours dans les pas du Premier consul !
     
    – C’est pour ça que tu t’es évanouie, tout à l’heure ?
     
    – Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. J’ai eu comme un brouillard devant les yeux, puis plus rien. Que va penser Guillaume ?
     
    – Les femmes grosses ont souvent de ces faiblesses, ma belle, et tout le monde a mis ton malaise sur le compte de l’enfançon. Ne te soucie pas de cela. Quant à ton amoureux, tu as eu des nouvelles, il n’y a pas si longtemps !
     
    – Mais elles étaient vieilles de plusieurs semaines. Dans sa dernière lettre, la troisième qu’il m’a envoyée, il justifiait la reprise de la guerre avec l’Autriche et m’annonçait son départ pour la Bavière.
     
    – Depuis, les Français ont battu les Autrichiens à Hohenlinden et le Bulletin helvétique annonce, en même temps que l’attentat de Paris, l’armistice signé à Steyr, une ville perdue de la haute Autriche, ajouta Flora.
     
    – Mais, pendant tout ce temps, il a pu s’en passer des choses, gémit Charlotte.
     
    Flora eut un mouvement d’impatience.
     
    – Tu es rassotée 5 de cet homme. Un homme que tu ne reverras peut-être jamais. C’est un Français, ne l’oublie pas, et les Français m’ont toujours déplu. Ils sont, de nature, inconstants et trompeurs. Ce sont des gens qui ne pensent qu’à produire un effet et s’éjouissent de la simplesse des gens honnêtes. Depuis leurs victoires en Italie, ils se croient invincibles et, surtout, irrésistibles auprès des femmes.
     
    – Blaise n’est pas ainsi. C’est un noble cœur, j’en suis certaine. Il ne m’a fait qu’une promesse, celle de m’écrire de temps en temps. Et, en cinq mois, il m’a écrit trois fois, dont une longue lettre d’Espagne qui m’est arrivée, tu le sais, avec une jolie aquarelle, faite par un moine à ce qu’il paraît. Je l’ai fait encadrer et je l’ai mise dans ma chambre.
     
    – Et Guillaume ne t’a pas demandé d’où vient ce tableau ?
     
    – Je lui ai dit que je l’ai acheté à un colporteur qui passait à Échallens. Mais, dis-moi, tiens-tu bien mes lettres serrées ?
     
    – J’ai un tiroir à double fond dans ma commode. C’est là que je cachais les messages pour les Autrichiens. Personne n’en connaît l’existence.
     
    – Même pas ta sœur, Tignasse ?
     
    – Personne, te dis-je, confirma Flora d’un ton excédé.
     
    – Tu es bonne et je t’ennuie. Mais si, demain, le temps le permet, je viendrai chez toi, l’après-midi. J’aimerais relire mes lettres.
     
    Flora prit son amie par la taille et l’attira contre elle.
     
    – Ma pauvre, tu es vraiment rassotée de ton Blaise !
     

     
    Le 9 janvier 1801, quelques jours après cet incident, le préfet du département du Léman, M. d’Eymar, adressa à la municipalité une note dont Guillaume Métaz eut aussitôt connaissance. Les autorités françaises supposaient que l’individu qui avait « acheté le cheval et la charrette sur laquelle était placée la machine infernale qui devait consommer l’horrible attentat sur la personne du Premier consul de la République française » pouvait se trouver dans le pays de Vaud. Le signalement de l’individu était assez précis : « Quarante ans environ, un mètre soixante-cinq centimètres, grands pieds, poudré avec favoris, cheveux châtains, yeux renfoncés, nez un peu camard, figure ronde assez pleine, corpulence trapue. Il porte une blouse de charretier en coton bleu. Sent le tabac. Sa tabatière ronde porte un médaillon représentant un cavalier avec épée. L’homme a été vu à Paris du 26 frimaire (17 novembre) au 3 nivôse (24 décembre) 6 . »
     
    Cet avis de recherche, diffusé dans tout le canton, n’était pas le seul souci que les Français causaient aux Veveysans. Près d’un an après le passage de l’armée de réserve, qui avait battu les Autrichiens dans les plaines lombardes, une petite garnison de deux cent vingt-cinq chasseurs basques et trois cents

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