Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
fantassins de la 19 e  demi-brigade de ligne cantonnait encore dans les faubourgs de la ville. Le commandant de la place, le capitaine Vilvot, de la 44 e  demi-brigade de ligne – « un franc-maçon », avait remarqué Guillaume en découvrant la signature de l’officier précédée de trois points entre deux barres inclinées – manifestait périodiquement des exigences que la municipalité rechignait à satisfaire. Il fallait tantôt fournir à la troupe de la baie de sureau, tantôt livrer du bois de chauffage aux militaires logés chez les particuliers. Comme la municipalité trouvait ces fournitures trop onéreuses, le syndic avait écrit au général Montchoisy, gouverneur militaire du Léman en résidence à Lausanne. Ce dernier avait mis les choses au point. La municipalité de Vevey devait bien fournir du bois aux casernes et corps de garde et des chandelles pour les bureaux du commandant de la place, mais elle n’était pas tenue, en revanche, de payer les frais de table du capitaine Vilvot, soit quatre-vingts francs de Suisse par mois. Le général précisait : « si elle le fait, c’est pure galanterie de sa part ».
     
    À ces différends administratifs s’ajoutaient des cas humains, que les membres du conseil municipal avaient parfois bien du mal à résoudre. Un certain capitaine Darca, de l’armée de réserve, arrivé à Vevey en mai 1800 avec sa femme et son fils, n’avait trouvé personne à son retour d’Italie. L’épouse s’était « échappée » avec un officier français, mais le père ignorait tout du destin du garçon. Il fut bientôt informé que des Veveysans, les époux Collomb, avaient heureusement recueilli l’enfant de huit ans, abandonné par sa mère.
     
    Si les conseillers avaient retrouvé le fils du capitaine Darca, M. Michoud, président de la municipalité de Cully, n’avait pas réussi à mettre la main sur la malle qu’un certain capitaine Veingarten, de la 13 e  demi-brigade légère, avait confiée à un habitant avant de passer le Grand-Saint-Bernard.
     
    Il fallait aussi compter avec les affaires d’alcôve ou de cœur. Les premières finissaient souvent par des gifles ou des bastonnades, appliquées par les maris trompés aux amants de passage, et par des fessées pour les épouses infidèles. Les secondes, plus romanesques, se terminaient quelquefois par des mariages. C’est ainsi que l’adjudant Martin Verrier, du 2 e  bataillon de la 16 e  demi-brigade d’infanterie de ligne, était revenu d’Italie, après s’être bien battu à Marengo, pour épouser, comme il le lui avait promis, Jenny Blanc, fille d’un agriculteur.
     
    Guillaume Métaz n’était pas de ceux qui exprimaient animosité et critiques à l’égard des Français. Il avait su, comme toujours, sans faire d’éclat, obtenir le paiement des sommes que l’armée française lui devait pour la location de ses barques. Maintenant, il ne pensait qu’à fournir aux constructeurs de la nouvelle route du Simplon des matériaux tirés de ses carrières. Aussi rendait-il des visites, aussi courtoises qu’intéressées, à Nicolas Céard, l’ingénieur en chef du département du Mont-Blanc qui, à Lausanne, avait la haute main sur les marchés.
     

    Parmi les nouvelles qui parvinrent à Vevey au commencement de l’année 1801, certaines fournirent à cet homme entreprenant un sujet de conversation et un aliment à ses rêves d’armateur ambitieux. En recevant, avec le cercle habituel des amis, un négociant en vins retour d’Angleterre, Guillaume apprit qu’on avait fait naviguer, en Écosse, un bateau mû par une machine à vapeur. Le Charlotte Dundas , construit par l’ingénieur William Symington et propulsé par une roue à aubes, avait facilement remorqué deux gros vaisseaux dans le Forth and Clyde Canal.
     
    – Tu entends, Charlotte, c’est un bateau révolutionnaire ! Charlotte Métaz, Charlotte Dundas, ça se ressemble. Ça lui portera bonheur, à ce remorqueur ! bêtifia Guillaume, qui prononçait Dunda comme Méta suivant l’habitude vaudoise.
     
    M me  Métaz sourit, un peu gênée par la réflexion simplette de son mari. Prétextant la fatigue due à son état, elle se retira après avoir salué l’assemblée d’un signe de tête et prié Flora de la remplacer dans le rôle de maîtresse de maison.
     
    Le lancement du remorqueur écossais ne fut pas la seule information digne d’intérêt rapportée par le voyageur.
     
    Au cours de

Weitere Kostenlose Bücher