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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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soldats de Bonaparte y sont restés un temps à Vevey, j’étais déjà servante à l’auberge qu’est près du château. C’est là qu’y mangeaient les officiers. Eh bien, j’en ai vu un, je me rappelle, un grand fort, noir de poils et frisé. Il avait l’œil vairon comme votre garçon. C’était le moins causant de la bande et je crois bien que c’est lui qui voulait faire fusiller la sœur de l’épicière de La Tour-de-Peilz parce qu’elle avait pas voulu aller dans son lit. Oh ! oui, faut se méfier de ceux qu’ont les yeux vairons !
     
    Charlotte Métaz ferma avec soulagement la porte de sa maison. Les propos de cette femme prouvaient que des gens à Vevey se rappelaient avoir vu un officier français au regard bicolore. Dieu merci, la mère de l’enfant blessé, une brave femme sans malice, ne pouvait imaginer l’origine héréditaire du regard d’Axel. Mais la prudence imposait d’éloigner l’enfant.
     
    Une semaine plus tard, le petit Métaz fut retiré de l’école et sa mère l’emmena passer quelques jours à Lausanne, pour acheter des vêtements neufs, la culotte de peau à l’anglaise qu’il préférait à toute autre étant devenue trop courte et trop étroite pour un garçon en pleine croissance. À la rentrée d’octobre, Axel irait au collège, avec les grands.
     
    1 Jean-Dominique Larrey (1766-1842), chirurgien en chef des armées napoléoniennes, opéra les soldats sur tous les champs de bataille d’Europe, d’Égypte et de Syrie.
     
    2 La tenue des registres d’état civil a été imposée par les autorités bernoises dès 1570.
     
    3 William Pitt , Jacques Chastenet, librairie Arthème Fayard, Paris, 1959.
     
    4 Elle revint en effet au pays le 28 août 1807 et mourut à Vevey en 1852. Son fils, Auguste Ceresole, fit de brillantes études à Yverdon puis au Prytanée, lycée militaire de La Flèche. Devenu pasteur, Auguste Ceresole exerça comme professeur à Vevey où il mourut le 14 février 1870, laissant sept fils : Paul fut président de la Confédération helvétique et Alfred, pasteur, érudit et écrivain veveysan, a raconté, dans un ouvrage publié à Lausanne en 1900, l’histoire de sa grand-mère. Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l’Empire , rapporte l’entrevue de Suzanne Ceserole et de Napoléon I er . Savary, Rapp et Ségur y font allusion dans leurs Mémoires.
     
    5 Maître d’école, instituteur.
     
    6 École fondée sur l’enseignement mutuel dont l’idée, empruntée aux Indiens, aurait été importée en Europe, en 1747, par un instituteur français nommé Herbault. En 1799, John Lancaster (1778-1838), simple ouvrier irlandais, perfectionna la méthode déjà pratiquée en Angleterre par Andrew Bell (1753-1832) et lui donna son nom. En 1811, les écoles lancastériennes comptaient trente mille élèves en Angleterre et plusieurs milliers en Suisse.
     
    7 Mijaurées.
     
    8 Canailles.
     
    9 C’est ainsi qu’on nommait les établissements scolaires de l’enseignement primaire, qui ne comptaient le plus souvent qu’une seule classe, logée dans un appartement privé.
     
    10 Nigauds, sots.
     

TROISIÈME ÉPOQUE
     
    La Part du diable
     

1.
     
    Vevey se flattait de posséder, depuis le xvii e  siècle, un collège dont la réputation équivalait à celle des meilleures écoles de Lausanne. Restauré en 1666 et en 1682, le bâtiment où enseignait Martin Chantenoz avait la patine austère des vieilles institutions vouées au savoir et c’est avec un respect mêlé de méfiance envers ses futurs condisciples qu’Axel Métaz y pénétra, pour la première fois, lors de la rentrée 1807. Les écoliers n’étant admis qu’à partir de sept ans révolus, M. Métaz avait dû obtenir une dispense pour son fils, trop jeune de six mois.
     
    Avant de franchir les hauts murs et de traverser la cour, où l’on entretenait un puits public, accessible aux citadins en dehors des heures de classe, Axel vit, au-dessus du portail surmonté d’un fronton grec, une plaque de bronze portant une longue inscription en vers latins, pour lui indéchiffrables. Chantenoz, qui, à la demande de Charlotte, accompagnait l’enfant, ne traduisit que la maxime terminale : « Que Dieu dirige et sanctifie nos travaux et qu’il daigne protéger nos classes contre les mauvaises influences ! Qu’il garde les chefs de la patrie, cette ville et tous ses citoyens et qu’il nous accorde la plus grande prospérité ! »
     
    La loi de

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