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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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il est inquiet et…
     
    – Les Vaudois ne sont pas aussi sûrs que vous croyez, intervint Charlotte. Nous aimons notre tranquillité et j’entends des gens dire qu’il ne faut plus se mêler de rien, que nous devons, pour que la neutralité helvétique soit respectée par les puissances, nous conduire de telle sorte qu’elle soit respectable. Or on dit que Prangins est un centre de communication entre l’île d’Elbe, le royaume de Naples et la France… et je suis bien placée pour savoir que c’est vrai !
     
    – Que dit-on encore, chère Dorette ? Vous m’intéressez !
     
    – On dit qu’il y a des transports d’argent, que le banquier parisien Baguenault envoie les fonds du roi Joseph chez un banquier de Nyon, on dit que l’arsenal de Morges fabrique des fusils pour les bonapartistes et…
     
    – Mais qui dit cela, Dorette ?
     
    – Mon mari, qui connaît beaucoup de membres du Conseil cantonal et des officiers de la gendarmerie. Il est bien renseigné, croyez-moi. Un commandant lui a dit qu’on a trouvé sur la route, entre Prangins et Nyon, une épée à poignée d’or portant sur la lame les armes de Joachim I er , roi de Naples. On pense donc que le prince Murat est venu lui-même voir le roi Joseph à Prangins.
     
    Blaise parut contrarié par les propos de Charlotte, mais ne démentit pas la dernière supposition qu’elle avait exprimée. Il lui dit simplement de ne pas s’inquiéter s’il ne donnait pas de nouvelles pendant quelque temps. M me  Métaz en conclut que son amant taisait certaines choses ou qu’un événement d’importance se préparait.
     
    L’événement, elle le connut cependant avant tout le monde et grâce à Blaise, dès le 5 mars. Lors d’une nouvelle entrevue à Ouchy, le général lui apprit que Napoléon s’était évadé de l’île d’Elbe, le 26 février, avait débarqué avec six cents hommes, le 1 er  mars, à Golfe-Juan, que Masséna, gouverneur militaire à Marseille, n’avait rien fait pour lui interdire la ville et que l’empereur, bien accueilli par le peuple, marchait sur Grenoble, qu’officiers et troupes envoyés pour combattre le « tyran de l’Europe » se ralliaient à lui aux cris de « Vive l’empereur ! », que partout sur son passage les aigles sortaient de leur cachette pour dévorer la fleur de lys et que l’heure de la revanche avait sonné !
     
    L’excitation du général et de Titus, qui ne pensaient plus qu’à passer en France, plut à Charlotte. Elle retrouvait le Blaise du temps des victoires.
     
    – Titus ira au moulin demain pour emballer nos uniformes. Je laisserai ma berline à Lausanne. Deux bons chevaux nous suffiront. Si je n’avais pas Joseph sur les bras, nous serions déjà partis. Mais il attend de savoir comment tournent les affaires de son frère. Ah ! je brûle, Dorette, de rejoindre l’armée qui va se reformer… et je suis là, contraint de jouer les maître Jacques pour un souverain sans trône ! Quoi qu’il arrive, gardez-moi votre confiance. Ici, je reviendrai toujours ! dit Fontsalte en la quittant.
     
    Quelques jours plus tard, quand on sut à Prangins que Napoléon campait à Grenoble, Joseph envoya un messager à son frère. Cette estafette lui rapporta, quarante-huit heures plus tard, une lettre de l’empereur. Ce dernier souhaitait que Joseph assurât l’ambassadeur d’Autriche en Suisse que l’empereur des Français ne rentrait chez lui « que pour faire la paix ». Il donnait aussi rendez-vous à l’ex-roi d’Espagne à Paris, au palais des Tuileries, entre le 20 et le 25 mars.
     
    Dès lors, on se mit aux préparatifs de départ, car les autorités helvétiques, sommées par les Alliés de s’emparer de Joseph que l’on voulait interner dans la forteresse de Gratz ou, tout au moins, de l’amener à Schaffhouse avec ceux qui le servaient, ne semblaient plus en mesure, depuis le retour de Napoléon en France, de repousser pareille exigence.
     
    Tout se résolut le 19 mars au matin, quand un officier de gendarmerie vint à Prangins annoncer, pour le lendemain, l’arrivée d’un commissaire fédéral avec un piquet de cavalerie pour procéder à l’arrestation du roi Joseph et le conduire à Berne. Les bagages étaient déjà prêts et Joseph mit à profit les dernières heures qui lui restaient pour enterrer dans le parc de Prangins des sachets de diamants, des coffres contenant des papiers familiaux et diplomatiques précieux. Seul le

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