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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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général et son ordonnance avaient dissimulé leurs uniformes, deux caisses de fusils et des munitions « pour le cas où des amis auraient besoin d’armes » ! Ces petits services, rendus sous le sceau du plus absolu secret, amusaient M me  Métaz. Elle avait ainsi le sentiment de participer à la préparation d’événements d’importance et de compenser aux yeux de son amant les méfaits anciens de Flora Baldini.
     
    Un matin, alors que les amoureux se rejoignaient dans la campagne, entre Ouchy et Pully, Blaise prit Charlotte aux épaules en souriant :
     
    – Devinez qui Claude Ribeyre de Béran a rencontré à Genève, dans un cercle où se retrouvent, m’a-t-on dit, les patriciens, les membres du gouvernement et tout ce qui compte en ville dans la banque et les affaires ?
     
    – Il y a plus de trente cercles à Genève, mon cher Blaise ! Celui auquel vous faites allusion doit être le Cercle de la Rive, le plus huppé. Mais, comme les femmes n’y sont pas admises, je ne puis dire qui le général Ribeyre a pu y rencontrer.
     
    – Votre mari, tout bonnement !
     
    – Oh ! mon Dieu !… Il n’a pas parlé de…
     
    – Soyez sans crainte, Claude est d’une parfaite discrétion. Mais, vous vous souvenez tout de même qu’il a connu M. Métaz à Paris…
     
    – Donc ils se sont reconnus, bien sûr.
     
    – Ils ont renoué chaleureusement et même fait affaire.
     
    – Affaire ! Mon mari et Ribeyre ! Oh non !
     
    – Si, Dorette. Votre mari, qui possède une véritable flotte sur le Léman, a accepté de transporter discrètement, pour rendre service à nos amis, des gens ou des colis qui, arrivant d’Italie, doivent passer de Villeneuve à Lausanne sans attirer l’attention. Ses bateliers les chargeront aux carrières de Meillerie et les porteront à Morges, à Nyon, voire Genève. Je pense qu’on peut faire confiance à M. Métaz, Ribeyre l’a entendu exprimer des sentiments très républicains.
     
    – C’est un homme loyal, acquis à vos idées et très déluré, en effet, fit Charlotte, rêveuse, car elle redoutait l’interférence qui ferait découvrir sa liaison avec Blaise.
     
    – M. Métaz est très fier de vos enfants, m’a dit Ribeyre, et…
     
    – Qu’a-t-il dit ? coupa Charlotte, encore plus alarmée.
     
    – Il a dit que votre garçon, qui va paraît-il sur ses quatorze ans, est grand, fort, beau, presque un homme déjà et une sorte de génie, parlant plusieurs langues, apprenant tout facilement et sérieux avec ça.
     
    – C’est vrai, notre fils est tout à fait au-dessus de la moyenne des enfants de son âge, aussi bien au physique que pour l’instruction.
     
    – M. Métaz a aussi parlé de sa fille. Il paraît qu’elle est très belle, qu’elle vous ressemble beaucoup… C’est pourquoi elle ne peut qu’être belle, conclut Blaise en embrassant Charlotte.
     
    – Et… c’est tout ce qu’a dit mon mari ?
     
    – Ah ! parlant de votre fille, il a aussi ajouté, ce qui a amusé Ribeyre : « Elle est catholique comme sa mère et élevée par de persuasives nonnains de Fribourg qui voudraient bien la coiffer d’une cornette. Mais je compte qu’il se présentera un bon huguenot pour la marier. »
     
    – Blandine n’a que onze ans et vient de faire sa première communion… Il voit loin, Monsieur mon Mari ! Mais il ne faudrait pas que ces relations de M. Métaz avec le général Ribeyre nous fassent courir le risque de…
     
    – Soyez sans crainte, vous dis-je ; Ribeyre est un homme de grand sang-froid… et il en faut dans ce métier ! Et puis il ne tient pas à développer des relations avec votre époux ni à se montrer trop souvent par ici. M. Métaz et lui ont fait affaire, c’est tout. Il est d’ailleurs malin en affaires, votre mari. Il a calculé que le prix du transport clandestin d’un homme ou d’une caisse équivalait à celui d’une tonne de pierre de Meillerie ou de dix meules de fromage de la Gruyère ! C’est cher, convenez-en. Voilà une façon d’évaluer le risque qui en vaut bien une autre…, encore que la référence à la pierre me paraisse plus flatteuse que celle au fromage !
     
    – J’avais seulement peur qu’une phrase maladroite, ou une allusion échappée à M. Ribeyre, ne fasse découvrir votre existence à mon mari et nos relations… particulières, insista Charlotte, encore craintive.
     
    – Chez nous, Dorette, la main gauche ignore toujours ce que

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