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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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jours », Charlotte laissa Blandine se rendre au bal avec les jumelles Ruty et regagna Rive-Reine. Guillaume ne lui laissa pas loisir d’imaginer une raison plausible à cette convocation et lui déclara brutalement qu’il venait d’apprendre qu’Axel n’était pas son fils, mais celui d’un général français. Comme Charlotte tentait de pro tester, puis manquait de défaillir en comprenant au regard du garçon qu’il était vain de nier, Guillaume serra les poings.
     
    – Je t’en prie, pas de vapeurs, pas de simagrées. Tu sais mieux que quiconque à quoi t’en tenir ! Alors, explique-toi !
     
    Puis il s’écria, soudain agacé par le silence de la coupable :
     
    » Ève a péché, Adam a péché et toutes les femmes et tous les hommes après eux. Tous leurs enfants sont marqués du sceau du péché, signe de la colère divine. Axel est un enfant de la colère !
     
    Charlotte se rendit et confessa sa liaison avec le marquis de Fontsalte.
     
    – Qui est au courant ? Et aux yeux de qui dois-je passer pour un risible cocu ? demanda-t-il.
     
    Charlotte assura que seuls Flora et Chantenoz avaient eu connaissance de sa faute : Flora, dès la naissance d’Axel, Chantenoz fortuitement à Loèche, quand Blaise de Fontsalte était venu l’y rejoindre, en 1810.
     
    Au prix d’un effort qu’Axel admira, Guillaume conserva son calme. Il annonça simplement qu’il réservait ses décisions.
     
    – En attendant, cette nuit même, tu prendras tes effets et tu t’en iras d’ici. Tu sais où aller. À Loèche, peut-être, ça te rappellera de bons souvenirs ! ordonna-t-il à sa femme.
     
    – J’irai à Lausanne, chez Mathilde, murmura-t-elle, soumise.
     
    – Et tu y resteras jusqu’à ce que je te fasse connaître les arrangements que je vais décider. En tout cas, j’entends que, dès le petit matin, tu aies quitté Rive-Reine.
     
    – Je te fais remarquer que c’est ma maison, celle de mes parents, protesta Charlotte en regimbant mollement.
     
    – Sois sans crainte, je n’ai jamais conservé ce qui ne m’appartient pas… Nous ferons les comptes. Mais, pour l’heure, va-t’en !
     
    Quand elle sut par Axel comment le scandale avait éclaté au caveau, Charlotte s’inquiéta du sort de Chantenoz.
     
    – Je me charge de dire son fait à cet imbécile qui ne tient pas le vin, comme du reste à ton… amant décoré ! Mais, sois tranquille, tu ne seras pas veuve tout de suite. Je ne suis pas assez bête pour aller provoquer en duel un traîneur de sabre accompli. Ce sont des mœurs de viveurs et de petits-maîtres et je me soucie peu de me faire embrocher par un gaillard qui doit avoir la main tueuse ! Il m’a pris ma femme, il ne me prendra pas la vie. Vous seriez trop contents l’un et l’autre !
     
    – Guillaume, je t’en prie ! gémit Charlotte, effondrée dans un fauteuil.
     
    – Tu n’as pas à me prier de quoi que ce soit. Unissez vos turpitudes si bon vous semble et allez au diable ! Quant à Axel, je le tiens toujours pour mon fils. Car, qui est le plus père : le soudard qui abuse du manque de caractère et de vertu d’une femme sans foi ou l’honnête travailleur qui élève jusqu’à l’âge d’homme un garçon dont il a prévu, depuis toujours, de faire son successeur ?
     
    Axel se tenait au côté de son père, silencieux, les yeux baissés, n’osant regarder sa mère. Charlotte vit dans ce silence et cette attitude une approbation des propos de Guillaume. Libérant enfin l’affolement qu’elle retenait, elle voulut attirer son fils contre elle pour l’embrasser.
     
    – Mais moi, je suis et reste à jamais ta mère ! s’écria-t-elle dans un sanglot.
     
    Axel, le visage crispé, eut un mouvement de recul vite réprimé mais que perçut Charlotte.
     
    – Moi aussi, vous m’avez trompé. Vous restez à jamais ma mère, certes, mais je ne connais qu’un père, celui que j’ai vu chaque jour de ma vie faire son devoir et nous aimer. En fait, ce n’est pas lui que la révélation de ce soir éloigne le plus de moi, c’est vous qui m’avez laissé dans l’ignorance de ma naissance. Désormais, nous serons tous malheureux ! conclut-il, sans pouvoir retenir ses larmes.
     
    Charlotte se souvint alors de ce que lui avait dit Chantenoz à Loèche. Le moment était venu où son fils devait lui reprocher son mensonge.
     

    Après cette scène, à la nuit tombée, Axel sortit sur la terrasse, descendit au ponton et prit sa

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