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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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été fait !
     
    De sa résidence forcée de Huningue, Xaintrailles criait au complot et envoyait des mémoires. Il s’en prenait à Masséna, s’estimant « sacrifié à la haine d’un homme puissant pour le Directoire et plus encore pour Bonaparte qui, n’ayant pu trouver un collaborateur de ses actes concussionnaires, mais au contraire un improbateur tacite de toute exaction, croyait qu’il ne pouvait mieux satisfaire son unique vengeance qu’en accusant un frère d’armes ».
     
    Hélas pour Xaintrailles, des officiers intègres, appartenant à l’état-major du général Thurreau, qui avait pris dans le Valais la relève de l’interné, attestaient, même dans leur correspondance familiale, que Xaintrailles s’était mal conduit. Aux Affaires secrètes, où l’on ne se privait pas de « surveiller » le courrier, une lettre du général Jean Hardy à sa femme, datée de Vevey le 3 thermidor an VII (31 juillet 1799), avait attiré l’attention. « Ceux qui les premiers ont occupé le Valais ont tout fait pour nous rendre odieux aux habitants et ils y ont parfaitement réussi. Tu vois que ma position n’est pas gaie ! Je ferai néanmoins en sorte de m’en tirer. Oh ! le détestable métier que la guerre en pays allié 8 . »
     
    Le dossier de Xaintrailles 9 ouvert à Vevey s’étant singulièrement alourdi à Martigny, Blaise en fit une expédition à destination de la justice militaire de Strasbourg et s’arrangea pour que plusieurs habitants de la ville, connus et influents, ainsi qu’un jeune novice de l’ordre du Grand-Saint-Bernard qui lui avait servi de secrétaire, assistent au départ du courrier spécial. Celui-ci fut confié aux chasseurs helvétiques à cheval, qui assuraient la correspondance avec Berne. Le fait que le peloton fût commandé par un officier suisse, le lieutenant Weber, donnait aux victimes de Xaintrailles l’assurance que le catalogue des méfaits du général pillard arriverait au tribunal.
     
    Comme Fontsalte se rendait au réfectoire des chanoines, où il prenait ses repas avec les officiers de l’état-major, il entrevit le Premier consul. Enrhumé, ce dernier lui parut de méchante humeur. Par un secrétaire, Blaise connut bientôt les causes de cette morosité. Bonaparte venait de recevoir un courrier du général Marmont, commandant en chef de l’artillerie, qui faisait savoir, du bivouac de Saint-Pierre, les difficultés rencontrées pour faire passer les canons, faute de mulets. Ceux que Lannes avait réquisitionnés pour l’avant-garde ne semblaient pas pressés de revenir pour prendre de nouvelles charges. D’ailleurs, ces mulets n’étaient pas aussi intrépides qu’on le croyait. Ils hésitaient parfois à s’engager sur les sentiers glacés. Certains faisaient tout pour se débarrasser de leur bât et regagner les vallées.
     
    – Quant à Lannes, il est déjà dans Aoste, dit l’aide de camp en tendant à Fontsalte une copie du courrier envoyé par le commandant de l’avant-garde.
     
    La dépêche, datée d’Aoste, 26 floréal (16 mai), rapportait :
     
    « Nous sommes arrivés à Aoste ce matin à onze heures avec la 6 e  demi-brigade d’infanterie légère et la 22 e  demi-brigade d’infanterie de bataille.
     
    » Nous avons trouvé l’ennemi sur les hauteurs de cette ville ; un bataillon de la 6 e avait ordre de le tourner. Il n’a pas attendu son mouvement, il s’est retiré dans la ville et a fait un peu de résistance sur le pont ; il a été culbuté à la baïonnette. Il a eu douze hommes tués et un officier blessé à mort. Il nous a laissé trois prisonniers. Aucun des nôtres n’a été tué ou blessé.
     
    » Les vins et les fourrages ne nous manqueront pas, mais nous serons très pauvres en grains et denrées.
     
    » Des lettres que nous avons trouvées à la poste de cette ville, et que je vous envoie, annoncent que Nice a été pris par l’ennemi et que Gênes, vigoureusement bombardé, ne tiendra pas longtemps.
     
    » Il y a très peu de troupes dans la vallée. Six ou sept régiments de cavalerie sont cantonnés dans les environs de Turin. Presque toute l’armée est dans la rivière de Gênes 10 . »
     
    – Le Premier consul a demandé que cette lettre soit envoyée à Paris et publiée dans le Moniteur . La nation apprendra ainsi que notre armée marche au secours de Masséna, dont on doit hélas envisager la capitulation dans Gênes 11 , ajouta l’aide de camp avant de révéler

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